– L’ennui, avec la plupart des oeuvres littéraires, dit-il, c’est qu’elles vous abordent frontalement. Ca ne se passe jamais comme ça dans la vraie vie. Les choses se contentent de nous passer devant et nous en avons à peine conscience que déjà elles sont parties.
Gabriel Josipovici se situe justement dans ce passage. Son écriture happe ce qui ne fait que passer. Elle est une trace. De l’existence de Felix, derrière une fenêtre fêlée, elle saisit les bribes. Les enfants, l’amour, l’amitié, la mort des autres et celle dont on fait l’expérience, les projets d’écriture, Rabelais, Sterne, Beethoven… Et, peu à peu, se révèle sous nos yeux toute une vie dans ce qu’elle a de beau, de touchant, de partagé et d’unique.
Dans ce très court texte qui invite à être lu et relu, l’auteur réussit le pari de dire ce qui compte d’une existence dans une économie extrême. Dépouillée, presque synoptique, la prose est ici comme une collection d’éphémères, de ce qui passe, et dans laquelle se donne magnifiquement à lire un tout.
Et une voix dit : Tout passe. Le bien et le mal. La joie et la peine. Tout passe.
Gabriel Josipovici, Tout passe, 2012, Quidam, trad. Claro.