« Ronce-Rose » de Eric Chevillard.

Ronce-Rose

 

Si Ronce-Rose pend soin de cadenasser son carnet secret, ce n’est évidemment pas pour étaler au dos tout ce qu’il contient. D’après ce que nous croyons savoir, elle y raconte sa vie heureuse avec Mâchefer jusqu’au jour où, suite à des circonstances impliquant un voisin unijambiste, une sorcière, quatre mésanges et un poisson d’or, ce récit devient le journal d’une quête éperdue.

Le quatrième de couverture a bien pour fonction d’aguicher, non de dévoiler – ou tout au plus d’en soulever un coin, de ce voile. Et si le quatrième en question revient, comme ici, sur sa fonction, ce n’est pas pour qu’un libraire, se confondant avec un herméneute, se livre à une exégèse exhaustive de la chose. Diantre, le libraire est commerçant avant tout. Et, plutôt que de s’étendre en long, en large et en travers dans une analyse circonstanciée qui pourrait dégoûter le chaland – la critique littéraire est au tiroir-caisse de librairie ce que la cryogénisation est à la libido – il est bien plus indiqué que le libraire, cet aigri aux cheveux gras et aux branches de lunettes en sparadrap, ne cherche pas à devenir calife à la place du calife. Chacun à sa place et les vaches seront bien gardées!

Nous ne dirons donc pas grand’chose d’intelligent sur ce dernier opus de Eric Chevillard sinon qu’on y apprend :

  • que le savon mousse de peur, comme l’escargot bave.
  • que la responsable de ce jet d’eau en plein milieu du square n’est autre que la baleine
  • que les gens te font toujours payer leur solitude lisse
  • qu’on dit bien faire la molle et non la moue
  • que ce qui vient après le « comme » est bien plus excitant que ce qui le précède.

Nous ajoutons que ce qu’on y lit en l’ouvrant est bien le carnet de Ronce-Rose et uniquement SON carnet, que, sous ses dehors parfois primesautiers, se dissimulent plein de questions très très sérieuses, que ce Chevillard-ci plaira aux amateurs de ces Chevillard-là mais aussi à tous les autres, et surtout que c’est vachement, mais alors là, vachement bien, et que, comme on ne recule devant rien, et surtout pas devant les clichés, on y collera un gros post-it en forme de cœur sur lequel on inscrira en attaché – car qui n’est surtout pas contre les clichés ne peut l’être contre la redondance – « coup de cœur de la librairie ».

Et voilà!

Eric Chevillard, Ronce-Rose, 2017, Minuit.

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1 Commentaire

  1. Ronce-Rose
    ————–

    En quoi peut consister l’emploi de Mâchefer ?
    Fait-il, tel Chevillard, des grimaces au monde,
    Ou se promène-t-il sur la terre et sur l’onde
    Comme les chevaliers, parfois croisant le fer ?

    Sa demeure n’étant ni l’Eden ni l’Enfer,
    Il y laisse souvent la demoiselle blonde ;
    S’il tarde trop longtemps, vient l’angoisse profonde
    Que décrit un carnet, à tout lecteur offert.

    L’aventure est risquée, puisque les nuits sont fraîches,
    La route est balisée par d’innombrables flèches,
    Et ce coeur ne craint point les périls effarants.

    Que dois-je retenir de la belle odyssée
    Par Maître Chevillard subtilement tissée ?
    Est-ce une tragédie, est-ce un bouquin marrant ?

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