« Rapport sur les inégalités mondiales », Collectif.

L’objectif du Rapport sur les inégalités mondiales 2018 est de contribuer à un débat mondial mieux informé sur les inégalités économiques en apportant à la discussion publique les données les plus récentes et les plus complètes.

Introduisez maintenant l’économie lors d’une discussion, arrosée ou non, et vous vous retrouverez sans doute en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire irrémédiablement coincé entre l’étau de positions aussi clivées que fermement défendues. Ce qui nous étonne (depuis longtemps, certes, mais plus encore de nos jours, la masse concrète d’informations disponibles n’ayant eu de cesse d’augmenter) c’est non seulement l’absence totale de données étayées sur lesquelles les contradicteurs basent leurs hurlements (car oui, souvent, ça hurle), mais aussi, et surtout, la tranquillité qu’ils affichent quand on leur fait constater leur incurie. Comme si une position était d’autant mieux défendable qu’elle s’enracinait plus profondément dans l’éther. A l’heure de l’information partout et tout le temps disponible, il semblerait parfois que l’information vérifiée soit devenue l’ennemi de la conviction plutôt que ce qui la forge…

Le caractère indispensable de ce livre est bien là. Il permet à tout le monde* de disposer, sur un sujet à la fois précis et transversal, des informations vérifiées et vérifiables, ainsi que leur mise en perspective. « Tout le monde », car il n’est nul besoin de posséder à fond le jargon et les diplômes d’un économiste chevronné pour saisir la teneur de ce qui y est décodé. Pour qui en douterait, la synthèse est placée au début! « Vérifiées et vérifiables » car tout ce qui y est précisé et résumé, avec clarté et rigueur, est tiré de données qu’il est possible de consulter librement via le net. « Mise en perspective » car les données brutes ne sont que peu de chose sans le savoir qui les articulent.

Ce rapport est bien ce qu’il prétend être : un « rapport ». Il n’est ni un « constat », qui se contenterait d’emmagasiner dans l’espace d’un livre des données sans mettre en évidence ce qui les relie, ni un « programme », qui picorerait dans une immense masse d’informations de quoi faire plier le réel selon ses a priori. Il n’est bien qu’un « rapport ». C’est-à-dire quelque chose de concret, de réel, de palpable, de partagé. Un point de départ commun. Et, contrairement à ce qu’on entend souvent ici ou là, il nous parait être, précisément parce qu’il n’est QUE cela, ce dont nous avons le plus urgemment besoin.

Facundo Alvaredo, Lucas Chancel, Thoams Piketty, Emmanuel Saez, Gabriel Zucman (coordinateurs), Rapport sur les inégalités mondiales, 2018, Le Seuil & World Inequality Lab.

*  « tout le monde » inclut l’islamo-gauchiste, le bobo, le fascîîîîîîîste, le néo-libéral, etc. bref tous ceux que nous nommons parfois moins selon ce qu’ils sont que nous ne contribuons, ce faisant, à les faire correspondre toujours un peu plus au vocable dont on les affuble… Ah le langage! Ce truc propitiatoire!

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