Lire au chaud, en peignoir, et les pieds dans les pantoufles.

livre cheminéeDernièrement est venue sous notre regard une information qui nous interpella d’importance.  A Namur, riante et très bourgeoise capitale du Glorieux Royaume de Wallonie, quelques jeunes avaient décidé d’occuper un logement dont ils n’étaient pas propriétaires.  Et ils décidèrent également de n’en pas être locataires.  Ou du moins de ne rémunérer personne pour ce faire.  En clair, cela s’appelle un squat…  Appelés par la société de gestion du réseau électrique qui devait réaliser non loin une intervention, les services d’ordre procédèrent à leur évacuation « sans violence ».  Sans prise de risque non plus, à voir les photographies de leur intervention.  Lors de celle-ci, l’un des récalcitrants décida de grimper sur le toit de la maison.  Il s’installa sur la cheminée et se mit… à lire…

La lecture (hormis son exercice public et oral) nécessite plutôt le calme, la tranquillité.  Exercer cet art (quoi, la lecture, un art?) au vu et su de tous, en plein vent, assiégé par des pandores gonflés de testostérone, agressé auditivement par un commissaire moustachu bedonnant et éructant ses directives dans son doux accent wallon, tout cela ne nous paraît pas correspondre avec le cadre idéal d’une lecture efficace et rassérénée.  Non, ce jeune homme ne désirait pas seulement lire.  Il y a autre chose, manifestement, dans son acte, que ce désir d’exil.  On a pensé à un message à visée écologique : le rappel des menaces qui pèsent sur les cigognes.  Oui, mais voilà, les cigognes ne lisent pas.  Ou alors?  S’agissait-il d’une mise en scène?  Voire (grands dieux!) d’un acte politique?  Peut-être voulait-il nous faire passer un « message »?   Voulait-il « signifier » quelque chose?  Rappeler l’importance de la lecture?  Que celle-ci n’est pas une évasion, mais bien, au contraire, une prise sur le réel?  Que, même pressé, même contraint, le lecteur restait libre?  Que le livre offrait des possibles, voire des résistances que d’autres modes de préhension du réel n’offrent pas?  Que le livre (comme le corps) est politique?

Allez savoir…  Ce qui est certain en revanche, c’est que le journalisme ambiant, lui, ne pourra nous en apprendre beaucoup plus.

Les revendications des squatteurs restent, pour l’heure, assez floues, si ce n’est qu’ils prônent « des maisons pour tous ». Ils reprochent aussi un manque de démocratie et l’absence de mandat pour leur expulsion.

Revendiquer quelque chose et le mettre en acte, voilà qui est effectivement bien « flou »… N’est-ce pas?

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1 Commentaire

    • James Colby sur 25 septembre 2014 à 12 h 49 min
    • Répondre

    Quand on a un besoin de lire seul, on trouvera un endroit pour le faire

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