Cerveau – ptyx https://www.librairie-ptyx.be "Hommes, regardez-vous dans le papier" H.MICHAUX Thu, 25 Apr 2019 08:01:20 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.1.1 Le président, l’académicien et le torchon. https://www.librairie-ptyx.be/le-president-lacademicien-et-le-torchon/ https://www.librairie-ptyx.be/le-president-lacademicien-et-le-torchon/#respond Tue, 22 Jul 2014 12:32:37 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=4344

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Après l’interview de Gavalda, nouvelle Calliope de France-Culture, l’été 2014 se révèle décidément bien faste en évènements littéraires d’importance.  C’est en effet au tour d’un autre monstre culturel de rappeler à nos mémoires deux autres monstres de la littérature, dessinant ce trio gagnant, cette sanctifiable trinité ô combien alléchante : Paris-Match, Nicolas Sarkozy, Jean-Marie Rouart!  Du papier glacé, un Sarkozy et un académicien pour parler littérature : il fallait oser.  Ils l’ont fait.  L’été est chaud.  On en viendrait presque à ne plus trépigner d’impatience dans l’attente de la moisson de septembre.

La plupart, dont nous sommes pas, se seraient sans doute uniquement gaussé de la chose, n’y voyant que matière à sarcasmes.  Mais à se moquer sans discernement, on en oublie souvent le sérieux qui se loge sous le potache.  Comme toute chose nécessite ses contrastes pour exister vraiment, la littérature a besoin de ces ailleurs.  A tout tourner en dérision, on se refuse à rien apprendre.  Voici donc, condensé, ce qu’on apprend grâce à Paris-Match :

-Nicolas Sarkozy est président.

-La littérature c’est l’émotion.

-Nicolas Sarkozy sait qu’il y a sept milliards d’êtres humains.

-Un écrivain est un romancier mort (sauf Houellebecq).

-Il n’y a rien au-dessus du romancier (sauf peut-être, mais là on nous reprochera sans doute d’interpréter, le romancier français, sans parler du romancier-français-académicien-chevalier-de-la-légion-d’honneur )*.

-Zola n’écrivait pas des trucs de gauche.

-Drieu La Rochelle n’écrivait pas des trucs de droite.

-Nicolas Sarkozy n’est pas sûr d’aller en vacance avec Céline.

– » Toute la littérature du XIXe et de la première partie du XXe siècle tourne autour de thèmes récurrents : “Je t’aime” ; “Tu m’aimes” ; “Est-ce que ça va durer ?” ; “Est-ce que je peux te faire confiance ?”.  »

-Napoléon a été trahi par sa famille mais heureusement il pouvait se reposer sur l’amour de Joséphine.

-La question : « Est-il vrai que vous détestez la Princesse de Clèves? » est épineuse.

-Nicolas Sarkozy n’a pas voulu se servir de la culture comme d’un moyen de communication.  Ligne de conduite stricte qu’il continue de suivre.

-Nicolas Sarkozy comprend les questions que lui pose Jean-Marie Rouart. [rires]

Nous ne pouvons clore ceci sans rappeler que Paris-Match appartient à Hachette qui appartient à Lagardère qui appelle Nicolas son « frère ».  Et que Jean-Marie Rouart fut élevé chevalier de la légion d’honneur par le Président de la République française en fonction le 14 juillet 2009 (voir *).  Comme nous le disions : la littérature a besoin de ces ailleurs…

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Le bleu, la belle et son cerveau. https://www.librairie-ptyx.be/le-bleu-la-belle-et-son-cerveau/ https://www.librairie-ptyx.be/le-bleu-la-belle-et-son-cerveau/#respond Thu, 22 May 2014 13:34:51 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=4185

Lire la suite]]> KakouLa campagne électorale s’achève.  Et au vu des dernières escarmouches et ruades des candidats, on est un peu soulagé.  Après le discours adressé aux masses wallonnes du nationaliste en chef au sourire chafouin et au regard bilieux à partir des locaux d’une chaîne privée comme s’il nous parlait du palais de Laeken, après la campagne d’un parti catholico-humaniste tout entier dédié à la mobilité (pendant qu’un des membres de leur clergé s’occupait d’avions, un autre diacre s’intéressait au problème épineux du skate), après les conseils cuisine d’une bleue aux traits et patronyme asiatiques (forcément des crevettes au curry), après cette révélation d’un ministre des affaires étrangères : la pédophilie c’est parce que le PS, après tout cela (et on en passe), force nous est de constater que, oui, l’annonce de cette ingénue était propitiatoire : on a bien touché le fond.

Hier, nous sommes encore tombé sur ceci.  On ne va pas se perdre trop dans une exégèse de la chose.  La vulgarité de celle-ci, sa bêtise tautologique, son incapacité à cacher sous un humour douteux le vide abyssal d’une pensée (y en a t’il seulement une!) et, aussi, une certaine lassitude, nous fatiguent plus qu’elles ne nous stimulent.

Plus intéressant en revanche nous a semblé le « récit de vie »  de la même Assita Kanko.  Hormis le fait qu’il se présente, dans ce journal, comme un article et non comme ce qu’il est réellement ; une tribune, un storytelling bêtifiant, un conte (le « il était une fois » ne dit rien d’autre) et sur lequel on ne s’étendra pas, il révèle surtout qu’à vouloir jouer sur tous les tableaux, à vouloir se présenter pour ce qu’on est surtout pas, on finit souvent par s’emberlificoter les pinceaux rhétoriques. On compose, à grands renforts de neurones (le peu du moins à disposition) une histoire poignante, issue du personnel, de l’expérience, et destinée à appuyer un projet et on se retrouve à en saper les fondements même.  On en vient à faire deviner le contraire de ce qui est proclamé haut et fort.  N’est pas romancier qui veut.

Ainsi, la « belle » se présente comme un produit de l’intégration mais de l’intégration individuelle.  Une intégration qu’elle ne doit qu’à elle-même, qu’à son opiniâtreté.  De celle qui n’est pas liée à un accueil mais se gagne avec les coudes.  Elle s’érige en exemple, non d’un processus collectif mais, subtilité, de sa faillite.  Son cas d’intégration devient alors d’autant plus exemplaire qu’il ne doit rien au collectif.  Eloge de l’individualisme, son parcours (comme le discours qu’elle tient à son encontre) est l’expression affirmée d’une volonté de puissance.  Et l’amène, superbe et magnanime, à ce coup de génie : « Ce que j’ai réalisé par l’exercice de ma liberté doit être imposé à d’autres ».  D’autres auxquels on ne suppose donc de facto pas les mêmes capacités, ni envies, ni aspirations, celles-ci devant lui être imposées.  « Voyez j’ai été libre!  Et c’est cet exercice de ma liberté qui m’a faite telle que je suis!  Et qui me légitime dans la restriction de la liberté d’autrui! ».  La valeur de celle-ci ne se jaugeant bien entendu qu’à la mesure du portefeuille…

Bien sûr, on est libre de ne parler, par exemple [ce n’est qu’un exemple, cela va de soi], que le turc, mais si on ne trouve pas un emploi, alors il ne faut pas se plaindre. Or, c’est quand même sur mon salaire que l’on prélève de quoi entretenir celui qui a choisi de ne parler que le turc… 

Mais aussi, la belle ne peut pas qu’être belle.  Il lui faut un cerveau.  Et un qui fonctionne.  Et quelle meilleure preuve d’en être l’heureux dépositaire que de lire.  Car oui, quand bien même ils ne lisent probablement pas, nos penseurs du MR savent pertinemment qu’il est encore convenu d’associer intellect et livre.  Donc, la belle lit.  Et que lit-elle?

Car elle a la tête bien faite et bien pleine, Assita : elle cite de Beauvoir, sa grande référence, mais aussi Rousseau, Voltaire, Diderot, Hemingway, Nothomb.

Ouch!

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Mwouarf! https://www.librairie-ptyx.be/mwouarf/ https://www.librairie-ptyx.be/mwouarf/#comments Thu, 05 Dec 2013 10:32:41 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=3646

Lire la suite]]> coupLes objets oubliés en librairie sont divers, comme dans tout commerce.  Nous retrouvâmes des gants, des parapluies, des pulls, des sous, des gsm…  Jamais encore n’y fut oublié un « Soir ».  Jusqu’à hier.  Date de l’annonce dans la presse de l’attribution du Prix Rossel…

Soyons de bons comptes : depuis la fin de Pif Gadget, nos relations avec la presse sont épisodiques et, devant tant d’indigences maintes fois attestées, nous avons appris à ne plus rien en attendre.  C’est donc sans espoir ni appréhension que nous ouvrîmes l’exemplaire oublié aux deux double pages consacrées à l’autoproclamé « Congourd belge ». Hé bien, sa lecture réussit quand même à nous consterner…  Petit état des lieux :

1.Dans ce « Soir », donc, on y apprend que le prix Rossel 2013, prix créé par « Le Soir » et doté par « Le Soir », est attribué à un chroniqueur du « Soir », par un jury composé, entre autres, de deux chroniqueurs du « Soir » et un chef de service culture du journal « Le Soir ».  Ce serait concerté et dissimulé qu’on parlerait de complot.  Mais quand c’est assumé à ce point, on lui préfère le terme de bêtise.

2.En troisième page, quelques citations des coulisses (avec des chouettes photos de gens bien habillés avec des coupettes) dont voici un florilège : « A partir du moment où on parle de soi, on gagne toujours en qualité » , Marc Filipson, Patron des librairies Filigranes ; « Son livre est accessible et lisible.  Ce n’est pas un prix dédié aux élites » , Jean Dufaux, Scénariste de Blake et Mortimer ;  « C’est un auteur toujours drôle avec une écriture très accessible » , Viviane Vandeninden, Attachée de presse indépendante ; « Cette année, d’accord, c’est un de mes potes qui l’a eu, je suis doublement contente (il pourra continuer à m’embrasser avec enthousiasme sur les brocantes boisfortoises), mais je n’y suis pour rien (ou presque). » , Arianne Le Fort, Membre du Jury.  On avoue une tendresse particulière pour la dernière.

3.Le parrain du « Congourd belge 2013 »  n’est autre que…  David Foenkinos.  Dont on rappelle qu’il est à la littérature ce que la scie sauteuse est à la blatte commune (ben oui, y a pas de rapport!).  On imagine le prix Reine Elisabeth remis par David Guetta, ou le Nobel de la Paix par Kim Jong-un…

4.Et précisément, de littérature, il n’y est question que trois fois (7 occurrences pour « littéraires » , toujours avec « prix » devant ).  Une fois affublé de l’adjectif « belge » .  Une autre de celui de « francophone » .  Une dernière sans adjectif aucun.  Mais ça compte pas, parce que là c’est Foenki qui s’y colle…  Tout cela n’a donc rien avoir avec ce dont on s’occupe.  Ouf!

5.L’article (deux doubles pages, on le rappelle) se clôt par une interview de l’heureux parrain.  Où l’on apprend que « la France est en déclin« , qu’elle est dans une « forme de mollesse » , que Foenki n’est « pas du tout engagé » , que « Marine Le Pen ne [lui] fait pas exagérément peur »  (bou = peur ; bouhou = exagérément peur?), mais que si elle arrive au pouvoir, alors « [il] arrive en Belgique! »  (oh putain!), qu’il est supporter du PSG, et plein de choses sur la géopolitique ukrainienne qu’il connaît super bien parce qu’il va être traduit en ukrainien.

Consternant, on vous disait…

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« Hippocampe ». https://www.librairie-ptyx.be/hippocampe/ https://www.librairie-ptyx.be/hippocampe/#respond Tue, 30 Jul 2013 08:00:00 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=3154

Lire la suite]]> hippocampeAlors que d’ici peu, on peut s’attendre à retrouver, rassuré, rasséréné, la même déferlante de pommade, indûment nommée critique, que chaque année à cette même période, déversent, sur le papier qu’ils gâchent, des journaleux utilisant le duvet plus que la pointe de la plume dont ils s’arrogent l’exclusivité, bref, alors que la rentrée littéraire approche à grand pas, il est bon de rappeler qu’existent dans ce paysage des horizons bien moins convenus.

La revue Hippocampe en fait indéniablement partie.  La direction de ce journal critique d’abord simplement semestriel a décidé, pour le bonheur de tous (en ce compris le vôtre à venir si vous ne le connaissez encore), de prolonger la brillante réflexion qu’elle menait tous les six mois en se déclinant mensuellement.  Le journal regroupe des articles s’intéressant aux arts visuels, à la philosophie et à la littérature.  Le principe en est simple : faire travailler votre hippocampe utilement.  Donc faire de la critique.  C’est-à-dire séparer. D’abord d’un dehors.  Donc choisir de ce dont on va parler.  Et puis, un fois délimité un dedans, opérer un jugement sur ce dont on parle.  Ca paraît évident.  Tellement que ca en apparaît presque trivial.  Et pourtant c’est aussi rare qu’un subjonctif imparfait chez Guillaume Musso.  L’équipe d’Hippocampe ne s’embarrasse pas non plus d’actualités.  Si, dans le numéro de juillet, on retrouve un long article sur la biennale de Venise, on y trouve aussi un autre, par exemple, portant sur « Le destin des images » de Jacques Rancière, livre sorti en 2003.  Hippocampe semble aussi se tamponner d’un quelconque lien mercantile.  Non content de ne se parer d’aucune publicité, ce journal pousse le vice jusqu’à faire traduire des articles en italien portant sur un auteur dont quasiment rien n’est disponible en français.  Intéresser un lectorat à ce qu’il ne connaît pas!  Lui proposer à lire sur ce dont il n’a jamais rien lu!  Croire en la curiosité!  Un comble!

Le tout bien écrit, bien fagoté et pour la somme honteuse de deux euros.

Vous savez maintenant ce que vous coûte une séance de musculation de l’hippocampe…

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