Ce n’est plus un secret pour beaucoup que nous entretenons des affinités avec ceux qui s’intéressent de près à ce que pudiquement on appelle « les problématiques migratoires ». Et cela, entre autres, parce qu’à bien des égards, ces phénomènes créent des points de rencontre et donc de cristallisation de tout ce qui peut constituer un être.
Si les meurtrissures (physiques, politiques, philosophiques même) du migrant sont sensées être prises en charge, ou, à tout le moins, sensées être examinées par nombre d’organisations (qu’elles soient d’état ou non), peu est fait en regard pour aborder et soigner comme il se devrait des blessures psychiques. Et pourtant, leur réalité, comme sa profondeur, est incontestable. Quelques associations existent cependant bien, et accomplissent un travail remarquable. Ulysse est l’une d’elle. Et c’est par son entremise que nous rencontrâmes, non seulement des personnes engagées avec détermination et intelligence dans ce qui s’avère être un véritable combat, mais aussi la vitalité des questions que ce combat pose.
Quelle est la vue de l’autre (et si le migrant n’est pas cet autre, qui l’est?) sur son propre psychisme? Comment franchir la barrière de la langue dans le soin? Que peut le mythe psychanalytique face à cette souffrance? Ce mythe freudien est-il universel? Toutes questions mêlant anthropologie et clinique et qui imposent dans notre rapport à l’autre de se poser, renouvelées, des questions sur nos propres pratiques.
Nous sommes ravis de recevoir l’auteur Olivier Douville, psychanalyste, Maître de conférence, collaborateur régulier d‘Ulysse et de Terres Rouges, qui viendra, moins que répondre à la question : Comment s’évader des certitudes identitaires afin de devenir des sujets de la multitude et du déplacement?, nous rappeler à quel point il est toujours urgent de se la bien poser…