« Les morts rigolos » de Antoine, Victor et Lucas Boute.

morts rigolosNous ne sommes pas ici pour assister au déroulement d’un roman : nous sommes ici pour fabriquer une blague!

il ne faut pas penser séparément blague et enterrement.  C’est une question d’éthique, une question de respect.

Il est ici question d’un type qui se réveille et pense à faire des enfants.  Il est aussi question des PFEX, les Pompes Funèbres EXpérmientales dont l’objectif est de révolutionner les enterrements en s’en mettant plein la poche.  Il y est aussi question du notaire vu comme visionnaire du glauque, de viande industrielle, d’écoféminimse anarchiste pornolettriste biohardcore, d’un boomerang, de pornographie nécrophile néanmoins nuptiale, d’un poète nommé Charles Pennequin, d’un autre nommé Antoine Boute, et des enfants du susnommé qu’on a longtemps attendu grandir…

Que se passe t’il quand on dit : « j’ai une blague »?

Entre tous sujets réjouissants, que d’aucuns qualifieront de barrés, d’autres de rigolos, c’est d’abord des mécanismes à l’œuvre dans le corps du texte dont il est ici question.  L’écriture s’affiche dans « Les morts rigolos » comme ce qu’elle est tout d’abord : la fabrique d’une béance, d’une attente de « fin qui déchire ».

toute ma blague tient dans la question du dispositif de son écriture.

Une fabrique dont le texte s’attèle à démonter tous les rouages.  En mettant à nu les mécanismes poétiques par leur survenance dans le corps du texte.  Mais une survenance comme redondante, car mettant en scène cette survenance même, celle-ci, post-modernisme oblige, étant devenue l’un de ces mécanismes poétiques.

la fécondité et la mortalité sont, chacune à sa manière, liées à la question de l’écriture comme à la question de la blague.

Et peu à peu, dans les éclats de rire qu’il soulève, comme dans les pans de réel qu’il exhume, les blagués que nous sommes y décèlent un souffle grave qui ravage tout, comme si le tout du monde n’était qu’une blague, une grande et vaste blague pas drôle.  Dans les mécanismes de cette blague qui, comme toute blague, n’est rien d’autre qu’un travail sur le dispositif de son énonciation, les blagués y découvrent que le rire, le drôle, ne serait pas qu’un filtre apposé sur le réel mais peut-être (et même ce « peut-être » est drôle) ce qui l’atteste le mieux.

la preuve de l’existence du rire c’est le réel et vice versa.

Antoine, Victor & Lucas Boute, Les morts rigolos, 2014, Les Petits matins.

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