Boute, Antoine – ptyx https://www.librairie-ptyx.be "Hommes, regardez-vous dans le papier" H.MICHAUX Thu, 25 Apr 2019 08:01:20 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.1.1 « S’enfonçant, spéculer » de Antoine Boute. https://www.librairie-ptyx.be/senfoncant-speculer-de-antoine-boute/ https://www.librairie-ptyx.be/senfoncant-speculer-de-antoine-boute/#respond Fri, 06 Mar 2015 07:51:14 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=5006

Lire la suite]]> S'enfonçant spéculerEn fait mon livre sera comme une flaque de boue, violente, sale et sensuelle dans lequel le lecteur tombera, entraîné malgré lui.

Freddo se promène en forêt avec son chien Jean-Jacques.  Il pleut.  Il y a beaucoup de boue.  Il pense au prochain polar qu’il compte écrire.  Il pense à un roman vraiment très très gore.  Qui symboliserait l’étrange qu’il y a à vivre dans la promiscuité citadine.  Et qui lui rapporterait du fric. Il rencontre Valéria.  Valéria est belle et class.  Et Valéria demande à Freddo de l’aider car elle a un problème.  Son fils (qui en fait n’est pas vraiment son fils), Antoine, est enfermé dans une armoire dans sa maison qui se trouve aux fonds des bois.

Eh oui!  Si on réfléchit, ca va presque faire une fresque politique manichéenne, ce thriller! Un thriller planétaire manichéen!  Le monde riche, maladivement suractif, qui jouit et exploite le monde faible et pauvre!  Tout simplement…

Vont s’entremêler alors la narration de ce qui leur arrive (entre autres déféquer dans une maison délabrée, boire des whiskies, tomber dans la boue ou manger au Mc Do) et la relation du projet d’écriture en cours de Freddo.  Les deux paraissant trouver des échos l’un dans l’autre.  Et au fur et à mesure que Freddo, l’auteur de polar s’enfonce dans la forêt (mais pas que), il spécule (on vous invite ici à explorer l’abyssale étymologie de « spéculer ») sur son futur polar (mais pas que).

Il ira ensemencer régulièrement la femme bousillée, tout en prenant bien soin d’ensemencer métaphoriquement le personnel de l’hôpital avec des cadeaux, de façon à entretenir leur sympathie à son égard.  Ces flux de semence et de cadeaux entreront clairement en résonance avec tout le flux obscène de fric qui circule dans les rues commerçantes de la ville ; et les halètements de ce type, dus à son va-et-vient incessant seront comme la bande-son de l’écoulement de ces flux, comme leur face, leur apparence sonore.

Ce qu’il y a de bien chez Antoine Boute (entre autres hein, on ne prétend pas être exhaustif) c’est que le plaisir qu’il prend à faire glisser son personnage dans la boue, il le prend tout autant à faire glisser le lecteur, ce dernier ressentant à son tour ce même plaisir.  Pour autant bien sûr que ce lecteur se laisse aller à son plaisir, celui-ci n’éclosant que là où lui laisse un espace disponible.  Ce qui, certes, n’est pas gagné!

Oui la question de l’écriture ne rejoint-elle pas clairement la question de la prostitution?  Disponibilité radicale des figures en général, des figures donc générées par le texte même comme par exemple les personnages de roman, mais également les figures qui font texte : les mots, les lettres, le graphisme etc. ?

Antoine Boute écrit, de son propre aveu, des blagues.  Oui, certainement, mais des bonnes blagues.  De celles qui font rire, mais en grinçant des dents.  De celles dont on se demande tout le temps s’il convient d’en rire.  Des blagues un peu malsaines qui nous renvoient une image de nous pas si déformées qu’on voudrait bien le croire (renvoi d’image > miroir > speculum).  De bonnes blagues qu’il convient, pour en goutter tout le sel, de prendre au sérieux.  Oui, en fait blaguer est une chose très sérieuse.  Et de ces blagues très sérieuses, qu’on appelle aussi littérature, on en redemande!

Purée je me demande bien comment ça se fait que j’imagine des scènes aussi glauques mais enfin soit : dans la vie il y a de bonnes et de mauvaises questions.  Cette question est une mauvaise question : la littérature fait ce qu’elle a à faire, point barre.

Antoine Boute, S’enfonçant, spéculer, 2015, Onlit.

On ne saurait aussi trop vous conseiller d’aller faire un tour .

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« Les morts rigolos » de Antoine, Victor et Lucas Boute. https://www.librairie-ptyx.be/les-morts-rigolos-de-antoine-victor-et-lucas-boute/ https://www.librairie-ptyx.be/les-morts-rigolos-de-antoine-victor-et-lucas-boute/#respond Fri, 23 May 2014 06:25:10 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=4163

Lire la suite]]> morts rigolosNous ne sommes pas ici pour assister au déroulement d’un roman : nous sommes ici pour fabriquer une blague!

il ne faut pas penser séparément blague et enterrement.  C’est une question d’éthique, une question de respect.

Il est ici question d’un type qui se réveille et pense à faire des enfants.  Il est aussi question des PFEX, les Pompes Funèbres EXpérmientales dont l’objectif est de révolutionner les enterrements en s’en mettant plein la poche.  Il y est aussi question du notaire vu comme visionnaire du glauque, de viande industrielle, d’écoféminimse anarchiste pornolettriste biohardcore, d’un boomerang, de pornographie nécrophile néanmoins nuptiale, d’un poète nommé Charles Pennequin, d’un autre nommé Antoine Boute, et des enfants du susnommé qu’on a longtemps attendu grandir…

Que se passe t’il quand on dit : « j’ai une blague »?

Entre tous sujets réjouissants, que d’aucuns qualifieront de barrés, d’autres de rigolos, c’est d’abord des mécanismes à l’œuvre dans le corps du texte dont il est ici question.  L’écriture s’affiche dans « Les morts rigolos » comme ce qu’elle est tout d’abord : la fabrique d’une béance, d’une attente de « fin qui déchire ».

toute ma blague tient dans la question du dispositif de son écriture.

Une fabrique dont le texte s’attèle à démonter tous les rouages.  En mettant à nu les mécanismes poétiques par leur survenance dans le corps du texte.  Mais une survenance comme redondante, car mettant en scène cette survenance même, celle-ci, post-modernisme oblige, étant devenue l’un de ces mécanismes poétiques.

la fécondité et la mortalité sont, chacune à sa manière, liées à la question de l’écriture comme à la question de la blague.

Et peu à peu, dans les éclats de rire qu’il soulève, comme dans les pans de réel qu’il exhume, les blagués que nous sommes y décèlent un souffle grave qui ravage tout, comme si le tout du monde n’était qu’une blague, une grande et vaste blague pas drôle.  Dans les mécanismes de cette blague qui, comme toute blague, n’est rien d’autre qu’un travail sur le dispositif de son énonciation, les blagués y découvrent que le rire, le drôle, ne serait pas qu’un filtre apposé sur le réel mais peut-être (et même ce « peut-être » est drôle) ce qui l’atteste le mieux.

la preuve de l’existence du rire c’est le réel et vice versa.

Antoine, Victor & Lucas Boute, Les morts rigolos, 2014, Les Petits matins.

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