La pierre bleue
qui luit
reluit de mer
le voile rose violacé
de l’horizon clair
et la masse lugubre des pins.
Entre le poème qui ouvre le recueil et celui qui le ferme, la poétesse uruguayenne – devenue classique en son pays -, paraît nous guider, main dans la main, vers un nécessaire apaisement. D’une lumière provenant d’une source inattendue et reflétant son contraire, elle bascule lentement vers sa sereine absence. Jouant de l’ancestrale corde lyrique qui associe mort et amour, elle parvient, économe en moyens, prodigue en inventivité, à construire un univers formel dont l’extraordinaire profondeur n’a d’égale que sa générosité. La poésie d’Idea Vilarino est simple. Elle ne se hausse jamais sur un étal d’artifices. Elle s’offre à vous. Elle s’oppose à toute frénésie. Elle nous invite, plutôt qu’à y bâtir des leurres, à accepter qu’il n’y ait rien, que nous ne soyons nous-mêmes que des erreurs, que nos gestes mêmes ne soient qu’attente sans objet. Ainsi, libérés des fièvres agitées et bavardes de l’espoir, pourrons-nous nous laisser gagner enfin par l’agrément d’un silence rasséréné, cette autre appellation possible de la poésie.
Il fait noir pour toujours.
Les étoiles
les soleils et les lunes
et tous les débris de lumière
ce sont là de petites erreurs
saleté passagère
dans la noirceur splendide
intemporelle
silencieuse.
Idea Vilarino, Ultime anthologie, 2017, La Barque, trad. Eric Sarner.