Dewey, John – ptyx https://www.librairie-ptyx.be "Hommes, regardez-vous dans le papier" H.MICHAUX Thu, 25 Apr 2019 08:01:20 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.1.1 « L’influence de Darwin sur la philosophie et autres essais de philosophie contemporaine » de John Dewey. https://www.librairie-ptyx.be/linfluence-de-darwin-sur-la-philosophie-et-autres-essais-de-philosophie-contemporaine-de-john-dewey/ https://www.librairie-ptyx.be/linfluence-de-darwin-sur-la-philosophie-et-autres-essais-de-philosophie-contemporaine-de-john-dewey/#respond Tue, 21 Jun 2016 07:35:09 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=6089

Lire la suite]]> John_Dewey_cph.3a51565De même qu’on identifie un objet, une préoccupation, ou un événement, il devrait être possible de distinguer et de décrire un acte de connaissance.

Écrits avant 1909, ces articles permettent d’aborder la pensée du célèbre pragmatiste par le versant de sa constitution. Avant les grandes œuvres qui feront sa postérité et dans lesquelles on pourra lire (comme dans La Quête de la certitude) un pragmatisme constitué – du moins autant que peut l’être une pensée instituant le fluctuant comme l’un de ses paradigmes -, ceux-ci sont autant d’occasion d’en comprendre les germes.

Mais ignorer à la fois l’aspect instrumental et l’aspect esthétique [des] vérités, et attribuer leurs valeurs, dues aux caractères instrumental et esthétique, à une quelconque constitution intérieure et « a priori », c’est en faire des fétiches.

Alors que la publication de L’Origine des espèces de Darwin a introduit dans nos critères d’évaluation du réel des nouveautés considérables, Dewey constate que les philosophes de son temps restent empêtrés dans leur modes ancestraux de pensée. Ainsi Darwin rompt-il radicalement d’avec un monde qui n’était pensable qu’en fonction d’une fin, d’une stabilité. Après lui, le flux, le changeant, le mouvant, n’en constituent plus les défauts, ni les manques, mais les principes. Malgré cela, et les preuves que Darwin et ses successeurs – tous domaines scientifiques confondus – y apportent, nombre de philosophes continuent à lui apposer les filtres anachroniques hérités de leurs pères. Dans un monde où le bigarré et le changeant sont devenus des normes, ils érigent toujours l’Un et le But en modes de pensée.

Qui s’accroche à une croyance particulière a peur de la connaissance. Qui croit en la croyance chérit et tient à la connaissance.

Transférer sur la philosophie l’opérabilité de la science. Offrir un choix médian entre un transcendantalisme castrateur et un scepticisme destructeur. Préférer la certitude à la vérité. Rétablir la croyance comme l’une des fonctions de la connaissance et non plus comme ce qui, par définition, l’empêcherait. Exposer méthodiquement les contradictions de l’idéalisme. En permettant de découvrir en germe les principes du pragmatisme, ce livre nous rappelle, avec une actualité qui reste saisissante (cet assemblage d’articles date de 1910!), ce dont nous nous privons quand nous plaquons sur le monde qui nous entoure des barrières, des frontières étanches, qui en délimitent des parties, les closent l’une à l’autre, et, in fine, en rendent toute saisie impossible.

Les processus par lesquels nous faisons passer La Réalité dans les termes de nos expériences fragmentaires, inabouties et peu concluantes, sont si extérieurs à la Réalité elle-même qu’ils ne peuvent rien révéler de celle-ci.

John Dewey, L’influence de Darwin sur la philosophie et autres essais de philosophie contemporaine, 2016, Gallimard, trad. Lucie Chataigné Pouteyo, Claude Gautier, Stéphane Madelrieux et Emmanuel Renault.

]]> https://www.librairie-ptyx.be/linfluence-de-darwin-sur-la-philosophie-et-autres-essais-de-philosophie-contemporaine-de-john-dewey/feed/ 0
« La quête de certitude » de John Dewey. https://www.librairie-ptyx.be/la-quete-de-la-certitude-de-john-dewey/ https://www.librairie-ptyx.be/la-quete-de-la-certitude-de-john-dewey/#respond Fri, 26 Dec 2014 08:57:27 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=4769

Lire la suite]]> John DeweyTant que perdurera l’idée suivant laquelle les valeurs ne sont authentiques et valides qu’à la seule condition d’être des propriétés de l’Etre indépendant de l’action humaine, tant que l’on estime que leur droit à régler l’action suppose qu’elles soient indépendantes de l’action, alors nous aurons besoin de schémas permettant de démontrer que les valeurs sont, en dépit  des découvertes de la science, des qualifications véritables et connues de le réalité elle-même.

Un agir s’opposant au penser.  L’incertitude au certain.  L’ignorance à la pure connaissance.  Le mal au bien.  Le changement à la permanence. Chacun de ces premiers termes ressortissant d’une catégorie, les seconds d’une autre.  Ces distinctions sont à ce point ancestrales que semble exclue toute conceptualisation autre.  Elles sont.  Point.

N’est-il pas temps de réviser les conceptions philosophiques fondées sur une croyance que l’on sait être fausse?

Alors que la science a, de par l’ampleur des productions qui en sont issues, démontré son efficacité, elle reste irréductiblement assimilée à un rôle subalterne.  Alors que l’expérience, le pratique, se sont vu fonder de plus en plus une compréhension du monde, dans ce qu’il avait de changeant, de multiple, l’ancestrale conception toute entière basée sur une connaissance du stable, de l’Un, gardait sa prééminence hautaine.  Le système scientifique hérité de Newton, est lui-même fondé sur des présupposés organisant la théorie en surplomb.  La science sensée vanter le pratique, en démontrer la supériorité efficiente est, dès ses origines, noyautée par une théorie dont la mainmise s’étend jusqu’à ce qui semble le plus s’y opposer.

La science pose (en 1929 comme peut-être encore plus encore aujourd’hui) des questions d’opérabilité, d’efficacité, de résultat, à la philosophie que celle-ci ne peut ignorer.  Le principe d’Heisenberg, les réalisations (bien palpables quoiqu’on en pense) de la mécanique quantique, démontrent si pas la supériorité de l’agir et du changement, du moins leur redoutable opérabilité.  Se saisir de ces questions, mais sans tomber dans l’inverse, sans verser dans l’exaltation d’une activité pour et par elle-même, permet de réajuster ces positions clivées, d’effacer des frontières, qui, si elles ont pu se révéler des outils appréciables, ont tendance à se figer dans un dualisme stérile.  La connaissance et l’action deviennent alors bien, et sur un même pied opérationnel, des moyens d’assurer de la sûreté au bien.

La quête de certitude est la quête d’une paix garantie, d’un objet que n’affecte nul risque et sur lequel ne s’étend pas l’effrayante ombre portée par l’action.

Sureté et non certitude.  Car l’abandon de la fonction surplombante de la théorie ne peut aller sans celui de ce qu’elle sous-tend.  Mais, en se proposant de donner de nouvelles bases plus larges à la connaissance, ce que Dewey affirme est moins l’abandon de la certitude en tant que tel que celui de sa croyance.  La certitude est une foi elle-même érigée sur la suprématie du penser par rapport à l’agir.

Toute philosophie qui, dans sa quête de certitude, ignore la réalité de l’incertain dans les processus de la nature nie les conditions d’où elle émerge.

Se défaisant des clivages ancestraux, se proposant de faire pénétrer les habitudes expérimentales dans le terrain des questions pratiques (et donc morales), Dewey libère l’action humaine des fois et des dogmes dans lesquels elle se condamnait à trouver ses raisons.  La connaissance EST méthode.  Elle EST résolution.  Le connaître EST une modalité de l’agir.  Loin de restreindre le terrain de la philosophie, il lui propose de s’ancrer, aussi, dans ce qu’elle prenait de haut auparavant.  Il lui insuffle du risque et du possible.

Il n’y a pas d’épanouissement là où il n’y a aucun risque d’échec, et nulle défaite où ne s’élève la promesse d’un accomplissement possible.

John Dewey, La quête de certitude, 2014, Gallimard, trad. Patrick Savidan.

]]> https://www.librairie-ptyx.be/la-quete-de-la-certitude-de-john-dewey/feed/ 0