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« Le Maitre des miniatures » de Jim Shepard.

 

Japon, juillet 1954. Eiji Tsuburaya, directeur des effets spéciaux de la Toho Films est censé, en seulement deux mois,  donner une apparence à Gojira, roi des Monstres. Débordé, il n’a de temps ni pour Massano, sa femme, ni pour Akira et Hajime, ses deux enfants. Il n’a pas même de temps pour se souvenir de sa fille, Miyako, morte quand elle avait deux ans, ou de son père, décédé 21 ans plus tôt dans le terrible tremblement de terre de Kantō. Sa vie se limite à créer un monstre.

Et pendant toute sa carrière, Tsuburaya fut l’objet de plaisanteries pour avoir été plus fasciné par le projecteur que par les images sur l’écran, la première fois qu’il était allé au cinéma.

Le Maitre des miniatures ne fait pas le récit d’une relation amoureuse difficile. Le Maitre des miniatures ne documente pas précisément la création d’un des êtres  les plus populaires de l’histoire du cinéma. Le Maitre des miniatures ne nous explique pas comment Gojira est devenu Godzilla. Le Maitre des miniatures n’est pas un roman sur le nucléaire. Le Maitre des miniatures n’est pas un des livres les plus subtils qui ait été écrit sur la relation père-fils. Le Maitre des miniatures n’est pas l’histoire d’une obsession. Le Maitre des miniatures ne se laisse réduire ni à un sujet ni  à une forme.

Il s’agissait de faire quelque chose à partir de rien.

En enchevêtrant la « grande Histoire » et l’intime, en mêlant à la rigueur du document les possibilités de la littérature, Jim Shepard nous bouleverse. Que faire de ce qui nous effraie ? Que faire de ce dont on se souvient ? Que faire de nos morts? Comment aimer ? Comment être père ? Comment ne pas faire mal, à l’autre comme à soi-même ? S’il est certes impossible de trouver réponse à ces questions, Jim Shepard nous montre, avec subtilité et simplicité, que vivre avec elles ne se peut qu’en les abordant l’une avec l’autre.

Il n’est question ici que du paradoxe entre l’effroi et la nostalgie.

Jim Shepard, Le Maitre des miniatures, 2017, Vies Parallèles, trad. Hélène Papot.

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