Cagnard, Jean – ptyx https://www.librairie-ptyx.be "Hommes, regardez-vous dans le papier" H.MICHAUX Thu, 25 Apr 2019 08:01:20 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.1.1 « Grosses joies » de Jean Cagnard. https://www.librairie-ptyx.be/grosses-joies-de-jean-cagnard/ https://www.librairie-ptyx.be/grosses-joies-de-jean-cagnard/#respond Fri, 20 Jun 2014 07:54:19 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=4221

Lire la suite]]> Grosses joiesSi ma sœur avait pu vivre éternellement endormie avec la main de son mari doucement posée sur son sein, alors oui, nous aurions trouvé à nous entendre.

Un homme qui parvient à capturer une biche ou un sanglier à mains nues, un autre qui se sert d’un pigeon comme téléphone portable, un autre encore qui laisse sa moitié (sa moitié bien réelle et pas l’allégorique) sur le tarmac de l’aéroport avant d’entamer son voyage ; Jean Cagnard est d’abord créateur d’écarts.  De petits pas de côté installant un minuscule déséquilibre qui, subtilement mais radicalement, bouleversent tout l’édifice, croit-on bien ordonné, du « réel ».

Autour d’eux, le cosmos procéda à quelques réglages de son cru, hâtifs et séduisants.

Nous rappelant aussi que tendresse et mièvrerie, bien loin d’être synonymes, s’excluent, les nouvelles de Jean Cagnard mettent en scène des êtres éclatés, en partance, en attente, subitement là puis immédiatement disparus.  Chacun de ses personnages est comme un interstice par lequel la plume de l’écrivain tente de saisir des pans d’un réel où le chien est décidément le meilleur ami de l’homme.

C’est rassurant de savoir cela, comme les brèches se referment d’elles-mêmes, comme la merveilleuse machine humaine se fait confiance.

« Grosses joies » se lit comme une parenthèse.  Comme ce qui fait brèche dans le cours des choses, et peut le contaminer.

Jean Cagnard, Grosses joies, 2014, Gaïa.

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« L’escalier de Jack » de Jean Cagnard. https://www.librairie-ptyx.be/lescalier-de-jack-de-jean-cagnard/ https://www.librairie-ptyx.be/lescalier-de-jack-de-jean-cagnard/#respond Thu, 11 Oct 2012 07:44:41 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=1331

Lire la suite]]> Vivre avec le salaire minimum interprofessionnel de croissance demande infiniment plus de talent que pour le gagner.

C’est un fait.  Et Jean Cagnard, s’il nous prouve qu’il n’est lui-même certes pas dépourvu de ce talent, nous démontre surtout qu’il possède celui d’en rendre compte.  Au travers de son expérience personnelle, il détaille tous les rouages du travail.  A la fois relation à son corps, à celui des autres et aux choses qu’il modèle.  Mais aussi et surtout de par l’aliénation qu’il suppose, les rapports de force qu’il induit et qui le traverse, le travail se révèle être,  pour qui ne s’en défend pas, une machine à fabriquer des machines.  Et pour ce qui est de s’en défendre, Jean Cagnard en connaît un rayon.  D’abord, en évitant de se soumettre à l’inertie de l’emploi âprement défendu.  C’est soi-même qu’il s’agit de ne pas perdre, et non le rôle que d’aucuns cherchent à nous faire jouer sous le déguisement d’un chantage qu’ils nomment travail.  Il sera donc dans la fraise, la pomme, la salade, l’anchois, le tuyau d’échappement, le goudron, le ciment…  Ensuite, en faisant du travail, où se subsument de nos jours tous les asservissements, le lieu même d’une résistance, d’un accès à la liberté.

Une des qualités vertueuses du travailleur est de sublimer.  Sinon, il ne serait pas travailleur.  Le travailleur est une créature à la chimie farouchement optimiste.  Chaque seconde, il transforme la vie ordinaire en couches passionnelles.  C’est un dieu et un beau crétin.  Un dieu parce qu’il travaille, un crétin parce qu’il va travailler.

« L’escalier de Jack » est un superbe chant à la liberté.  Celle d’un homme en refus.  Dont le non qu’il prononce semble une évidence renforcée par des phrases construites toutes autour d’un vous qui renvoie à nos propres acquiescements.  D’une écriture qui affiche ses sources (Kerouac, Steinbeck), enfumé par les cigarettes qui font rire, emprunt de l’irrespect de qui s’oppose vraiment,  « L’escalier de Jack » montre qu’au lieu de s’enchaîner dans l’illusion d’une montée de « l’échelle sociale » dont les premiers échelons sont sciés depuis longtemps (mais ont-ils seulement un jour existé, ces échelons?), il est plus joyeux et grisant de vivre comme si l’on dévalait des marches.  Dans une tendresse un peu brute.  Et dans l’humour.

Comme si elle avait les doigts dans le slip de Dieu, votre mère roule des endives dans des tranches de jambon avant de les aligner dans un plat.

Jean Cagnard, L’escalier de Jack, 2012, Gaïa.

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