Claro – ptyx https://www.librairie-ptyx.be "Hommes, regardez-vous dans le papier" H.MICHAUX Thu, 25 Apr 2019 08:01:20 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.1.1 Du droit d’aimer les anchois au sirop de Liège. https://www.librairie-ptyx.be/du-droit-daimer-les-anchois-au-sirop-de-liege/ https://www.librairie-ptyx.be/du-droit-daimer-les-anchois-au-sirop-de-liege/#comments Tue, 18 Feb 2014 14:19:25 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=3911

Lire la suite]]> CLARO_CANNIBALE-LECTEURN’en plaise à d’aucuns, dont nous ne sommes certainement pas, la littérature n’est aucunement cet espace de jugement dans lequel tant d’auteurs frustrés tentent de s’engouffrer toutes griffes et fiel dehors.  Pourquoi s’échinent ils donc à nous gâcher ainsi ces plaisirs que nous avons ainsi pris à la lecture d’un livre qui, pour des raisons « littéraires », ne leur sied pas?  Sous des prétextes aussi abscons les uns que les autres, ils tentent (vainement heureusement) de saper les frêles fondations sur lesquelles des auteurs (confirmés, voire primés, EUX) ont bâti une œuvre (dont on attend encore, chez eux, les premiers frémissements).  Des prétextes déguisant souvent d’ailleurs des camaraderies et autres renvois d’ascenseur.  Qui sont ils pour juger?  Pourquoi que ils se croiraient plus malins que les autres?

Monsieur Claro, vous êtes manifestement de ceux-là.  Producteur laborieux de quelques livres, traducteur d’une seule langue (l’anglais : une que tout le monde parle, en plus), vous vous croyez bien avisé de moquer des livres qui n’ont d’autre motif que de nous rendre heureux et nous faire passer un bon moment.  Et, non content d’exécrer sur la toile, vous poussez le vice jusqu’à en faire un livre…  Bien sûr, pour mieux noyer votre haine de la grande littérature, vous camouflez d’abord votre détestation sous l’éloge d’une certaine littérature.  Et quelle littérature!  Céline, un antisémite notoire.  Claude Simon, un auteur auquel personne ne comprend rien.  Jirgl, un besogneux qui confond virgules et tirets.  Butor et Bessete, des auteurs morts depuis longtemps…  Et puis, évidemment, une fois qu’on s’est exonéré du pénible supplice de dire du bien, qu’on a bien passé de la pommade à tous ses petits copains bobos-bien-pensants-de-gauche, là, on peut se lâcher et passer à ce que c’est que pourquoi qu’on était venu : haïr!  Et là, Monsieur, on s’y entend!  Monsieur n’aime pas les prix.  Monsieur n’aime pas Maurice Carême.  Monsieur n’aime pas Zeller, Beigbeder, Ferry, etc… et se croit utile non pas de nous le faire savoir, mais de l’éructer.  Avez-vous déjà pensé, Monsieur Claro, que leurs livres font passer de bons moments à ceux qui les lisent?  Et que, à mépriser ces livres, vous méprisez leurs lecteurs?  Et que, si vous n’aimez pas leur poésie, ce n’est pas pour ça que ce n’est pas de la bonne poésie?  Que tout ça (la littérature, l’art, tout ça quoi) c’est affaire de goût?  Et donc de personne?  Que vous nous déniez notre droit à nous évader?  Que moi, par exemple, j’aime l’anchois au sirop de Liège, mais peut-être pas vous, mais que je ne pense pas que ça vous donne le droit de critiquer les anchois au sirop de Liège, parce que ça me rend triste, un peu plus seul, et que je me rends compte qu’aimer les anchois au sirop de Liège fait de moi un être abject, malsain et méprisable?  ALORS ARRETEZ, HEIN!

Claro, Cannibale lecteur, Inculte, 2014.

Il se fait qu’un certain Gaëtan Mouret (nous ne veillons pas seuls), a jugé bon de mettre le holà à vos agissements bloguestes.  Et à mettre ainsi en avant cette littérature proche des gens, écrite comme il faut, dans le respect scrupuleux de la grammaire et de l’orthographe.  Avec dedans, tout ce que vous détestez.  C’est-à-dire des sentiments.  C’est peu dire que nous sommes ravis qu’une bonne leçon vous soit enfin donnée.  Nous doutons cependant, au vu de votre pedigree, que celle-ci vous soit réellement profitable.

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« Tous les diamants du ciel » de Claro. https://www.librairie-ptyx.be/tous-les-diamants-du-ciel-de-claro/ https://www.librairie-ptyx.be/tous-les-diamants-du-ciel-de-claro/#respond Sat, 04 Aug 2012 07:07:16 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=893

Lire la suite]]> La conscience est effort, se réveiller labeur, et les modes d’évasion sont, il le sait, plus chiches que les ressources d’un prisonnier.

Un jour d’août 1951, Pont-Saint-Esprit, commune du Gard, se réveille dans le délire.  Des habitants cherchent à se défenestrer, d’autres sont pris de convulsions, de vomissements.  Environ 300 personnes sont concernées, dont sept décéderont, les autres étant affectées de troubles plus ou moins durables. Cela sans qu’aucune explication certaine n’en soit donnée.  D’abord fut évoquée une intoxication liée à l’ergot de seigle ayant servi à la fabrication du pain spiripontain.  D’où l’appelation qui fit grand bruit : l’affaire du pain maudit.  Puis ce fut au tour d’un champignon d’être incriminé.  Dernièrement, certains éléments orienteraient vers une intoxication au LSD.  Celle-ci ayant été organisée par la CIA, dans le but de tester les effets de la molécule sur une population étendue.  Moins farfelue que difficilement étayable, l’hypothèse est en tout cas à remettre dans le contexte de cette époque du péril rouge.  Où l’on n’hésite pas à tester à grande échelle sur des populations militaires ou civiles, par exemple, les effets de la radioactivité.

Oui, et le seul fait que la chose fût envisageable suffisait à la rendre réelle, quand bien même indémontrable, comme si l’acceptation du monstrueux allait de pair avec la capitulation de la conscience.

Et c’est cet espace de l’envisageable, du possible qu’investit Claro avec les personnages d’Antoine, jeune boulanger de Pont-Saint-Esprit à l’époque des faits, de Lucy, ex-junkie américaine reconvertie dans le sex-shop et l’espionnage, et de Wen Kroy, espion au service de la CIA.  Cet espace où tout n’est jamais exactement ce qu’il paraît être.  Où tout n’est jamais ce qu’il est.

Tout est toujours tout autre chose

Le sexe est ce que l’on vend sous le couvert finalement pudibond de l’amusement industriel. On en oublie que la sexualité peut aussi et surtout se révéler véritable machine poétique et subversive.  Comme sous la plume d’un Guyotat ou d’un Sade.  La drogue peut certes être destinée à contrarier le péril rouge et devenir un joyeux bonbon libertaire, une virulente friandise.  Mais elle est aussi ce fantastique ouvroir de réalité, cet outil de « connaissance par les gouffres » d’un Michaux.  Dans le jouissif jeu de dupes, de chausse-trappes, de son roman, Claro décode brillamment les « évidences » de notre temps et ce qu’être manipulé veut dire.

Antoine finit par ouvrir les yeux, las d’être à son insu et depuis si longtemps le sourd magicien de lui-même.

On ne se révèle jamais être aussi bien manipulé que par soi-même.  En bon apprenti de sa propre manipulation.  Dans « Les diamants du ciel » se découvre, tout du long, et dans la surprise finale, ce qu’être lecteur veut dire.  Que lire est moins être manipulé que se manipuler soi-même.  Qu’on est acteur aussi de ses délires.  Se découvre qu’il est dans la fonction de la littérature de troubler, désordonner, subvertir, abimer, s’abîmer.

Langage souvent dérange.

Claro, Tous les diamants du ciel, 2012 (à paraître le 23 août 2012), Actes Sud.

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