Vrin – ptyx https://www.librairie-ptyx.be "Hommes, regardez-vous dans le papier" H.MICHAUX Thu, 25 Apr 2019 08:01:20 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.1.1 « Richesse et pauvreté chez les philosophes de l’antiquité » sous la direction d’Etienne Helmer. https://www.librairie-ptyx.be/richesse-et-pauvrete-chez-les-philosophes-de-lantiquite-sous-la-direction-detienne-helmer/ https://www.librairie-ptyx.be/richesse-et-pauvrete-chez-les-philosophes-de-lantiquite-sous-la-direction-detienne-helmer/#respond Tue, 15 May 2018 07:44:52 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=7267

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Parfois la nécessité que martèlent d’aucuns à obligatoirement retourner vers l’antiquité pour « comprendre les temps présents » fonctionnent à contre-emploi. Ressentie comme un truisme stérile par certains ou comme un diktat intellectualiste par d’autres, l’injonction, alors ressentie comme péremptoire, inciterait parfois à s’en détourner. Ainsi, paradoxalement, nous exonérerions-nous alors à bon compte d’un enseignement ancestral et toujours fécond.

c’est l’usage qui révèle la nature authentique de la richesse.

Aristippe, le fondateur de l’école cyrénaïque, était grand dépensier. Les Sophistes sont toujours reconnus aujourd’hui comme aimant l’argent. Aristote, en contradiction avec Platon, ne considérait pas la richesse comme une tare en elle-même. Xénophon encourage la richesse. Pour Saint Augustin, le pauvre devient un souci… Tout au long de l’antiquité, les penseurs de celle-ci ont eu relativement à l’argent des attitudes différentes, contrastées, parfois antagonistes. Ainsi les disciples de Platon critiquaient-ils sévèrement l’attitude jugée ostentatoire des sophistes quant à la possession de richesses, ces derniers ridiculisant en retour « l’idéal de pauvreté » des platoniciens.

Cet ouvrage collectif ne fait pas que recenser une diversité d’attitudes et de comportements relativement à la possession de richesses dans l’antiquité, ainsi que des oppositions parfois féroces qui en auraient découlé. Elle questionne leur fondements. Ainsi est ce une conception du temps profondément originale qui vient teinter le rapport à l’argent, plus nuancé qu’il n’y parait, des cyrénaïques. Ainsi le pauvre augustinien, dans son dénuement, est-il l’occasion pour l’Hipponien de repenser un mode d’être du Christ. Ainsi, aux antipodes du défaut moral qu’on accole à leur rapport à l’argent, la richesse des sophistes est-elle, pour eux, le signe attestant de la valeur éthique que l’on accordait à leur enseignement en le rémunérant.

Tout rapport à l’argent est sous-tendu par un tissu disparate sur lequel ce rapport se greffe et prospère. L’antiquité ne se contentait pas de s’opposer, parfois radicalement, sur le clivage riche-pauvre. Au contraire, ses intellectuels avaient remarquablement construit des pensées, parfois antagonistes mais toujours fécondes, dont le rapport à l’argent était tout à la fois le révélateur et le catalyseur. Y revenir dans le détail nous parait actuellement pour le moins souhaitable…

S.Alexandre, M. Bonazzi, L-A. Dorion, M-A. Gavray, E. Helmer, S. Husson, A. Larivee, L. Lavaud, P-M Morel, C. Murgier, A. Tabosa et F. Teisserenc, Richesse et pauvreté chez les philosophes de l’antiquité, 2016, Vrin.

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« La triple corde » de Hilary Putnam. https://www.librairie-ptyx.be/la-triple-corde-de-hilary-putnam/ https://www.librairie-ptyx.be/la-triple-corde-de-hilary-putnam/#respond Mon, 13 Nov 2017 08:36:25 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=7262

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Le scepticisme, le déflationnisme ou le réductionnisme sont des tentations qui, vécues jusqu’au terme de leur processus, ont comme conséquences ce que l’on pourrait nommer « une perte du monde ». Que toute réalité ne soit considérée que comme une fiction qu’un dysfonctionnement – quel que soit le nom qu’on lui donne : Dieu, malin génie, nature… – nous induit à prendre pour du « vrai », que tout état mental ne soit envisagé que comme la résultante exclusive d’états physiques, chaque fois l’excès, sous le prétexte de l’expliquer mieux, réduit de facto la « réalité » à un songe creux ou mécaniste.

je pense que ce n’est qu’en renonçant à ce schéma de la perception comme médiatisée par un ensemble de « représentations » dans un théâtre intérieur que l’on parviendra un jour à échapper à ce recyclage infini de positions inefficaces en philosophie de l’esprit (pour ne rien dire de l’épistémologie traditionnelle ni de la métaphysique traditionnelle) – recyclage qui se poursuit depuis au moins quatre siècles.

Notre habitude millénaire de n’envisager tout rapport à ce qui nous entoure que « médié » par une interface a pu, dans l’histoire de la pensée et aujourd’hui encore, nous inciter à verser dans l’erreur soit de croire la réalité indisponible à la pensée, soit même de nous rendre nous-mêmes étrangers à elle. Au relativisme enjôlant ou au mécanisme désenchanteur, Hilary Putnam préfère la voie médiane du « réalisme naturel ». Rompant avec les arguties d’une histoire de la philosophie s’empêtrant dans ce que recoupent les termes de « perception » ou de « représentation », il convient de faire le pari d’un réel directement saisissable.

Dans les conférences de La triple corde, Putnam démontre une dernière fois (l’auteur est décédé l’année passée) la rigueur et la générosité de sa pensée. Toujours à l’aguet de ses propres failles, toujours attentif à ce que peut lui apporter le « sens commun », toujours curieux de tout, toujours à l’affût des moindres évolutions intellectuelles, il est de ceux par lequel l’histoire de la pensée se dévoile au lecteur avec le plus de clarté tout en étant l’un de ceux par lequel cette histoire s’enrichit de nouvelles formes décisives. Lire Putnam, c’est faire sa fête à la subtilité!

Hilary Putnam, La triple corde, 2017, Vrin, trad. Raphël Ersham, Pierre Fasula, Sabine Plaud & Jeanne-Marie Roux.

 

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« La probabilité du théisme » de Richard Swinburne. https://www.librairie-ptyx.be/la-probabilite-du-theisme-de-richard-swinburne/ https://www.librairie-ptyx.be/la-probabilite-du-theisme-de-richard-swinburne/#respond Tue, 11 Oct 2016 06:28:59 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=6202

Lire la suite]]> Probabilité du théismeQu’on réclame s’en distancier ou se situer dans leurs lignées, il n’en demeure pas moins que les travaux de Hume ou Kant figurent des points de bascule de la pensée incontournables depuis 250 ans. Et par delà leurs différences intrinsèques et celles de leurs multiples interprétations, s’il y a bien un héritage qui parait rassembler l’immense majorité depuis lors, c’est celui qui sépare en deux entités irréductiblement distinctes, d’une part ce qu’il nous est donné de connaître et d’autre part ce qui, par essence, est inconnaissable. Pour faire simple, d’un côté la science qui me permet, par l’exercice de la raison et des perceptions, d’atteindre au vrai, de l’autre la foi dont l’objet « Dieu » est par définition hors de portée de la connaissance humaine. Alors que la tradition philosophique millénaire s’était entêté à prouver Dieu par la raison, le divorce semblait irrémédiablement consommé.

S’il nous faut adopter, lors de nos investigations dans le domaine métaphysique ou religieux, les critères de l’enquête rationnelle en vigueur dans les sciences ainsi que dans la vie courante, nous devrons là aussi recourir à ce critère [de simplicité].

Prenez une réalité directement observable, quelle qu’elle soit, qui puisse trouver une explication par l’entremise de lois existantes. Prenez ensuite un autre produit de l’observation du réel, qui vous semble pouvoir être apparenté à cette première réalité, mais qui, pour des raisons inconnues, ne peut être expliqué par ces mêmes lois (par exemple : la production de la parole chez le primate versus la production de la parole chez l’homme) . Ou alors pensez à un phénomène que des outils intellectuels permettent de mesurer, voire de prédire précisément, mais sans en proposer une explication (par exemple : la gravité newtonienne). Dans le premier cas l’être humain cherchera ce qui permettra d’expliquer conjointement les deux phénomènes, dans le second, il tentera, lassé d’en simplement mesurer les effets, d’en percer la cause. Dans les deux cas, l’histoire des sciences démontre que la recherche de l’explication des phénomènes, comme celle de leurs cause, tend toujours à plus de simplicité. En ce qui concerne notre premier exemple, l’entremêlement de lois phonétiques, géographiques, physiologiques, sémiologiques se trouve subsumé par l’explication évolutive. Dans le second exemple, la complexité des modèles mathématiques à même de calculer les mouvements planétaires se trouve expliquée par les courbures de l’espace-temps. En science, le simple gagne toujours

Pour Richard Swinburne, la cause est entendue (sans mauvais jeu de mots) : ce constat de la simplicité à l’oeuvre dans les sciences permet d’affirmer scientifiquement l’existence de Dieu. Dieu existe car l’existence d’un être omniscient, omnipotent, ex nihilo et bon est l’explication la plus simple de tout. Tout simplement.

Si notre brève présentation en dessine des contours un tantinet simplistes, la démarche du philosophe américain est loin de pouvoir se réduire à cette appréciation. En démontrant d’abord que les principes humiens ou kantiens qui président à cette séparation radicale reposent peut-être sur des contradictions, en postulant cette hypothèse claire de la simplicité qui régirait la science, en s’armant ensuite de moyens logiques ayant fait leurs preuves dans d’autres domaines, et s’appuyant sur le tout avec détermination et rigueur, il nous oblige à exercer notre pensée autrement. Et, si nous prenons garde de nous défaire de certains a priori anti-analytiques ou anti-théologiques, sa démonstration ne manque pas d’élégance.

Richard Swinburne, La probabilité du théisme, 2015, Vrin, trad. Paul Clavier.

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« Philosophie des mathématiques 1. Ontologie, vérité et fondements » textes réunis par S.Gandon & I.Smadja. https://www.librairie-ptyx.be/philosophie-des-mathematiques-1-ontologie-verite-et-fondements-textes-reunis-par-s-gandon-i-smadja/ https://www.librairie-ptyx.be/philosophie-des-mathematiques-1-ontologie-verite-et-fondements-textes-reunis-par-s-gandon-i-smadja/#respond Wed, 23 Apr 2014 08:09:03 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=3983

Lire la suite]]> EUCLIDE

Les analogies mathématiques formelles sont au cœur de la découverte en physique moderne.  Le lecteur sera, je l’espère, d’accord pour considérer que nous sommes ici confrontés à une anomalie digne de l’attention minutieuse du philosophe.

Anomalie ou pas, le fait est en tout cas on ne plus clair.  Comme l’est malheureusement le peu d’intérêt (du moins en Europe continentale) des philosophes pour la question.  Prenons le désormais fameux boson de Higgs.  Si on glose beaucoup sur les coûts de sa « découverte », sur l’opportunité de le renommer, si on parle un peu moins de ce qu’il est physiquement, si on entend très peu causer de ce que sa découverte implique métaphysiquement, rien n’est dit en revanche des mécanismes de pensée qui ont gouverné sa « découverte ».  Ainsi, ce fameux boson, ce champ de Higgs, ce sont bien des assemblages de formules, des dérivations savamment agencées, des mathématiques donc, qui l’ont découvert.  Découverte que les évènements de l’année passée au CERN n’ont fait que rendre observable.

Au jour d’aujourd’hui, que nous ne puissions pas observer le possible (à moins qu’il ne devienne réel) ne doit pas compter comme un argument à l’encontre de la notion de possibilité.

Là où l’acte d’observer était conjoint de celui de découvrir, celui de calculer suffit à la découverte.  La physique est ainsi devenue un domaine qui se situe comme en-deçà de l’empirisme et au-delà de l’intuition.

On ne peut pas, ici comme ailleurs, court-circuiter l’épreuve solitaire et difficile de la lecture.

L’intérêt de cet opus est de nous donner à lire des articles récents de philosophie des mathématiques (de Hartry Field, Paul Benacerraf ou Hilary Putnam, par exemple) qui, sans nécessiter de connaissances mathématiques pointues, cernent très bien les enjeux métaphysiques de la recherche mathématique (et donc physique) la plus actuelle.  Y a t’il une vérité mathématique?  Le nombre est-il un objet?  Y a t’il préexistence d’une structure? Qu’est ce qu’être le nombre 3?  A l’heure où les mathématiques découvrent des pans entiers de réel (qu’on laisse toujours à l’expérience le soin non plus même d’affirmer – car le calcul semble y suffire – mais d’attester), il est urgent de s’interroger sur ce qu’elles sont.  A moins de considérer comme philosophiquement secondaires ces questions que posent l’applicabilité d’un produit de la pensée sur le monde de manière directe…

Philosophie des mathématiques 1. Ontologie, vérité et fondements, Textes réunis par S.Gandon & I.Smadja, 2014, Vrin.

Qu’une recherche d’image d’Euclide (auquel on adjoint le terme « mathématique ») sur un moteur de recherche renseigne d’abord (et abondamment) Euclide de Mégare en dit beaucoup sur la confusion et la nécessité de la combattre…

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Vrac 2. https://www.librairie-ptyx.be/vrac-2/ https://www.librairie-ptyx.be/vrac-2/#respond Tue, 15 Apr 2014 07:49:54 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=3905

Lire la suite]]> A la lecture de nos chroniques, comme à celle des bons mots affichés sur les livres que nous défendons en librairie, beaucoup s’étonnent que nous lisions autant.  Ce qui, à notre tour, nous étonne.  Car s’il est bien une activité centrale dans notre métier (à ce point centrale qu’elle le constitue, à notre humble avis, presque à elle seule), c’est bien lire.  On n’établira pas ici un relevé exhaustif des attitudes que suscitent ce constat.  De la moue dubitative presque éberluée au « Enfin un libraire qui lit! », l’éventail est large et varié.  On préfère appuyer encore un peu sur le clou.  Car si, effectivement, nous lisons beaucoup, il ne nous est matériellement pas possible de développer pour chaque livre lu et apprécié à sa juste valeur une chronique qui soit relevante.  Si tant est, du moins, que celles qui sont écrites le soient.  Car, oui, on lit plus qu’on en dit ou écrit.  D’où l’idée d’un rattrapage.  Sous forme courte.

Mailman« Mailman » de J.Robert Lennon (Monsieur Toussaint Louverture, 2014, trad. Marie Chabin)

Monsieur Toussaint Louverture a pris la très bonne habitude de nous faire côtoyer de temps à autre des destins tourmentés.  Ce fut le cas avec Karoo ou Exley, par exemples, qui déjà offraient des « gueules » atypiques, sombres, où se révélait aussi beaucoup de ce qui les entourait.  A travers Mailman, facteur voleur de lettres, un peu phobique, un peu illuminé, archétype du anti-héros toujours sur le fil, perpétuellement au seuil de la douleur comme de la conscience, c’est une image de l’Amérique de province, désabusée, engoncée dans ses paradoxes qui se découvre.  Et qui tout comme Mailman, nous émeut entre rires parfois grinçants et larmes souvent amères.

connaissance de soi« Autorité et aliénation, essai sur la connaissance de soi » de Richard Moran (Vrin, 2014, trad. Sophie Djigo)

L’acte de connaître peut-il s’appliquer à soi-même? Et si oui, comment?  Quels en sont les modes?  Se connaître n’est-il qu’un prolongement, une application particulière de la connaissance de l’autre?  Alors que la transparence à soi de sa propre conscience est une évidence pour Descartes, il y a, chez Freud ou d’autres, impossibilité de principe à atteindre une quelconque conscience de soi vraie.  Et entre ces deux extrêmes, d’autres s’entremêlent encore.  Dans cet entrelacs Richard Moran démontre avec brio, en s’appuyant sur Wittgenstein ou Sartre (oui, c’est possible!) que, non pas la vérité bien sûr, mais la possibilité de la connaissance de soi est à puiser dans une forme de moyen terme (qui ne se veut pas consensus entre les tenants de l’une ou l’autre position) entre l’autorité d’un je qui se perçoit immédiatement et l’aliénation qui permet de se percevoir à distance.  On résume très fort ici, et à gros traits, un livre dont l’importance se trouve aussi dans les ponts qu’il jette entre philosophie analytique et continentale.

neige noire« La neige noire d’Oslo » de Luigi Di Ruscio (Anacharsis, 2014, trad. Muriel Morelli)

Luigi Di Ruscio est un poète italien métallurgiste exilé en Norvège dès 1957.  Mais son intérêt dépasse très largement ce seul prisme documentaire.  S’il revendique haut et fort ces « dualités » poésie-travail manuel, invention formelle-milieu populaire, il aide avant tout à démontrer qu’elles sont aisément dépassables.  Et que la richesse de leur rencontre, si elle est utilisée pour imprégner la langue tout entière, permet surtout de construire un ailleurs qui, en retour, éclaire les pans dont il est issu.  Entre roman, récit, poésie, scansion, l’écriture de Luigi Di Ruscio, comme en perpétuelle accélération, se veut secousse qui bafoue la platitude du langage de la communication de masse.

Je vois un coucher de soleil par jour, mais en réalité, c’est nous qui crépusculons.

neige noire

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