Ne subsiste bien souvent de certains livres, dans nos esprits assommés par la « nouveauté » , qu’une vague idée, que le souvenir lointain (et bien souvent déformé) de commentaires. N’en surnage que l’impression d’un déjà connu, d’un déjà lu, qui les fait irrémédiablement verser dans les limbes de ce qui n’est définitivement plus à lire. D’où l’idée de cette série de chroniques de retours aux textes lus. Sans commentaires.
Phèdre atteinte d’un mal qu’elle s’obstine à taire
Lasse enfin d’elle-même, et du jour qui l’éclaire,
Peut-elle contre vous former quelques desseins? (Théramène)
Si je la haïssais, je ne la fuirais pas. (Hyppolyte)
De l’amour, j’ai toutes les fureurs. (Phèdre)
Et ne devrait-on pas à des signes certains
Reconnaître le cœur des perfides humains? (Thésée)
Ainsi que la Vertu, le Crime a ses degrés. (Hyppolyte)
J’aime, j’aime, il est vrai, malgré votre défense. (Hyppolyte)
Tu te feins criminel pour te justifier. (Thésée)
Hyppolyte est sensible et ne sens rien pour moi. (Phèdre)
Je respire à la fois l’inceste et l’imposture.
Mes homicides mains promptes à me venger
Dans le sang innocent brûlent de se venger
Misérable! Et je vis? Et je soutiens la vue
De ce sacré Soleil, dont je suis descendue? (Phèdre)
Détestables Flatteurs, Présent le plus funeste
Que puisse faire aux Rois la colère céleste. (Phèdre)
L’Hymen n’est point toujours entouré de Flambeaux. (Hyppolyte)
Et la mort à mes yeux dérobant la clarté
Rend au jour, qu’ils souillaient, toute sa pureté. (Phèdre)
Jean Racine, Phèdre & Hyppolyte, 1678, La Pléiade.