« Richesse et pauvreté chez les philosophes de l’antiquité » sous la direction d’Etienne Helmer.

 

Parfois la nécessité que martèlent d’aucuns à obligatoirement retourner vers l’antiquité pour « comprendre les temps présents » fonctionnent à contre-emploi. Ressentie comme un truisme stérile par certains ou comme un diktat intellectualiste par d’autres, l’injonction, alors ressentie comme péremptoire, inciterait parfois à s’en détourner. Ainsi, paradoxalement, nous exonérerions-nous alors à bon compte d’un enseignement ancestral et toujours fécond.

c’est l’usage qui révèle la nature authentique de la richesse.

Aristippe, le fondateur de l’école cyrénaïque, était grand dépensier. Les Sophistes sont toujours reconnus aujourd’hui comme aimant l’argent. Aristote, en contradiction avec Platon, ne considérait pas la richesse comme une tare en elle-même. Xénophon encourage la richesse. Pour Saint Augustin, le pauvre devient un souci… Tout au long de l’antiquité, les penseurs de celle-ci ont eu relativement à l’argent des attitudes différentes, contrastées, parfois antagonistes. Ainsi les disciples de Platon critiquaient-ils sévèrement l’attitude jugée ostentatoire des sophistes quant à la possession de richesses, ces derniers ridiculisant en retour « l’idéal de pauvreté » des platoniciens.

Cet ouvrage collectif ne fait pas que recenser une diversité d’attitudes et de comportements relativement à la possession de richesses dans l’antiquité, ainsi que des oppositions parfois féroces qui en auraient découlé. Elle questionne leur fondements. Ainsi est ce une conception du temps profondément originale qui vient teinter le rapport à l’argent, plus nuancé qu’il n’y parait, des cyrénaïques. Ainsi le pauvre augustinien, dans son dénuement, est-il l’occasion pour l’Hipponien de repenser un mode d’être du Christ. Ainsi, aux antipodes du défaut moral qu’on accole à leur rapport à l’argent, la richesse des sophistes est-elle, pour eux, le signe attestant de la valeur éthique que l’on accordait à leur enseignement en le rémunérant.

Tout rapport à l’argent est sous-tendu par un tissu disparate sur lequel ce rapport se greffe et prospère. L’antiquité ne se contentait pas de s’opposer, parfois radicalement, sur le clivage riche-pauvre. Au contraire, ses intellectuels avaient remarquablement construit des pensées, parfois antagonistes mais toujours fécondes, dont le rapport à l’argent était tout à la fois le révélateur et le catalyseur. Y revenir dans le détail nous parait actuellement pour le moins souhaitable…

S.Alexandre, M. Bonazzi, L-A. Dorion, M-A. Gavray, E. Helmer, S. Husson, A. Larivee, L. Lavaud, P-M Morel, C. Murgier, A. Tabosa et F. Teisserenc, Richesse et pauvreté chez les philosophes de l’antiquité, 2016, Vrin.

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