Deville, Patrick – ptyx https://www.librairie-ptyx.be "Hommes, regardez-vous dans le papier" H.MICHAUX Thu, 25 Apr 2019 08:01:20 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.1.1 « Viva » de Patrick Deville. https://www.librairie-ptyx.be/viva-de-patrick-deville/ https://www.librairie-ptyx.be/viva-de-patrick-deville/#respond Mon, 15 Sep 2014 08:56:24 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=4268

Lire la suite]]> viva-devilleTout est dans Jeannot Lapin.

Malcom Lowry, Trotsky, Staline, Cravan, Frida Kahlo, Traven, Maurice Nadeau sont quelques-uns des personnages qui traversent ce livre de part en part.  Evoluant autour de deux principaux, Trotsky et Lowry, et d’un narrateur qui s’affirme chef d’orchestre de l’ensemble, leurs histoires, leurs rencontres réelles ou juste possibles, tissent deux par deux des parallèles dont les couples s’entremêlent les uns aux autres.  Et de ces croisements, de ce déraillement de l’espace et du temps, surgit une œuvre qui, tout en continuant le projet qu’on pouvait déjà lire dans Kampuchéa ou Peste et Choléra fait figure de programme à l’ensemble.

chercher pourquoi Plutarque aurait bien pu choisir Lowry et Trotsky pour ses Vies Parallèles.  Celui qui agit dans l’Histoire et celui qui n’agit pas. 

Sorte de vie parallèle, à la Plutarque mais en en liant et déliant les fils respectifs, de Trotsky et Lowry, Patrick Deville trace les parallèles entre deux modes de représentation du monde et d’action sur celui-ci : la politique et la littérature.

C’est jaunâtre et blanchâtre et tout parcouru de filaments, cette manière d’aligot que nous sommes, et de cela naît la pensée politique et parfois la poésie.

Ce sont des vaincus dont Patrick Deville dresse les portraits.  En fuite, terrorisés ou assommés par les dépendances, empêchés par l’exil ou sa propre exigence, le vrai politique comme le vrai poète est condamné à échouer toujours.  Et c’est cette connaissance de son inéluctable échec futur qui lui confère sa grandeur, celle de tout qui essaie encore et encore sans plus se préoccuper de l' »à quoi bon ».  Des vaincus mais des vaincus magnifiques.  Et dans ces portraits, ce « Band of brothers », c’est toute la force morale et nécessaire de l’impossible qu’il réaffirme magistralement.

Ils ont le même goût du bonheur, un bonheur simple et antique, celui de la forêt et de la neige, de la nage dans l’eau froid et de la lecture.  Chez ces deux-là, c’est approcher le mystère de la vie des saints, chercher ce qui les pousse vers les éternels combats perdus d’avance, l’absolu de la Révolution ou de la Littérature, où jamais ils ne trouverons la paix, l’apaisement du labeur accompli.  C’es ce vide qu’on sent et que l’homme, en son insupportable finitude, n’est pas ce qu’il devrait être, l’insatisfaction, le refus de la condition qui nous échoit, l’immense orgueil aussi d’aller voler une étincelle à leur tour, même s’ils savent bien qu’ils finiront dans les chaînes scellées à la roche et continueront ainsi à nous montrer, éternellement, qu’ils ont tenté l’impossible et que l’impossible peut être tenté.  Ce qu’ils nous crient et que nous feignons souvent de ne pas entendre : c’est qu’à l’impossible chacun de nous est tenu.

Patrick Deville, Viva, 2014, Le Seuil.

 

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« Peste & Choléra » de Patrick Deville. https://www.librairie-ptyx.be/peste-cholera-de-patrick-deville/ https://www.librairie-ptyx.be/peste-cholera-de-patrick-deville/#respond Tue, 24 Jul 2012 07:08:51 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=879

Lire la suite]]> Alexandre Yersin naît en 1863 en Suisse, dans le canton de Vaud.  En 1887, il fait partie de la première équipe des jeunes chercheurs de l’Institut Pasteur.  En 1894, il découvre le bacille de la peste à Honk-Kong où elle fait rage.  Puis il s’installe à Nha Trang, en indochine, où il organise des explorations et découvre le plateau sur lequel s’installera la célèbre ville de Dalat.  Il se fait topographe.  Puis anthropologue.  Il développe la culture de l’hévéa et de l’arbre à quinquina.  Il vend du caoutchouc à Michelin.  Il invente une boisson revigorante qu’il nomme le Kola-Canelle.  Cherche à acclimater le pécher, l’abricottier, le fraisier.  Voyage beaucoup entre Paris et le Vietnam, où toujours il revient.  Pour, dieu vivant, loin des folies du temps, s’y éteindre, en 1943.

Ce n’est pas une vie que de ne pas bouger.

Et de ce principe qui est aussi un alexandrin, Yersin a fait une manière de vivre.  Une idée, chez lui, est faite pour naître.  Une fois née, place est ainsi faite pour que naisse la suivante.  Et de sa vie, toute tissée de débuts, ressort l’impression d’une liberté opiniâtre.  Et solitaire, loin de tout ce qui pourrait l’en distraire, donc l’attacher ;  l’amour, la politique, le contrat.

Ca ressemble enfin à la vraie vie libre et gratuite. Ouvrir des routes, creuser des chemins dans l’inconnu. Sinon vers Dieu ou vers soi-même. La risible petite énigme de soi.

De cette liberté, en la contant, Patrick Deville fait le marqueur d’un presque siècle.  1863-1943, c’est l’aventure de la découverte scientifique.  Le début de l’automobile.  L’explosion de l’alexandrin.  C’est Proust qui dédie la Recherche à Gaston Calmette, dont le frère, chercheur chez Pasteur, est l’ami de Yersin.  C’est Joseph Meister, le premier sauvé de la rage, qui met un terme à sa vie de cobaye après avoir refusé à Hitler l’accès de la crypte où repose Pasteur.  C’est un parpaillot suisse [qui] ressucite un calotin chinois.  Le Yersin de Deville n’est plus seul.  Il est un monde.  Ce sont Rimbaud, Saint-Exupéry, Conrad, Stanley…  1863-1943, ce sont aussi trois guerres entre deux nations, leurs chercheurs, leurs soldats.  Entre peste et choléra.  1863-1943, c’est l’ironie du siècle de la découverte du vaccin à celui du meurtre en masse.  1863-1943, c’est une vie d’homme.

Une vie d’homme est l’unité de mesure de l’Histoire.

Patrick Deville, Peste & Choléra, 2012 (à paraître le 23/08/2012), Le Seuil (coll. Fiction & Cie)

 

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