Le mot « livre » ne désigne pas uniquement ce bloc de pages qu’on tourne. Ce qu’on y entend est aussi le résultat, qu’on en ait conscience ou non, de tout ce qui s’est agrégé en lui. Ainsi entend-t’on, le mot « livre » une fois prononcé, science, savoir, pensée, conscience de soi et du monde, connaissance, découverte de l’autre… Et c’est bien sur cela, cette charge sémantique, que mise un brol tel que la foire du livre pour appâter le chaland. Là où le forain livresque dit (car même sur l’appât, il tient un discours, – diantre il faut justifier les subsides) vouloir attirer à la culture par le médiatique (style « attirons vers Guyotat avec les Bogdanov Brothers, ou vers Philippe Beck avec Amélie-la-gentille-représentante-des-chapeaux-Pompilo »), il ne lui propose en fait que du média. Alors que le média devait appâter pour faire découvrir du culturel, c’est in fine le culturel qui devient le cache-sexe du médiatique. Le livre (chargé des alluvions qu’y a déposé l’histoire) donnant sa légitimité au mercantile.
On en dit encore un peu plus de mal ici* :
*le ici c’est « Temps de Pause » sur Musique 3, avec les excellents Anne Mattheeus et Fabrice Kada.