Ulysse, de héros mythique d’un aède aveugle est passé au rang de socle. Un socle sur lequel s’érige de nos jours, non pas l’Europe, ni même une Europe, mais une idée de l’Europe. Et alors que ce personnage devient peu à peu un outil, voire une arme, de ceux qui veulent légitimer la peur de l’autre, il nous a semblé intéressant de rappeler qu’il est bien autre chose que ce que l’on veut bien en faire. Et que comme tout élément culturel que l’on cherche à utiliser dans un but précis, l’image d’Ulysse en finit par induire l’inverse même de ce qu’elle est essentiellement. Il est parfois utile de tout simplement attester de ce retournement.
C’est ce que nous ferons en lisant ou relisant Homère, Virgile, Dante,Joyce mais aussi en approchant les œuvres récentes de Barbara Cassin ou de Franck Pourcel. Qui, loin de prétendre à toucher une quelconque exactitude de Ulysse, l’éveillent, le sortent de sa gangue culturelle, pour parler de nous mêmes, de notre temps. A l’heure où d’aucuns utilisent Ulysse à leurs fins, il est important de montrer qu’une culture est vivace. Et que c’est quand on cherche à la figer, à l’identifier à tout crin, qu’on en fait un danger.