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« Césarine de nuit » de Antoine Wauters

Césarine et Fabien, jumeaux orphelins, n’ont rien de ce qui peut les rendre acceptables au monde qui les entourent.  Ils seront séparés.  Elle sera « placée », lui « enfermé ».  Car cet autre différent, rieur, enjoué, amoral car inéduqué, n’a de place qu’à part.  Derrière les grilles où l’époque expurge la différence, peut-être par crainte d’y apercevoir ce qui peut saper ses propres fondements.

Privé des mots, qu’on ne lui a jamais appris, ne reste à l’inadéquat que l’écart, la retraite ou la violence pour s’exprimer.

Elle a mordu, frappé, cogné à vide en laissant dire à sa colère tout ce qu’elle, fille de rien, ne peut dire.

Le dire, c’est le rôle du poète.  Et Antoine Wauters s’y emploie sublimement.  Convoquant Césaire, Artaud, il parvient à saisir ce scandale de l’enfermement auquel on réduit le « fou ».  Qui ne l’est (non, le paraît) que parce qu’il est autre.  Un autre que l’on cherche à normer, à aliéner, quitte à le briser.

Assis non, couchés non, debout oui, marchant non, courant oui, rêvant non, dormant non, courant oui.  Et lavant pour les filles, ponçant pour les garçons.  Et ponçant pour les filles, cousant pour les garçons.  Il sont camisolés de fleurs qui sont des ferrailles et des murs bien plaqués.

Et les mots, dont parfois les plus doux d’entre eux, sont enserrés dans des paragraphes étroits, carrés, formant cellules.  Comme ces autres que l’on enferme. 

Antoine Wauters, Césarine de nuit, 2012, Cheyne.

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