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« Sunny girls » de Sandra Moussempès.

Sunny girls

Le trop est-il l’ennemi du poème

Comme le peu est son histoire débattue

La poésie de Sandra Moussempès est un peu à l’image d’un mouvement brownien.  Ainsi le recueil semble t’il moins posséder un mouvement propre, déterminé à l’avance, tel un but à atteindre, que celui-ci ne serait du aux multiples chocs, presque aléatoires, des particules qui le composent.

C’est aussi le propre du poème d’être une prouesse visionnée.

Hétérogènes, les formes qui s’y mêlent empruntent à des horizons très divers.

les poèmes sont les photographies écrites des échanges de pensées.

Qu’elle l’origine dans le son ou l’image, choisissant parfois de pervertir des formes dites classiques, Sandra Moussempès se propose moins d’ancrer quelque chose de bien défini dans le poème que chercher sans cesse à dire ce qui lui échappe.  Sa poésie se veut comme recherche.

(Restituer n’est pas le poème)

Mais cette recherche n’est pas celle d’un « comment dire les choses au plus près » illusoire et stérile. Que son matériau de départ soit sonore ou visuel (vidéographique), la parole poétique ne se borne ici jamais à « apporter » ce qui est vu ou entendu.  Elle l’apporte au lecteur, le lui dit, certes.  Mais en ayant conscience qu’elle transforme le matériau initial par sa médiation.  Sa poésie démontre que toute parole qui vaut, vaut aussi par la prise en compte de ce qui pèse forcément sur elle.  Et cette conscience d’elle-même, qui rappelle que le doute de l’écriture et de qui écrit est une des fatalités inhérentes à l’écriture, génère un vertige salvateur.

je m’interroge et ma réponse est une question qui devient le remake de ma précédente vie supposée, suivez le son qui sort de mes lèvres en différé suivez ce qui en sort en pensée, pensez-vous alors que l’on peut devenir une personne qui reviendra que l’on peut revenir en pensée dans la pensée de ceux qui nous questionnent?

Sans faire de l’écriture son seul centre, sa chambre close, son entre-soi, la poésie de Sandra Moussempès explore les horizons du déjà-vu (Je dois m’y reprendre à plusieurs fois pour obtenir une impression de déjà-vu), des limites de la perception, avec une acuité ressentie comme tour à tour ludique et émouvante.  Et, bien plus qu’elle ne questionne les rapports entre réel et l’imaginaire en passant de l’un à l’autre, elle en investit résolument et brillamment l’entre-deux.

Pourrait-on accepter que ce poème modifié à plusieurs reprises ne reflète pas davantage mon visage pendant son écriture?

Sandra Moussempès, Sunny girls, 2015, Flammarion.

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