« La Mariée mécanique, folklore de l’homme industriel » de Marshall MCLuhan.

mariée mécaniqueMarshall McLuhan est surtout connu pour être le père de la célèbre formule prophétique (inventée en 1961) « village global ».  Incontournable critique des médias, ce titre paru en 1951 restait pourtant inédit en français.  Les éditions èRe se sont décidés à réparer cette incohérence.  « La Mariée mécanique » se compose de 65 illustrations et de 59 textes, tous puisés dans le monde des médias sous ses diverse formes ; télévision, publicité, bande dessinée, presse…  Embrassant un immense champ de références, à l’image du développement exponentiel des médias et de la communication de l’époque, il livre une analyse qui déborde très largement le simple domaine de l’analyse des médias et qui reste de nos jours d’une pertinence inégalée.

Un peu à l’image d’un Roland Barthes qui, 6 ans plus tard, démontera les mythologies de son temps, Marshall McLuhan déconstruit tout les cultes rendus à la production en masse.  Et, en prophète moins désabusé que rigoureux, d’une écriture incisive,  il dresse de son temps un portrait sans fard où se lit déjà moins en germes que déjà parfaitement réalisé celui de notre temps où l’humanité baigne telle une masse informe d’indifférenciés.

Aujourd’hui le tyran ne gouverne plus avec la houlette ni le poing mais, grimé en responsable d’études de marché, il conduit son troupeau dans les voies de l’utilité et du confort.

Les battements du moteur à essence et le rythme des rotatives ont beaucoup à voir avec les pensées et les sentiments quotidiens des gens du peuple, qu’ils habitent Tokyo ou New York.

La liberté, comme le goût, est une activité de la perception basée sur le jugement d’un large éventail d’actes et d’expériences particulières.  Tout ce qui favorise la pure passivité et la soumission est l’ennemie de cette activité essentielle.

Le processus par lequel l’industrie de la mode engendre l’uniformité tout en feignant de répondre à une passion enragée du public pour la diversité et le changement est également applicable à l’industrie du livre.

Enfermés dans une de ces camisoles de force mécanique, un homme peut se sentir fort et en sécurité, mais il n’est plus vraiment maître de son humanité ni de sa dignité.

Le travail est le narcotique de l’ennui, comme l’ennui est l’éperon du travailleur.

Reste à savoir qui l’on aime le plus de la jeune fille ou du savon.

Le portefeuille est la glande du nouveau corps politique qui permet au flot de marchandises et de sensations de ne pas être interrompu par notre coquille protectrice, mais de se répandre rapidement dans nos vies.

La rotation du marché appelle à la rotation humaine.

Sans le miroir de l’esprit, personne ne peut vivre une vie humaine en regard de notre rêve mécanisé actuel.

Marshall McLuhan, La Mariée mécanique, folklore de l’homme industriel, 2012, èRe, trad. Emilie Notéris.

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