Quélen, Dominique – ptyx https://www.librairie-ptyx.be "Hommes, regardez-vous dans le papier" H.MICHAUX Thu, 25 Apr 2019 08:01:20 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.1.1 « Revers » de Dominique Quélen. https://www.librairie-ptyx.be/revers-de-dominique-quelen/ https://www.librairie-ptyx.be/revers-de-dominique-quelen/#respond Thu, 18 Jan 2018 07:07:16 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=7360

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Voici. Obtenons les chants. Ces oiseaux les ont dont l’air suit le vol. Par son tracé on entend au plus haut un sol. Un fa. Que révèle ce son? La voix dans la nature se perd. Des prémices de choses naissent et vivent. Est-ce prévu pour? Que feras-tu si nous partons et ne lisons ni ne voyons guère ou pas tant que ça de vie? Ou pas encore? Voyons ce cas. Nous ne sommes que nous parmi vous. Que déduis-tu de ce constat? Os et cheveux. Choses fuyantes si des as de la nature n’y obvient. La proie se révèle mourante au sol ou en l’air. Au stylo ai tracé un x. Montre-le bien. Un x dont voix et oiseaux usent si on les a et les voici. 

Souvent, on tend à croire ou à faire croire que la tentative mallarméenne était déconnectée du réel, du corps, de ce qui fait fond au palpable et à l’incarné. Que, finalement, la poésie n’est qu’un jeu gratuit pour quelques as-been pervers vivotant dans l’éther.

De ce bec d’oiseau s’envole un bel air. Écoute-le.

Suite et fin de Avers, paru chez Louise Bottu, et de Basses Contraires, édité par Théâtre typographique, Revers reprend le motif obsessionnel de l’oiseau. L’oiseau vu et lu. Comme l’oiseau entendu, entier ou épars (oit-oie, eau-o-os, etc.). Et donc, oui, comme dans les deux précédents volumes, ça joue. Ça allitère. Ça joue du son et du sens. Mais aussi, plus encore peut-être que dans les deux premiers, ça démontre que ce jeu – comme tout jeu qui vaille – n’est pas gratuit. Qu’a contrario de s’y voire accolée l’image même de l’innocuité tranquille, la poésie est bien plus qu’un passe-temps ludique pour amateurs de « crocs-en-langue ». A condition que le poète, bien entendu, se soit chargé d’y inoculer autre chose qu’un formalisme creux, aussi talentueux soit-il.

Tout y est. On l’y a mis. Ç’a été difficile. On vivotait et avait hâte que des poésies en vers tremblent sous les mots. 

En revenant, dans ce Revers – dont on ne dira s’il est à deux mains ou non – , sur le projet qu’il clôt, Dominique Quélen insiste un peu plus encore sur la nécessité conjointe de vêtir toute poésie d’une chair et de donner à celle-ci une structure à laquelle se greffer.  Jouer du sens et du son, les faire se rencontrer dans l’espace de la page, s’en jouer aussi, les déjouer parfois, et s’en émerveiller, n’a d’intérêt que si, de ce jeu même, peut jaillir une nouveauté qui ne soit pas que formelle. Mais de même, à cette nouveauté qui en sourd, lui est indispensable le jeu qui la révèle et qui, sans lui, n’adviendrait jamais. A la poésie il faut l’os, certes, mais aussi la chair qui s’y ente. Et inversement. Et alors, alors seulement :

Il arrive qu’il y ait un poème.

Dominique Quélen, Revers, 2018, Flammarion. 

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« Avers » de Dominique Quélen. https://www.librairie-ptyx.be/avers-de-dominique-quelen/ https://www.librairie-ptyx.be/avers-de-dominique-quelen/#respond Thu, 19 Oct 2017 08:01:35 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=7156

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On écrit ce qui est là et peine à se dire

Prenons le mot « oiseau ». Non sa graphie, mais le mot dit. On y entend alors « oie », « oit », « eau », « haut », etc… Et « oiseau » aussi. Dans le mot « oiseau » se loge tant qui ne s’y lit plus et dont le poète exhume non pas un sens, ni des sens, mais des questions en acte sur le sens. Et le son.

Fabriqués de courtes séquences, majoritairement interrogatives, Avers entraîne son lecteur dans les obsessions de son auteur. Obnubilé par son sujet, mais sachant aussi se moquer de ses marottes, l’auteur sait faire voyager le lecteur entre l’éclat de rire et le remue-méninges le plus abyssal. Et tout cela sans rien y exprimer…

Ce poème? Mais qu’y exprime-t-on? Rien. On y cherche.

On n’exprime effectivement rien ici. On ressasse. On tourne et retourne autour du même (l’avers désigne, en numismatique, le côté face d’une monnaie). On teste des choses avec des mots et des mots avec des choses. On retire un truc (le préfixe a est privatif : a-vers) puis on en ajoute un autre. On joue. On tient en rênes le jeu de mots. On flirte avec l’absurde. On fait son Mallarmé. Puis son Wittgenstein. On teste. On hésite. Effectivement, on y cherche. Lucide. Sachant qu’on n’y trouvera rien. Mais qu’en attendant de ne rien trouver, autant se laisser aller à éprouver encore et encore les vertiges qui se logent entre le mot et la chose, entre l’entendu et le lu.

Le ciel est un mot car le mot oiseau y vole. Est-il écrit? Dit? Traversé d’ici à là par une ligne? Sa façon est-elle très droite ou floue et ardue à définir? Un ton vient à l’oreille allant pour entendre. Que souhaites-tu dire? Vas-y par d’autres voies ayant un autre sens. La chose égale le mot. Une chose égale un autre mot. Des voies mènent. Il n’y a rien mais tu t’imagines que si. C’est pour quelle oreille que marche ton appareillage à audition floue qui te va très seyant? Façon de parler. Une oreille oit d’ici le non-dit du mot qui est soit ou oiseau ou oie. Un mot usuel. Dis-le.

Dominique Quélen, Avers, 2017, Louise Bottu.

L’enregistrement sonore ci-dessus est issu de l’excellente Radio Campus, sous les doigts de fée d’Alain Cabaux.

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