« Un château en enfer » de William Eastlake.

En mentant, on peut entrebaîller la porte qui donne sur la vérité.

Décembre 1944.  Dans les Ardennes belges, une poignée de soldats américains, sous le commandement du major Falconer, investit un château millénaire dans le but d’y établir un point de résistance à la contre-offensive allemande qui se profile.  Dans l’ennui mêlé d’inquiétude, à la fois tous radicalement différents et unis dans la folie de la destruction qui menace de les emporter, chacun des soldats cherche à sa manière à préserver ce qui peut l’être.  Un historien tente désepérément de dérober tout ce qui est art de la menace de destruction, le propriétaire du château, comte impuissant, se cherche obstinément un fils, un autre ne désire rien autant qu’une satisfaction sexuelle perpétuelle…

Au milieu de tous ces massacres et de toute cette ruine, quelque chose de beau pourrait subsister.  En quoi la guerre pourrait-elle avoir un sens si ce n’est pour préserver…?

parce que, vous voyez, une guerre ne peut pas arrêter la vie, pas complètement.  Sinon la guerre n’aurait aucun but

Chaque voix (à chaque chapitre la sienne propre) s’élève alors moins comme une résistance à la ruine qui menace que comme un chant à l’absurdité de l’abîme auquel elle est inéluctablement vouée.

un tas de choses étranges surviennent pendant la guerre, et en les déformant légèrement, en les rendant totalement vraies, on peut les rendre marrantes.

Entre farce ubuesque et désopilante et tragédie onirique, William Eastlake déploie au travers de ces voix au bord du désastre une polyphonie dont le beau est l’enjeu.

Car le château est réel.  Et si le château n’est pas réel, alors c’est quelque chose d’encore mieux, quelque chose de beau.

William Eastlake, Un château en enfer, 2012, Passage du Nord-Ouest.

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