« Un sans-papier c’est un bloc de solitude invisible ». Cette phrase nous l’entendîmes il y a plus de 20 ans de la bouche de quelqu’un qui venait en aide aux précaires. Depuis lors, force nous est de constater qu’elle s’est encore un peu plus incarnée dans le réel.
Alors que Frontex, cette envie de forteresse qui n’évoque, dans l’esprit de l’européen moyen que le nom d’une marque de luxe. Alors que le migrant n’est considéré que comme nuisible. Alors que tout dirigeant du vieux continent ne s’affiche dans le cadre de la politique migratoire que pour prôner le moins et le radical. Alors que la méditerranée se transforme peu à peu en plus grand cimetière sur terre. Alors que le poncif « On ne peut pas accueillir toute la misère du monde » devient la cause première de toute « réflexion » sur l’imigration et permet de dissimuler sous son « évidence » les actes les plus odieux. Alors qu’on sépare des familles et enferme sans scrupule des innocents. Alors que l’indifférence gagne du terrain de jour en jour et que chacun, par son silence, continue à encourager le pire, il nous semblait important de consacrer ne fût-ce qu’un mois à revenir sur cette tache indélébile qui s’étend sur la conscience européenne.
Nous mettrons donc encore un peu plus en avant que d’habitude le rayon que nous consacrons à la thématique de l’exil. Nous vous parlerons d’un colloque intitulé « Singularités conjuguées : la clinique articulée au géopolitique ». Nous accueillerons une exposition des photographies d’Anissa Michalon et vous convierons à une rencontre avec Arno Bertina et la susnommée Anissa Michalon autour de « Numéro d’écrou 362573 », édité chez Le Bec en l’air, qui redéfinit magnifiquement la place qu’a à jouer la fiction dans cette terrible réalité.