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« La fourmi assassine » de Patrice Pluyette.

FOURMI ASSASSINEil se fout de tout, de tout le monde, lui ce qu’il veut c’est gravir des montagnes mais il ignore lesquelles, être quelqu’un mais il ne sait pas qui.

Odile Chassevent a disparu.  Son compagnon, Francis Lecamier est suspecté.  L’inspecteur Rivière mène l’enquête et, rapidement, porte ses regards circonspects sur Legousse qui vit à l’écart, dans une vieille ferme isolée.  Eleveur de porcs sans activité, Legousse ne se contente plus de vivre avec sa vieille mère et décide de reporter son besoin d’affection sur les quatre poupées gonflables (Henriette, Veronika, Isabelle et Anne) qu’il a commandées par correspondance et qu’il amène avec lui lors de ses courses au supermarché.

La vie continua ainsi jusqu’à ce qu’il oubliât de ne plus prendre conscience.

La fourmi assassine est de ces livres dont on ne sait jamais où ils vous mènent ni s’ils vous mènent quelque part.  Débutant presque comme un catalogue d’êtres étranges, de clichés, d’archétypes de personnages prêtant à sourire, bref sous le registre d’un comique affiché, ou d’un pastiche policier, il glisse peu à peu vers autre chose.  Quoi?  On ne le sait au premier abord.  On en sent juste le glissement.

s’allonger à l’intérieur de soi, s’y installer confortablement, avoir de la place, respirer, s’estimer, rayonner, éclater, dépasser les limites qu’on a fixées pour votre personnalité et qu’on croyait infranchissables.

Comme en réponse-miroir au mouvement des personnages qui cherchent à habiter un espace autre, quitte à en fabriquer un de toute pièce où à s’insérer dans celui que leur fabrique l’industrie, ne trouvant plus dans le leur de quoi s’y ancrer confortablement, Patrice Pluyette réancre insidieusement ces personnages un peu plus dans le « réel » à chaque page.  Se défaisant peu à peu de leurs oripeaux de clichés, les personnages se parent peu à peu de significations plus fines et plus universelles.  Eclot alors de la gangue du cas social comique un représentant paradoxal de notre tragique humanité.

La fiction ça peut aider à vivre.

Qu’est ce que cette vie alors, où ne paraît plus anormal que la fiction lui vienne en aide, voire la supplante?

Patrice Pluyette, La fourmi assassine, 2014, Le Seuil.

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