Quidam ou de de la nécessité d’acheter.

La maison d’édition Quidam fut fondée voici un peu plus de dix ans.  Quidam nous a fait découvrir entre autres des auteurs comme Reinhard Jirgl, BS Johnson, Menis Koumandareas, Gabriel Josipovici, Kate Braverman, pour les étrangers et Philippe Annocque, Romain Verger, Victoria Horton, Jérôme Lafargue ou Denis Decourchelle pour les auteurs français.  Ceux qui ont la chance de naviguer dans ce catalogue exceptionnel savent qu’il ne s’agit pas là d’oeuvres anecdotiques mais de celles qui ont vocation à rester.

Oui, mais voilà, l’enrichissement du catalogue n’est pas allé de pair avec celui, financier, de la maison.

Hier, donc, Quidam était au bord du gouffre.  Et aujourd’hui il est dedans.  Mais tant que le fond n’est pas touché, l’espace est là où agir est encore utile.

La marche à suivre est donc la suivante :

Si vous êtes libraire (on ne s’adresse ici qu’à ceux ne connaissant pas Quidam, ou, ce qui revient au même, que par ouï dire), si vous êtes libraire donc, vous vous dégagez de vos a priori (non Quidam, c’est pas intello, oui il y a des livres « faciles » dans le catalogue) vous vous adressez là : [email protected] et vous commandez, ébahi par les conditions de fête proposées par l’éditeur aux abois.

Si vous êtes lecteur (ou pas en fait, le but est exclusivement d’acheter), vous vous présentez chez votre libraire.  Avec votre plus aimable sourire, vous lui demandez de commander pour vous un titre chez Quidam (si vous connaissez Quidam, vous savez que tout y bon, sinon tentez « Les Malchanceux » de BS Johnson, ou « Tout Passe » de Josipovici, ou encore « Murmures de glace » , par exemple).  Si votre libraire vous dit que « les titres de cet éditeur ne sont malheureusement plus disponibles », vous lui répondez : « Mais mais si, mon bon monsieur.  Ils le sont en direct auprès de l’éditeur à des tarifs qui plus est très avantageux. »  Si votre libraire obtempère avec le sourire (ou sans sourire d’ailleurs, le but, nous le rappelons, est d’acheter du Quidam, pas de vous renseigner sur l’état de la dentition du libraire en question), s’il obtempère donc, nos recommandations s’arrêtent là.  Si le vendeur de livres (car là, bien sûr, on ne parle plus de libraire) vous répond obséquieusement (ou pas) que « ce n’est pas possible, vous comprenez, les frais de livraison, le travail supplémentaire, quidamc’estquoiça, vous ne prendriez pas plutôt  « Joyeux noyel » c’est de saison,… », regardez le fixement, traitez le d’ignare, aiguisez votre vocabulaire le plus ordurier à la lame de sa bêtise, tournez les talons, claquez avec fracas la porte de son commerce (qui n’est plus, précision utile, une librairie (plus probablement encore ne l’a jamais été)), promettez vous de n’y plus remettre les pieds et tenez parole.  Une fois calmé (prenez au besoin un calmant parce que ça urge) passez votre commande à cette adresse : [email protected], c’est-à-dire en direct.  Attendez votre livre (ou vos livres si vous êtes riche) et lisez le(s).

Et pourquoi tout cela?  Hé bien, pour éviter que vous ne puissiez plus trouver sur les tables de vos librairies demain (et donc après-demain dans vos bibliothèques et les jours suivants dans les têtes de vos enfants) que des niaiseries, qui plus est se ressemblant toutes, dont le seul et unique objectif est d’être achetée ou de faire acheter (un film, du chocolat voire du vin, mais surtout d’autres niaiseries).  Et comme ne lire que des niaiseries rend niais, et que personne ne veut devenir niais, ni souhaitez aux autres de le devenir, vous oeuvrez pour vous et la salubrité publique.

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1 Commentaire

    • TUMA sur 30 novembre 2012 à 18 h 25 min
    • Répondre

    Plus que B.S Johnson, un peu tripant, chaque lecteur pourra aimer l’ami butler de Lafargue. Il fut une époque ou je le passais par dizaine puis retransmis encore et encore….ça se passait dans un coin de la petite couronne. Quidam vacille, La librairie du Moniteur ferme, des libraires excellents claquent les portes pour ne plus y revenir….sale période.

    De Gabrielle Wittkop «  chaque jour est un arbre qui tombe. Et j’ai vu le déclin du jour et la chute de l’arbre…« 

    Silence. On ne joue plus.

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