« Le dossier Alvin » de Alessandro Mercuri.

Dossier alvinLe 22 novembre 1963, à 12h30 (heure de Dallas), le président J-F Kennedy, sous l’objectif de la caméra d’un amateur, est assassiné dans sa Lincoln, nommée ainsi du nom d’un autre président, lui même assassiné 98 ans plus tôt dans sa loge du théâtre de Washington.  Apprenant la nouvelle à Los Angeles (10h30 heure locale), un projectionniste renonce à projeter le dernier film de Kubrick « Dr Strangelove or How I learned to stop worrying and love the bomb ».  Dans l’avion qui ramène le corps de J.F. Kennedy, Lyndon B. Johnson, prête serment à 14h38, heure texane, devant, entre autres, Jack Valenti, ancien militaire, publiciste et futur directeur de la puissante Motion Picture Association of America (MPAA).  Ainsi s’ouvre Le dossier Alvin.

Entre « Space opera », armes de destruction massive, ingénierie futuriste, blues, folk, rock et pop, le karma de Kaman unit « hippies » et « warriors », « flower power » et « destruction lover », apôtres de la paix et équilibristes de la terreur.

Tout comme en témoigne cette société Kaman, fabriquant de guitares et d’hélicoptères, active dans l’armement et dans le divertissement, image, politique, mort sont en Amérique intrinsèquement liées dans un écheveau dont les fils entremêlés semblent rendre indiscernable le réel de la fiction.  En suivant quelques-unes des missions du sous-marin Alvin créé sous l’égide de la Navy en 1965, Alessandro Mercuri croque efficacement une époque inquiétante, trouble.  D’un fait l’autre, d’une croyance « folle » la suivante, il tisse ses liens d’une écriture fluide dont émergent non plus les faits, mais, enrichis de leurs rapports, des significations.

Les enchantements changent et transforment l’être naturel des choses.  Je ne veux pas dire qu’ils changent leur être en réalité, mais qu’ils le font en apparence…

Il interroge ce qui fait que la vie soit reconnaissable comme telle.  Et nous laisse, un peu pantois, comme cet espadon dont, photo à l’appui, il nous raconte la fin, tragique.  Croyant discerner, dans la silhouette du submersible, un rival ou une proie, bref du vivant, il ira s’y encastrer.

Alessandro Mercuri, Le dossier Alvin, 2014, art&fiction.

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