Lettre ouverte* à Madame Milquet, Vice-Présidente de la Fédération Wallonie-Bruxelles,Ministre de l’Education, de la Culture et de l’Enfance

jeter l'argent

 

Madame La Ministre,

 

Représentant une jeune maison d’édition Bruxelloise portant des projets catalogués parfois «difficiles» ou «pointus» et souvent onéreux, nous avons entrepris des démarches en vue de faire aider certains de ces projets par vos services. C’est dans le cadre de ces recherches que nous avons pu prendre connaissance de certains faits particulièrement interpellants. Devant la gravité de certains et l’incurie du fonctionnement global, nous avons alors décidé, plutôt que de nous inscrire benoîtement dans un cadre qui nous semble sous bien des aspects aberrant, d’en dénoncer les errements. Et ce par le biais de cette lettre ouverte.

Soyez certaine qu’il eût sans doute été pour nous plus simple, moins confrontant, de «passer notre chemin». Mais c’eût été cautionner de fait un système qui, non content de ne pas remplir l’objectif culturel qu’il se donne, en mine les principes mêmes. Nous croyons en un service public fort. Nous croyons en une dynamique culturelle d’état. Mais quand celle-ci en vient à dysfonctionner à ce point, elle ne peut faire que le jeu de tous ceux qui désirent la voir réduite à peau de chagrin…

Vous trouverez ci-dessous un certain nombre de faits que nous avons pu relever. Si certains montants incriminés peuvent au premier abord paraître « dérisoires », il convient de les mettre en perspective par rapport au total des montants alloués spécifiquement au secteur de l’édition (pas loin de 1,5 million d’euros) et au voile d’exemplarité dont ce même secteur se drape bien souvent. Ne désirant nullement que ce qui suit soit lu comme des attaques ad hominem, nous avons rejeté en notes – sans prétendre à l’exhaustivité – les documents auxquels nos constatations se référaient. Libre à chacun d’y lire des noms. Quant à nous, nommer les comportements nous semblait plus important que d’en désigner des responsables.

 

1.Le rapport d’activité de la commission Bande dessinées 2014 [1] stipule que la commission a accordé une aide de 8.000 € pour un «soutien à l’édition» d’un des livres de la vice-présidente de la même commission. Le même rapport mentionne qu’un montant de 2.000 € a été alloué pour «aide à la traduction» [2] d’un autre livre de la même vice-présidente de la commission. Alors que cette vice-présidente est présentée nommément dans ce rapport comme faisant partie d’une maison d’édition (maison au sein de laquelle sont édités certains de ses livres), une aide de «soutien à l’édition» de 3.500 € a été attribuée à cette même maison. Par ailleurs, les deux bourses de création d’un montant de 9.000 € chacune distribuées cette même année l’ont été à trois auteurs-éditeurs-fondateurs (chacun à des titres divers) de cette maison d’édition [3]. Deux de ceux-ci ayant été par ailleurs membres (suppléants ou non) de la même commission par le passé. Cette situation se répète – sous d’autres formes similaires – lors des années précédentes [4]. S’il est difficile d’y retrouver une situation aussi caricaturale, ces cas patents de conflit d’intérêt peuvent être observés dans d’autres commissions. Citons juste – presque pour rire – l’exemple du Fond National de la littérature dont 60 % des membres de la commission se sont vus octroyé une aide par la même commission [5] [6]…

Auteur membre de commission recevant des aides, éditeur en percevant d’autres alors qu’il est membre à part entière ou suppléant, etc… les situations ne manquent pas où, in fine, l’argent public est distribué par qui le reçoit…

Il est une évidence que la limite entre juge et partie doit être rendue aussi marquée que possible. Et que cela est une des bases les plus essentielles d’une gestion publique saine. Ces principes cardinaux ont pourtant été grandement oubliés. En rappeler les grands principes ferait presque figure de posture révolutionnaire :

  • Aucune aide ne doit être allouée directement ou indirectement à un membre de commission (suppléant ou non) pendant l’exercice de son mandat.
  • Aucune aide ne doit être allouée à des projets auxquels seraient liés, de près ou de loin, des membres de la commission (un auteur à «son» éditeur, un éditeur à «son» auteur, un éditeur à lui-même via – ou non – l’un de ses représentants)
  • Chaque commission doit veiller à se doter d’un règlement d’ordre intérieur prévoyant précisément les cas de conflit d’intérêt et les mesures à appliquer en vue de leur règlement.
  • Dans le cas où un conflit survient, mention doit en être faite clairement dans les rapports officiels, ainsi que les mesures adoptées

De nombreuses objections pourraient être adressées à ces simples mesures de bonne pratique : «La Belgique est un petit pays», «Nous ne disposons pas d’un réservoir si étendu de spécialistes capables de rendre des avis pertinents», «Il est impossible d’éviter toute «consanguinité»», etc… Autant d’objections fonctionnant comme des oukases et qui n’ont d’autre but que de se conforter dans un mode de fonctionnement dont profitent actuellement ceux, précisément, qui les formuleraient.

2. En Belgique, une publicité des comptes des entreprises et des associations est obligatoire. Toute aide de la Fédération Wallonie Bruxelles étant subsidiée à la mise à disposition des comptes de l’organisation en ayant bénéficié [7], il va dès lors de soi – et les personnes que nous avons pu entendre, par exemple au Greffe, nous l’ont clairement stipulé – qu’aucune aide ne pourrait échoir à une maison d’édition ne publiant pas ses comptes. Or, certaines maisons d’éditions n’ont – parfois dix années durant [8] – pas pris la peine de déposer ceux-ci, soit auprès du Greffe du Tribunal de Commerce (pour les associations), soit à la Banque Nationale (pour les entreprises)… tout en continuant à bénéficier de subsides. Cela ne nous semble pas être une simple mesure formaliste. En effet, comment prétendre vérifier l’utilisation d’un subside, alors même que les comptes devant en faire état n’existent pas pleinement ? Détail croustillant qui démontre, par l’absurde, l’absence d’un contrôle efficace : un éditeur ne publiant plus ses comptes depuis deux ans a continué à bénéficier de l’attribution de subsides… alors même qu’il était en situation de faillite [9].

3. De nombreuses dispositions réglementent le versement d’aides, soit par le biais d’une convention particulière [voir 7 ci-dessus] entre la Fédération Wallonie Bruxelles et l’éditeur, soit par celui d’une charte générale [10] à laquelle doit se soumettre tout demandeur. Nous nous sommes rendu compte qu’alors même que ces dispositions sont émises par le service public, ce dernier ne veille souvent que fort peu à leur respect.

  • La charte générale impose à l’éditeur demandeur de recourir aux services d’un professionnel pour sa diffusion et sa distribution. Or seuls quatre éditeurs bénéficiaires d’aides satisfont au sens strict à cette exigence. Nous croyons que celle-ci est essentielle. Il est du rôle fondateur de l’éditeur de veiller à la diffusion et la distribution de son catalogue. Il n’est qu’intermédiaire et se doit d’assumer les obligations qui fondent son travail. Faire connaitre le travail de l’auteur est sa fonction cardinale. Et si tout éditeur n’a pas vocation à rentrer en diffusion et distribution dans un grand groupe, il se doit de donner des garanties à cet égard au pouvoir subsidiant. A qui il revient à tout le moins de veiller au respect des règles qu’il édicte.
  • Un tirage minimum est parfois d’application. Nous connaissons des cas où ces chiffres ne sont pas respectés de moitié. Sans que les montants alloués, ne soient, eux, revus à la baisse (alors même qu’ils sont fixés sur base du tirage !).
  • Une des règles principales à laquelle doit se soumettre l’éditeur est le paiement scrupuleux des droits d’auteurs. Ce qui ressort de l’évidence. Il appert malheureusement que cela n’est pas toujours le cas (un simple aperçu des comptes – pour autant qu’ils soient disponibles – le démontre). Si les droits d’auteurs ne sont pas payés, les aides, elles, continuent à être versées…

4. Alors qu’il semble de bon ton de répéter à l’envi qu’il n’y a pas assez d’argent investi dans la culture – il n’est pas dans notre propos ici de prendre position à cet égard -, nous avons pu constater que beaucoup d’éditeurs reçoivent des moyens considérables (eu égard à ce type d’économie) de la part de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Nombre d’entre eux en viennent à recevoir (via des conventions et/ou des aides plus spécifiques) de quoi pouvoir assumer, grâce à ces seules aides, leur mission entière. Et cela depuis de nombreuses années. Sans compter que nombre d’éditeurs perçoivent des aides auprès de plusieurs structures de la FWB [11], comme auprès d’autres (WBI, communes, CNL, etc…). Loin de nous l’idée de nous plaindre d’un investissement considérable mais un tel niveau de financement revient parfois de fait à se montrer contre-productif. Nous pensons qu’il est de l’essence de la mission de l’éditeur de prendre un risque. Lui enlever, de fait, sa dimension financière nous parait aller de pair avec une déresponsabilisation à terme castratrice. S’il peut être effectivement intéressant de ne pas faire dépendre la culture d’impératifs uniquement matériels, il ne nous semble pas opportun de l’en distancier d’office et sans discernement. Autant l’auteur, l’artiste, dans son processus créatif, a légitimement besoin de s’inscrire dans une démarche demandant du temps et nécessitant une suspension économique, autant l’éditeur a pour fonction essentielle d’amener l’œuvre dans un tissu commercial. En le finançant entièrement et structurellement, on lui retire si pas sa raison d’être, du moins l’une de ces plus-values fondatrices. A tout le moins – et les remarques précédentes démontrent son insuffisance – tout éditeur financé à ce point par de l’argent public devrait faire l’objet d’un contrôle efficace. Nous ne trouvons par ailleurs pas normal que des financements publics aussi importants – toute proportion gardée – puisse ainsi être dévolu de manière structurelle (depuis très longtemps pour certaines maisons) à des sprl [12]. Dont l’objectif, comme leur raison sociale l’indique, est bien de réaliser du bénéfice.

5. Il n’est un secret pour personne qu’imprimer en Belgique coûte plus cher que dans d’autres pays. Ce dont la majorité des éditeurs belges subventionnés ont pris bonne note en délocalisant massivement les travaux d’impression. Il ne nous semblerait pas illogique que – comme cela est le cas pour d’autres secteurs en FWB – soient imposées des obligations relatives aux dépenses. Sans qu’on doive y voir une volonté de protectionnisme, il ne nous semblerait pas éhonté d’exiger qu’une partie des aides publiques puissent retourner à ce public et que l’on favorise ainsi l’impression en Belgique d’un livre aidé en Belgique. D’autant que les raisons présidant à ces choix ne sont très majoritairement – sous couvert parfois d’excuses faciles – que de l’ordre du coût. Coût dont on sait qu’il n’est que la traduction économique d’un dumping social. Sans ce type de mesure qui plus est, l’attribution aveugle d’un subside public à un secteur en vient à en fragiliser un autre tout aussi précarisé.

6. Toutes les conventions que nous avons pu consulter sont basées sur des objectifs quantitatifs. En clair, un éditeur bénéficiant d’aides de la Fédération Wallonie Bruxelles s’engage à éditer un certain nombre de titres par année [13]. Nonobstant certains aménagements à la marge sur l’objectif (tirage, obligation parfois de promouvoir des auteurs de la région, etc…), cette mesure, récurrente, érigée en principe, nous semble l’aberration même. Comment concevoir qu’un service culturel puisse reposer sur de simples objectifs de quantité ? Comment dire promouvoir la culture en contraignant ses opérateurs à «faire du chiffre» ? Alors que les libraires sont assaillis chaque année d’un nombre toujours plus considérable de titres toujours plus dispensables, cette vision aberrante de la culture aboutit à ajouter à l’inutile. La culture n’a que faire de la quantité. Elle est affaire de qualité.
Nous pensons qu’aucune aide structurelle ne devrait être allouée à un éditeur. Seuls des projets devraient se voir doter de subventions. Et cela sur base d’avis clairs, détaillés et argumentés rendus par des commissions d’experts – et cela nous renvoie au début de ce courrier – réellement indépendants. C’est, à notre avis, la seule possibilité (garantie, il n’y aura jamais) de voir émerger au mieux une culture exigeante et novatrice.

 

Conflits d’intérêts, absence de contrôle sérieux de ce qui est fait de subsides octroyés, critères abscons, mode de fonctionnement général erratique, le constat est préoccupant. Et nous n’avons nullement visé à une quelconque exhaustivité, nous contentant ici de relayer ce qui émergea de notre recherche de renseignements. Nous n’avons pas non plus axé ce qui précède sur de quelconques critères qualitatifs des productions des éditeurs subventionnés. C’eût été usurper le rôle que nous désirions jouer ici. Disons juste que la qualité parfois interpellante de certaines publications financées par la FWB ne nous semble pas être sans lien avec son fonctionnement général.
Le public mérite un investissement culturel conséquent et de qualité. Le secteur culturel, lui-même souvent donneur de leçon – et cette lettre en est peut-être un exemple supplémentaire – se doit de ne pas oublier à quoi, pour qui et grâce à qui il remplit ses missions. Au risque sinon de se séparer toujours un peu plus des raisons qui le fondent.

 

Nous vous prions, d’agréer, Madame, l’expression de nos sentiments les plus distingués.

 

Pour Vies Parallèles,

Emmanuel Requette.

 

[1]http://www.bandedessinee.cfwb.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=a16262d2f6482e5c6fe6df8cf492abcb0516fc3f&file=fileadmin/sites/bd/upload/bd_super_editor/bd_editor/bilan_public_Commission_BD_pour_2014.pdf (page 6)

[2]http://www.bandedessinee.cfwb.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=a16262d2f6482e5c6fe6df8cf492abcb0516fc3f&file=fileadmin/sites/bd/upload/bd_super_editor/bd_editor/bilan_public_Commission_BD_pour_2014.pdf (page 7)

[3]http://www.bandedessinee.cfwb.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=a16262d2f6482e5c6fe6df8cf492abcb0516fc3f&file=fileadmin/sites/bd/upload/bd_super_editor/bd_editor/bilan_public_Commission_BD_pour_2014.pdf (page 6). http://www.fremok.org/site.php?type=P&id=10. http://www.ejustice.just.fgov.be/tsv/tsvf.htm (taper 0454366212)

[4] 9.000 € d’aide à la création pour la vice-présidente en 2011, 6145 € d’aide en 2012 pour un auteur qui fut membre suppléant de la commission (impossible de savoir s’il l’est encore à cette date), de nombreuses autres aides accordées à l’éditeur avec lequel ces auteurs précités ont parties liées, la liste est longue… http://www.bandedessinee.cfwb.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=72bb6c4170acca2546393475591b404116f9d348&file=fileadmin/sites/bd/upload/bd_super_editor/bd_editor/documents/bilans_publics/Bilanpublic_commissionBD2007-2008.pdf, http://www.bandedessinee.cfwb.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=aa3e0cfcc4925ef0ed2197d6bf080cc56fdcba92&file=fileadmin/sites/bd/upload/bd_super_editor/bd_editor/documents/bilans_publics/Bilanpublic_commissionBD2011.pdf, http://www.bandedessinee.cfwb.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=fa9e53d34bc4e3153cd771f5d624a90f5c13b386&file=fileadmin/sites/bd/upload/bd_super_editor/bd_editor/documents/bilans_publics/bilan_public_CBD_2012__4___2_.pdf

[5] http://www.arllfb.be/fnl/commission.html

[6] http://www.arllfb.be/fnl/auteurs.html

[7] http://www.culture.be/index.php?id=3526&no_cache=1. L’article 6 de chaque convention prévoit systématiquement une libération du solde des subventions versées après réception « des comptes, bilan et rapport d’activité de l’exercice précédent ». Comment s’assurer de leur validité s’ils ne sont pas déposés en bonne et due forme ?

[8] Un simple passage auprès du greffe de Tribunal de Commerce de Bruxelles vous renseignera sur certains : le numéro d’entreprise 0454366212 n’a pas remis ses comptes dix années durant, aucun compte déposé dans les formes non plus pour les numéros 0473210738 et 0841060769. Remarquez ici notre souci (hypocrite diront d’aucuns) de ne pas verser dans l’ad hominem…

[9] http://cri.nbb.be/bc9/web/catalog?execution=e1s1 (tapez 0873889034). Ce qui ne le priva nullement de ses subsides en 2012 : http://www.culture.be/uploads/tx_cfwbtransparence/Transparence_2012_-_DO_01.pdf (voir article de base 33 17 21), ni en 2013 : http://www.culture.be/uploads/tx_cfwbtransparence/Transparence_2013_-_DO_22.pdf (voir article de base 33 17 21), ni apparemment en 2014, année de sa faillite : http://www.culture.be/uploads/tx_cfwbtransparence/Transparence_2014_-_DO_22.pdf (voir article de base 33 17 21)

[10]http://www.lettresetlivre.cfwb.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=aec50c869eeb122c20dc44953e374d2a83cc2768&file=fileadmin/sites/sgll/upload/sgll_super_editor/sgll_editor/images/Charte_du_Service_general_des_Lettres_et_du_livre.pdf

[11]http://www.culture.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=136cc85a25b0343edc227b5b0952b4b5b12f7211&file=uploads/tx_cfwbtransparence/freon_2014-2017.pdf. L’éditeur perçoit ici une aide structurelle de la commission « arts plastiques » d’un montant de  27929  €/an pour des missions qui ne débordent pas le cadre de l’édition.http://www.culture.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=b76cd091edf279e9b65295a789b56edbaa29661c&file=uploads/tx_cfwbtransparence/ante_post_2014-2017.pdf. Si la mission est étendue ici pour partie hors d’un champ de compétences éditoriales, une plus grande clarté et des limites claires entre les rôles joués par les différentes commissions ne nous paraitraient pas un luxe.

[12]http://www.culture.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=6b7be1974c0405727f79368a14ac90b8ea618152&file=uploads/tx_cfwbtransparence/Convention_editions_Luce_W_2013-2015.pdf. 57250 €/an et 15 titres, soit 3817 € par titre… Connaissant les tirages demandés (600. Sont-ce bien ceux réalisés ?), l’imprimeur (Bulgare) et le fait que ces titres soient essentiellement francophones, ce sont bien les subsides qui financent entièrement, en sus de ses activités, la structure même de cette maison constituée comme une sprl.

[13] http://www.culture.be/index.php?id=3526&no_cache=1. Tapez dans l’espace disponible le nom de quelque éditeur que ce soit, toujours vous tomberez sur une convention qui n’a d’autre principe que quantitatif.

 

* Certains nous reprocheront peut-être le ton assez posé et fort peu sarcastique de ce qui précède. Tout cela est un peu lourd, certes, et ne ressemble pas tellement à ce que nous nous proposons de faire d’habitude (quant à prétendre que nous y réussissons…). Mais, diantre, ce n’est pas tous les jours que l’on écrit à une ministre!

Lien Permanent pour cet article : http://www.librairie-ptyx.be/lettre-ouverte-a-madame-milquet-vice-presidente-de-la-federation-wallonie-bruxellesministre-de-leducation-de-la-culture-et-de-lenfance/

(14 commentaires)

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    • Daniel on 30 décembre 2015 at 21 h 13 min
    • Répondre

    La défense des personnes incriminées dans les commentaires ci-dessus est clownesque au possible. Aucune crédibilité. On n’en finirait pas de décliner les symptômes de la bêtise et de l’évidente collusion entre les acteurs de ce dossier…

    • eric lambe on 10 décembre 2015 at 18 h 39 min
    • Répondre

    Bonjour Emmanuel,

    rapidement après avoir pris connaissance de ta (je me permets de te tutoyer) missive à la Ministre de la Culture, je t’ai fait part des quelques réflexions que m’inspiraient celle-ci. Tu n’as pas validé mon courrier sur ton blog, jugeant que certains arguments relevaient du privé. Soit, c’est le blog de ta librairie. je t’ai proposé que nous nous rencontrions afin d’échanger nos points de vue.
    Ce que nous avons fait ce mercredi.
    C’était il me semble une franche discussion, un débat entre personnes qui je le crois se respectent et peuvent communiquer ensemble humainement dans un but constructif.

    Depuis, Philippe t’a fait part de ce que lui inspirait ta lettre. J’y souscris pleinement, ce qui risque d’être mal pris vu que nous travaillons ensemble (lui comme scénariste et moi comme dessinateur) depuis pas mal de temps.

    J’aimerais tout de même pouvoir le plus clairement et publiquement possible faire connaître ma position au travers de quelques réflexions. Je reprends ici quelques points de mon premier courrier (je précise que je parle de ce que je connais un peu ou comme tu le penses, je connais très, TROP BIEN: la commission d’aide à la bande dessinée).

    Tu souhaites que nous parlions essentiellement du FOND de ton propos. Et bien, que je suis en complet désaccord avec la forme que tu as choisie. Parlons-en.

    Je tenais à préciser que je trouve VALEUREUX de ta part d’essayer d’aider nos commissions culturelles à y voir clair dans leur fonctionnement et à trouver le JUSTE JUGEMENT ( DERNIER ). Il est vrai qu’il n’est pas facile de mettre sur la table les critères établissant de manière JUSTE et EQUITABLE l’octroi ou non d’une bourse relevant des deniers de nos concitoyens. Mais je pense que tu te trompes de CIBLE et de METHODE. Il ne s’agit pas de juger des personnes, mais bien des projets. Un projet est ou non susceptible d’être soutenu par de l’argent public. Il y a là une vrai question: quels « types » de projets sont susceptibles ou méritent d’être soutenus par de l’ARGENT PUBLIC.

    « LES CONFLITS D’INTERETS »

    Effectivement, je suis suppléant de la Commission d’aide à la bande dessinée et plusieurs fois j’ai proposé des projets qui ont été retenus et subventionnés. J’ose espérer que c’est pour la qualité de ces projets et non pour ma personne que j’ai bénéficié de cette aide. Il n’a jamais été dit qu’un membre ou suppléant de cette commission n’avait pas le droit d’être soutenu par celle-ci et c’est tant mieux, car si cela leur interdisait de postuler à une aide, je doute que beaucoup d’auteurs aient encore le désir d’y participer.
    De, plus je n’ai jamais participé à l’une de ces commissions. Si j’avais postulé à cette commission, ce n’est vraiment pas pour favoriser mes intérêts, mais tout simplement parce qu’il avait été proposé à sa création que des membres du corps professoral soient représentés au sein de cette commission. Je n’ai pas été retenu et c’est tant mieux, je trouvais que c’était une surcharge de travail dont je me passe très bien. Je remercie (et pas seulement parce qu’ils ont soutenu mes projets) ceux qui ont accepté et font ce boulot.

    Tout a toujours été clair. La preuve, cela n’a pas été un trop gros travail pour toi de mettre sur la table  les « choses brûlantes». Tout est PUBLIC, un simple clic suffit. Il n’y a rien à chercher, dévoiler, tout est là VISIBLE aux yeux de tous.

    Il est très facile de tirer la conclusion qu’il y a CONFLITS D’INTERETS. Je ne pense pas que ce soit le principal souci lié au bon fonctionnement de cette commission, mais nous pouvons en discuter ou plutôt nous aurions pu en discuter. Cette commission est composée de divers intervenants occupant diverses fonctions dans la sphère de la bande dessinée (auteurs d’horizons divers, journalistes, enseignants, historien de la bande dessinée, etc.) et des membres de diverses formations politiques. Je suis persuadé qu’ils n’ont pas tous le même regard sur la bande dessinée et qu’il s’agit à chaque fois de débats et de réflexions quant à la pertinence des projets présentés ainsi qu’à la légitimité de les soutenir avec de l’ARGENT PUBLIC.
    (Tu sembles donner beaucoup d’importance et de pouvoir à la Vice Présidente de cette commission dont je pense que la position particulière dans le champ de la bande dessinée apporte à cette commission un regard autorisant l’épanouissement d’une bande dessinée vivante, exigeante et novatrice).

    Tu proposes que des personnes extérieures au champ de la bande dessinée participent aux commissions, en tant que lecteurs, amateurs éclairés. Soit, discutons-en. Mais comment vas-tu juger de la pertinence de ces possibles membres ? Un diplôme de « lecteur particulièrement expert « , un avis d’ « expérience utile de lecteur » … Pourquoi n’y aurait-il plus de risques de conflits d’intérêt? Exemple : un lecteur est ami avec des auteurs, ils aiment leur travail, il les rencontre en dédicace, il entretient des relations d’amitiés, etc. Je ne vois pas trop en quoi ça garantirait du PRINCIPE d’impartialité.
    Ceci dit, ça ne change rien au problème, je suis persuadé qu’il faut dans les commissions des acteurs directs du médium concerné. Ce n’est tout de même pas du tout la même chose d’avoir les mains dans le cambouis ou des gants blancs pour ne pas abîmer les belles pages de merveilleux livres que l’on aime par dessus tout . Sorry pour le ton un peu sarcastique de cette remarque, je ne peux pas m’en empêcher.

    Pourquoi ne pas avoir été trouver les responsables et membres de cette commission avant de publier PUBLIQUEMENT le fruit de tes recherches, si ce n’est pour faire un coup d’éclat ? Cette démarche m’aurait paru plus constructive pour tous.
    Je trouve étrange que finalement tes réflexions finissent par mettre en exergue ( point 1 de ta lettre, le premier que le lecteur se prend dans la figure, avant d’aller plus loin: LECTEUR, voyez comme C’EST POURRI ! ) le fonctionnement d’une commission dont, pour finir, tu dis reconnaître les qualités des livres et maisons d’édition subventionnés par celle-ci, et « je dirais même plus, cher Dupond » de les AIMER.

    Il me semble qu’il est tout de même symptomatique des moments que nous vivons que des gens qui devraient s’entraider en vue d’un mieux se combattent en s’accusant l’un l’autre de DYSFONCTIONNEMENTS, de MALVERSATIONS. La vraie question n’est-elle pas le soutien encore insuffisant à la culture ? Ou comment l’améliorer pour le bien de TOUS en discutant entre personnes qui se parlent, s’estiment, se regardent au lieu de s’envoyer des « attaques » de derrière leurs écrans par l’intermédiaire de blogs et de réseaux sociaux !?
    Comme tu le vois, je suis aussi capable de JUGEMENTS SIMPLISTES.

    PS : je n’aime pas DU TOUT le visuel que tu as utilisé (Il me semble que tu ne mentionnes pas ta source… ce n’est pas bien Emmanuel!) pour illustrer ta lettre. Il m’évoque un sentiment d’horreur nauséabonde, puant un POPULISME qui m’insupporte. J’espère que dans le prolongement de ceci on ne jettera pas mes livres au feu !

    Sur ce, Bises et AMOUR à tous, même à toi Emmanuel !

    Eric Lambé

    PS 1 : je n’aime pas DU TOUT le visuel que tu as utilisé (Il me semble que tu ne mentionnes pas ta source… ce n’est pas bien Emmanuel!) pour illustrer ta lettre. Il m’évoque un sentiment d’horreur nauséabonde, puant un POPULISME qui m’insupporte. J’espère que dans le prolongement de ceci on ne jettera pas mes livres au feu !

    PS 2 :Un peu de PUB, ce n’est pas facile de faire et vendre des livres: PUBLIC, je t’invite à ACHETER MES LIVRES et à JUGER de la pertinence ou non de les subventionner avec de ton ARGENT. Vous en trouverez chez Frémok, mon éditeur de COEUR mais aussi chez Casterman et Futuropolis, trois éditeurs professionnels.

    1. Comme je te l’ai dit, je n’ai pas à rougir de ma démarche, ni quant au fond, ni quant à la forme. Et n’ai nullement besoin pour ce faire de me retrancher derrière les soutiens quasi unanimes que je peux recevoir. Me suffisent seuls les arguments clairs et légitimes qui en fondent l’origine, ainsi que les souvenirs de mes échanges à cet égard avec de nombreuses personnes.
      Depuis ma découverte du fonctionnement de la commission BD, il y a six mois, j’ai échangé à de nombreuses reprises avec un éditeur dont la maison pouvait être incriminée par les constations faites. Ainsi l’ai je rencontré deux heures durant, deux ou trois jours après cette découverte. Je l’ai tenu au courant de l’ensemble de ce que j’avais pu fortuitement découvrir. A la fois de ce qui pouvait être reproché cette maison, en droit comme en morale, comme de nos intentions d’agir. Je ne lui ai rien dissimulé (du moins pour ce qui concernait directement ou indirectement sa maison d’édition). Peut-être aurais-je du vous contacter tous? C’est possible. Et si avant de nous rencontrer j’avais un doute sur cette question, celui-ci fut levé lors de celle-ci. Effectivement, je reconnais ne pas m’être adressé à la personne idoine. C’est bien à la commission elle-même que j’aurais du en appeler, plutôt qu’à l’un des éditeurs. C’est exact. Ceci bien précisé – et le fond restant inchangé -, à aucun moment, les arguments (je le répète, fondés en droit comme en éthique, et unanimement reconnus, si pas pratiqués, ailleurs) que nous opposions auprès de cet éditeur n’ont été entendus. A la question que j’ai posé à de nombreuses reprises : “Que comptez vous faire?”, la réponse fut systématiquement : “Rien, pourquoi?”. A chaque fois, j’ai alerté de nouveau sur le caractère scandaleux des documents auxquels le nom de cette maison était associé. A chaque reprise, j’ai précisé de nouveau nos démarches. Diantre, quand de l’argent public est distribué dans des conditions douteuses, et que ceux qui en profitent ne veulent pas même entendre que ces conditions sont douteuses, que doit-on faire? Se taire? Espérer une descente éclair de l’esprit saint? Ou s’aplatir et reconnaître que finalement, tout cela servant une fin à laquelle soi-même on croit, les moyens n’ont finalement que peu d’importance? A mon sens, la fin ne justifie jamais les moyens. Non que cela soit seulement une raison morale. Mais elle d’ordre pragmatique aussi. Je pense réellement qu’à ne plus prendre en compte qu’une fin, on n’en vient à en rendre l’importance indiscernable par rapport à d’autres, au mieux dispensables, au pire mortifères. Face aux faits (indubitables) et face au déni, j’ai cru, et crois encore, que ce choix était le meilleur.

      La démarche entreprise ne l’est pas contre cette maison ou contre des personnes en son sein (dont je reconnais la qualité du travail et la légitimité à être aidé). Ni même contre d‘autres. Mais bien contre les dysfonctionnements d’un système. Tu dis qu’il n’y a pas assez d’argent dans la culture? Sans doute, oui. Mais je pense, quant à moi, qu’il est d’abord urgent de veiller à utiliser correctement celui qui est disponible. Cela n’est pas le cas. Si tu lis l’ensemble de notre lettre, tu ne pourras pas ne pas admettre que la situation est préoccupante. Et qu’au sein de cette situation qui la déborde grandement, le cas des conflits d’intérêts au sein de la commission BD est, malheureusement un exemple édifiant. Mais qui n’a que valeur d’exemple! Exemple qui ne doit pas cacher – parce qu’on se limiterait, dans une lecture, au seuls éléments qui paraissent vous mettre en cause – le tableau d’ensemble.

      Je t’embrasse aussi, Eric.

      PS : j’ai peu hésité sur l’illustration. Tu lui trouves des relents populistes? Je crois que la raison de ces relents n’est à trouver que dans les liens que celui qui la lit tisse avec elle. Elle représente une petite vieille qui jette de l’argent au feu, c’est vrai. Mais c’est quoi donner de l’argent public sans en contrôler l’utilisation? C’est quoi donner de l’argent public à une maison d’édition en faillite? C’est quoi donner de l’argent “pour de la culture”, sur base de critères quantitatifs? Si tu n’associes pas cette image qu’à ton cas (qu’elle n’a certes pas vocation à illustrer), peut-être pourras tu en reconnaître, à défaut de l’aimer, la pertinence.

    • de pierpont philippe on 10 décembre 2015 at 13 h 38 min
    • Répondre

    Re-bonjour,

    Je vus remercie pour votre réponse rapide. Voici quelques précisions nécessaires.
    Je rectifie donc l’adjectif « poujadiste ». Vous avez raison, « populiste » me semble sans doute plus approprié. Et bien sûr je ne parle pas de votre démarche mais du parfum qui l’entoure (je me réfère entre autre au terme « mafieux » qui fait taire toute discussion. On ne discute pas avec des mafieux, on les met en taule… si on a les moyens).
    Quant au fond, il n’y a pas de prétention à dire que que je ne vois pas actuellement de meilleure raison pour faire partie d’une commission de soutien des pouvoirs publics à la culture que d’être impliqué dans le domaine en question. La commission n’a jamais refusé la demande de quelqu’un, boucher, délégué syndical ou pilote de ligne, qui s’intéresse et qui connait les enjeux de faire partie des membres. Je dis bien qui connait les enjeux, car être simplement « amateur » de BD » ne me semble pas suffisant (en passant, votre accusation de mépris et de présomption filtre justement avec ce parfum de populisme et est totalement déplacée : avant d’être un auteur, j’ai été chômeur, étudiant, ouvrier, technicien de théâtre et j’en passe).
    Et bien sûr, être auteur ou libraire n’est pas contradictoire avec la fermeture d’esprit ou des opinions inverses aux valeurs que défend la commission de soutien! C’est une évidence. Mais la pluralité des points de vue , des intérêts, des avis et des opinions me semble être un excellent garde-fou aux « collusions » possibles et que je ne souhaite pas plus que vous. Un autre détail que vous passez sous silence : les membres de la commission se retirent du débat et ne prennent pas part à la décision quand ils présentent un projet, bien évidemment. C’est le minimum, et un autre garde-fou.
    Le fond, c’est cela : comment installer et gérer au quotidien ces gardes-fous. Et j’attends d’ailleurs toujours avec intérêt vos propositions alternatives…

    En espérant que cet échange ne soit pas de l’ordre de la polémique stérile, mais bien du débat nécessaire…
    Bien à vous,
    Philippe de Pierpont

    1. Les moyens d’organiser ces garde-fou, relativement au conflit d’intérêt du
      moins, sont précisés dans ma lettre et sont, je le pense, assez clairs. Je
      maintiens que le seul fait de sortir d’une commission (ce que rien ne vient
      en l’espèce ni réglementer, ni documenter) ne vient nullement résoudre ces
      situations évidentes de conflit d’intérêt.
      Quant aux commentaires utilisant à mauvais escient l’immense sémantique à
      disposition, je les regrette. Si je savais bien entendu en susciter pour
      partie l’émergence, je n’en assume que ce risque pris, pas la teneur.
      Et, bien sûr, je suis très loin du polémiste stérile. Et pense toujours que
      ce débat est d’autant plus sain qu’il est public.
      Car nous ne parlons ici – je crois qu’il est utile que je le rappelle – que
      de cela.
      Bonne journée.
      Emmanuel.

    • de pierpont philippe on 10 décembre 2015 at 1 h 15 min
    • Répondre

    Bonjour,
    quelques réflexions à propos de votre enquête…
    Je suis (entre autre) scénariste de BD et j’ai par deux fois reçu une aide de la Commission BD pour des albums qui ont été publiés (au tirage annoncé, puis distribués et vendus par des vrais professionnels, et – entre autre – par une maison d’édition que vous dénoncez) et je suis fier de la qualité de ces albums. J’ai été aussi pendant deux ans membre de la dite commission. Si je suis interpelé par quelques aspects de votre enquête, je ne partage pas du tout votre analyse générale. Tout n’est pas parfait, loin de là, mais le fonctionnement de la Commission BD est transparent (la preuve, vous avez trouvés tous les renseignements), le règlement y est respecté de manière général (peut-être est-ce le moment de le (re)questionner… ), les membres ne sont pas des mafieux comme je peux le lire sur certains commentaires, les débats sont contradictoires face à chaque projet déposé et les critères essentiels qui fondent les choix d’aide de la Commission sont des critères qualitatifs (contrairement à l’amalgame qui émerge de votre lettre).
    L’aspect « incestueux » m’a toujours interpellé, mais je ne jetterais pas le bébé avec l’eau du bain de vos attaques en règle. D’abord, je soutiens le fait que les membres des commissions de soutien public soient des « professionnels » qui ont une expérience directe du métier (c’est le cas dans toutes les commissions – cinéma, danse, théâtre,…), encadrés par un secrétaire et un représentant du ministre. Qui d’autres déciderait du soutien des pouvoirs publics à un projet artistique? Un pilote de ligne, un avocat, une ménagère, un employé du privé, un du public, un serrurier? Un panel représentatif de la population belge francophone? Non, soyons sérieux, si vous avez des propositions alternatives, faites-le savoir, je serais curieux et intéressé. Pour moi, les membres de la commission doivent représenter tous les métiers de la chaîne. Pour la BD : auteurs, éditeurs, libraires, diffuseurs, distributeurs, journalistes, enseignants, « experts » reconnus, … en nombre suffisant pour qu’un vrai débat contradictoire ait lieu dans la pluralité des avis et des intérêts de chacun. Avec autant de femmes que d’hommes, ce serait un changement notable… Et avec un renouvellement régulier.
    Mais voilà, la plupart d’entre nous/vous se défaussent par manque de temps, d’énergie, toujours le nez dans le guidon… Un libraire impliqué comme Ptyx ne s’est pas présenté pour faire partie de la commission, par exemple. Dommage. Surtout s’il veut interroger et changer son fonctionnement (à moins que la composition de la commission vous fasse penser que c’est peine perdue par manque d’honnêteté? C’est que vous ne les connaissez pas si bien). Non, si la pluralité et le renouvellement des membres sont limités, ce n’est par par désir de garder les places « entre soi », c’est parce que – malgré les demandes – personne n’a envie de « se taper » la lecture et l’analyse des dossiers, les réunions et leur préparation. J’en profite pour dire mon estime à celles et ceux qui « tiennent le coup ». C’est une tâche prenante et quand j’ai quitté la commission, une des raisons était que je pensais sincèrement qu’il faut renouveler régulièrement les membres, mais aussi parce que j’avais envie de bosser égoïstement sur mes projets! Je ne renie aucun des choix que j’ai fait quand j’y étais. Les livres soutenus par la commission BD sont pour la plupart des bons livres, de qualité, des livres difficiles qui méritaient le soutien accordé.
    Une dernière remarque : le sentiment que j’ai en lisant cette lettre ouverte à Madame la Ministre est très mitigé. La volonté puriste de justice Dash qui lave plus blanc que blanc, avec votre motivation exprimée de soutenir la politique culturelle des pouvoirs publics, me semble mener à son contraire : une sale odeur de poujadisme… (alors que je suis sûr que vous n’êtes pas de ce bord-là vu votre travail de libraire). Il suffit de lire le ton des commentaires qui naissent de votre démarche. Et ça pue déjà assez pour le moment.
    Bien à vous,
    Philippe de Pierpont

    1. Bonjour,

      Mon propos, relativement à la commission BD, n’est nullement celui que vous paraissez me prêter. Néanmoins, répondons-y :

      – Vous dites que la présence d’auteurs dans une commission est absolument nécessaire à son bon fonctionnement. Je n’en suis personnellement pas si sûr. Premièrement, je pourrais vous y opposer un petite (et amusante) contre-preuve par l’absurde en vous proposant une liste extrêmement longue d’auteurs que vous ne désireriez certainement pas voir présider aux destinées de projets soumis à une commission BD. Deuxièmement, je ne crois nullement qu’un auteur (ou un éditeur, ou un libraire) soit nécessairement le mieux à même de remplir ce type de fonction. Mon expérience de libraire me le démontre chaque jour. L’écrasante majorité des gens qui achètent des œuvres pointues dans ma librairie (que ce soit de la « poésie d’avant-garde », de la « BD de création », de la « philosophie d’avant-garde », etc…) ne sont ni auteurs, ni éditeurs, ni libraires, ni – de près ou de loin – des professionnels du livre ou des artistes. Ce sont des avocats, des enseignants, des bouchers, des fonctionnaires, des chômeurs, des facteurs, des étudiants, etc… Qu’ils les achètent et s’en délectent démontre qu’ils sont, eux aussi, capables d’en saisir les enjeux. Qui plus est, cinq années passées, j’occupais moi-même une fonction qui n’avait rien à voir avec les milieux du livre. Est-ce pour cela que j’eus été alors moins apte à juger du caractère nécessaire d’une oeuvre que je ne le suis maintenant? Peut-être eu égard à l’expérience accumulée depuis, mais nullement eu égard à la différence de fonction. Se loge à mon sens dans votre opinion (qui n’est rien d’autre qu’une opinion), un zeste de mépris et beaucoup de présomption.
      – Vous mettez l’accent sur la qualité des livres que les aides octroyées ont permis de produire. Je ne le conteste absolument pas.

      Mais mon propos n’était nullement là. Que les projets soutenus soient bons, qu’on retrouve à siéger dans la commission qui doit en juger des bouchers, des charcutiers, des funambules unijambistes, des jongleurs manchots, des dessinateurs, des chômeurs, des eurocrates, peu m’importait ici! Ce qui m’intéressait ici (et je n’ai nullement dit que cela ne m’intéresse pas dans l’absolu) est qu’il est inacceptable que l’on puisse se retrouver à ce point juge et partie!!!

      Vous arguez d’intentions que je ne tiens pas. Je ne critique que les situations patentes de conflit d’intérêt qui émaillent depuis longtemps cette commission. Je ne lis dans ce que vous venez de m’écrire aucune réaction relative à cet état de fait. Vous répondez à côté!

      Relativement à votre dernière remarque, je vous dirais deux choses :

      1. Votre absence de réponse quant au fond vous concernant de mon courrier désamorce cette remarque profondément biaisée.
      2. « Attitude fondée sur des revendications corporatistes et sur le refus d’une évolution socioéconomique » (définition de « poujadisme » : Petit Robert 2013). Pour un scénariste, vous lisez mieux à côté des textes que vous ne me semblez veiller précautionneusement à choisir une sémantique adéquate. A poujadiste, poujadiste et demi…

      Bonne journée.

      Emmanuel Requette.

        • de pierpont philippe on 10 décembre 2015 at 14 h 17 min
        • Répondre

        Une dernière intervention, pour que tout soit clair et pour clôturer ma participation à ce débat. Le fond, c’est :
        1) Faut-il une politique culturelle des pouvoirs publics, ou laissons-nous cela au libre-marché?
        2) Quelle devrait être cette politique culturelle et sous quelle forme l’Etat soutiendrait l’art et la culture?
        Je pense que sur ces deux premiers points, nous semblons d’accord.
        3) Quelle peut être la meilleure composition d’une commission de soutien à la BD?
        4) Et quels garde-fous à mettre en place pour éviter au mieux les possibles conflits d’intérêt?
        Sur ces deux derniers points, j’ai déjà réagi, en désaccord avec vous.

        Bien à vous,
        Philippe de Pierpont

    • Courtois on 4 décembre 2015 at 21 h 33 min
    • Répondre

    Le nouveau journal d’information MEDOR cherche des sujets pour les prochaines publications. Vous pouvez peut-être leur soumettre le sujet…

  1. Ce qui est remarquablement démontré ici, en termes bien mesurés, s’apparente à un scandale. Un petit scandale eu égard à d’autres, plus spectaculaires et dont « la presse » est friande,mais un scandale tout de même, foi d’auteur… ce courrier a-t-il été adressé à la ministre par une autre voie que celle-ci ? Et à quelques journalistes dignes de ce nom ? II me plairait de le savoir….

    Bien à vous.

    Jean-Pierre L. Collignon, journaliste et chroniqueur la retraite. Mais toujours actif !

    1. Bonjour,
      Ceci fut envoyé à quelques journalistes, oui. Dont on ne sait s’il s’en saisiront. Si vous en connaissez, n’hésitez pas. Notre objectif n’est pas que pousser la « gueulante », mais bien d’obtenir des résultats. Si la voie journalistique en est un des moyens, j’y souscris à quatre mains… Pour ce qui est de la Ministre et de son administration, cela leur fut évidemment joint, et ce par courrier électronique. Wait and…
      Bonne journée, Monsieur Jean-Pierre!

    2. Cher Jean-Pierre, cher librairie Ptyx,

      On se retrouve décidément partout. Il faudrait très certainement faire un dossier sur la situation de la culture en CF et mettre cet article en bonne place; il s’agirait aussi de démonter le fonctionnement proche des techniques mafieuses de la CFWB; nous avons nous-mêmes quelques éléments à partager concernant l’obtention de nos subsides pour l’aide à la presse périodique… à quoi ajouter comme Jean-Pierre le sait bien, les magouilles de l’AJPP, de l’AJP et consoeurs.

      Nous ne sommes pas un « grand quotidien » national (quotidienneté qui n’a en elle-même aucun sens…), mais nos pages vous sont ouvertes Ptyx!

      Alexandre
      De Kairos

      1. Avec plaisir!

    • Matthieu Lemaire on 1 décembre 2015 at 23 h 47 min
    • Répondre

    merci pour cette magnifique et concise mise au point, cela devrait faire l’objet d’une tribune dans un « grand » quotidien national… Merci encore

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