comment est-il dieu possible d’être bête à ce point? – ptyx https://www.librairie-ptyx.be "Hommes, regardez-vous dans le papier" H.MICHAUX Thu, 25 Apr 2019 08:01:20 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.1.1 Delhaize ou de l’art d’être bête et méchant. https://www.librairie-ptyx.be/delhaize-ou-de-lart-detre-bete-et-mechant/ https://www.librairie-ptyx.be/delhaize-ou-de-lart-detre-bete-et-mechant/#comments Mon, 20 Apr 2015 14:28:02 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=5172

Lire la suite]]> JUSITCIERUn pigeon, ça vit dehors, ça fait caca partout, ça vole de temps en temps, ça mange ce que ça trouve ou ce qu’on lui donne, c’est vecteur de plein de maladies, c’est pas toujours très propre sur soi, ça sent souvent pas très bon…  Un pigeon c’est un peu comme un SDF alcoolique polonais…  C’est peut-être la comparaison qui fut à l’origine de la décision du Delhaize de Flagey à Bruxelles de bâtir des « chasse-pauvres » sur les pierres larges de son immense bâtiment*.  Pierres où des sans-abris, depuis de nombreux mois, avaient trouvé un bien précaire refuge contre le froid et les intempéries.  Si l’être humain, du haut de sa supériorité technique, a inventé la rangée de piques anti-pigeon, ce nuisible à plumes, ne pourrait-il pas s’en inspirer pour éloigner le SDF alcoolique polonais, ce nuisible à face sournoisement humaine?

Alors certes, ils n’ont pas été poser des lignées de piques acérées.  C’eût paru trop directement cruel (le contondant effraie).  Et puis, qui sait, le pauvre, ce fourbe, eût pu prendre les habitudes du fakir.  Que nenni.  Ils ont été construire des structures de bois lisses dont la déclivité prête plus à la varappe qu’à un sommeil paisible. Delhaize Comprenant justement qu’à moins d’être un bouquetin – et encore! – , aucun membre du règne animal ne pouvait dignement trouver le repos sur ces constructions et donc s’y installer…

L’avantage de ce système est aussi que, tout comme la rangée de piques interdit le repos au pigeon, mais aussi au moineau, au rouge-gorge, au merle, au corbeau, à la chouette effraie, à la grue cendrée, à la cigogne, à la sterne, au manchot, à l’autruche, à l’avocette élégante, à la bernache à cou roux ou au syrrhapte, le « chasse-pauvres » interdit le repos au SDF alcoolique polonais mais aussi au fakir indien, au vieillard flamand, au portugais, au sans-papier marocain, à l’immigré clandestin berbère anversois, au chômeur en fin de droit ou au bambin épuisé d’avoir trop joué…  A considérer l’un de ses membres comme un nuisible par essence, on en vient à ne voir dans chaque représentant d’une espèce que ce qui peut lui nuire…

Ces « chasse-pauvres » qui fleurissent un peu partout sont une insulte à ceux qu’ils visent directement (à propos : comme Delhaize a de la suite dans les idées, les SDF alcooliques polonais ont été délogés par des vigiles privés accompagnés de chiens!) comme au genre humain.  En scindant celui-ci entre ceux qu’ils présentent comme des nuisibles et les autres censés les combattre, ces systèmes occultent la détresse des premiers – car, c’est bien sûr d’abord de détresse qu’il s’agit!- et entretiennent les seconds dans une illusion éthérée : il n’y a pas de misère, puisqu’on ne la voit pas!  Bien sûr, on ne peut dénier à personne l’envie de rester douillettement dans l’ignorance, même si, par les temps qui courent, cela demande une solide volonté.  Quant à la faire fuir toujours plus loin en l’humiliant…

Nous avons dès lors décidé de ne pas laisser plus longtemps le terrain libre à l’insulte et à l’humiliation des plus faibles d’entre nous (oui oui un sdf alcoolique polonais, on appelle ça « nous » aussi).  Nous vous convions donc à venir démonter (et uniquement les démonter, sans endommager ce qui va autour) ces mécanismes de la honte ce mercredi 29/04/2015 à 16.00.  Amenez pied de biche, dévisseuses, tournevis, marteau, tracts, journalistes, appareils photos, caméras.  Venez très beaucoup.  Rameutez autant.**  ***

* oui oui il s’agit donc bien d’un lieu privé.  Et donc, de démonter des mécanismes strictement privés.  Bien entendu, en cette époque où la propriété privée est érigée en parangon absolu (et loin de nous l’idée de dire que la propriété privée n’est un apport en rien), agir de la sorte titille non seulement la légalité (ben oui c’est illégal) mais aussi une règle éthique devenue fondement.  On rappellera juste que, déjà coulées dans la loi ou non, existent des limites à ces droits à la propriété.  Ce n’est pas parce que vous êtes chez vous, par exemple, que vous pouvez égorger votre femme, ou vos enfants, ou le chat du voisin.  Ce n’est pas parce que vous êtes chez vous non plus que cela vous donne le droit d’insulter les gens qui passent sur le trottoir.  Qu’il soit public ou privé, légal ou non, un acte qu’en raison on ne peut définir que comme bête et méchant doit être combattu!

** Le but de ceci est bien entendu de faire disparaitre ce dispositif particulier.  Mais aussi d’alerter et d’éclairer sur la prolifération de ces aménagements, quelle qu’en soit la forme singulière.  Il n’est pas dans notre intention de chercher une confrontation.  Même si elle ne nous effraie pas (La crainte naît de l’impuissance de l’âme, et n’appartient donc pas à l’usage de la Raison. Spinoza in L’éthique).  N’hésitez donc pas à venir, vieux, sans-papiers, jeunes, femmes, hommes, travestis, homos, hétéros, pauvres, riches, de droite, de gauche, chrétiens, musulmans, ou pas, et (pour une fois qu’on vous le demande) à partager le plus largement possible.  Au pire, c’est une pub pour Delhaize…

***On a créé un événement Facebook.  Celui-ci est public. N’hésitez pas à inviter vos contacts.

]]> https://www.librairie-ptyx.be/delhaize-ou-de-lart-detre-bete-et-mechant/feed/ 43
Le président, l’académicien et le torchon. https://www.librairie-ptyx.be/le-president-lacademicien-et-le-torchon/ https://www.librairie-ptyx.be/le-president-lacademicien-et-le-torchon/#respond Tue, 22 Jul 2014 12:32:37 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=4344

Lire la suite]]> sarko 3

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Après l’interview de Gavalda, nouvelle Calliope de France-Culture, l’été 2014 se révèle décidément bien faste en évènements littéraires d’importance.  C’est en effet au tour d’un autre monstre culturel de rappeler à nos mémoires deux autres monstres de la littérature, dessinant ce trio gagnant, cette sanctifiable trinité ô combien alléchante : Paris-Match, Nicolas Sarkozy, Jean-Marie Rouart!  Du papier glacé, un Sarkozy et un académicien pour parler littérature : il fallait oser.  Ils l’ont fait.  L’été est chaud.  On en viendrait presque à ne plus trépigner d’impatience dans l’attente de la moisson de septembre.

La plupart, dont nous sommes pas, se seraient sans doute uniquement gaussé de la chose, n’y voyant que matière à sarcasmes.  Mais à se moquer sans discernement, on en oublie souvent le sérieux qui se loge sous le potache.  Comme toute chose nécessite ses contrastes pour exister vraiment, la littérature a besoin de ces ailleurs.  A tout tourner en dérision, on se refuse à rien apprendre.  Voici donc, condensé, ce qu’on apprend grâce à Paris-Match :

-Nicolas Sarkozy est président.

-La littérature c’est l’émotion.

-Nicolas Sarkozy sait qu’il y a sept milliards d’êtres humains.

-Un écrivain est un romancier mort (sauf Houellebecq).

-Il n’y a rien au-dessus du romancier (sauf peut-être, mais là on nous reprochera sans doute d’interpréter, le romancier français, sans parler du romancier-français-académicien-chevalier-de-la-légion-d’honneur )*.

-Zola n’écrivait pas des trucs de gauche.

-Drieu La Rochelle n’écrivait pas des trucs de droite.

-Nicolas Sarkozy n’est pas sûr d’aller en vacance avec Céline.

– » Toute la littérature du XIXe et de la première partie du XXe siècle tourne autour de thèmes récurrents : “Je t’aime” ; “Tu m’aimes” ; “Est-ce que ça va durer ?” ; “Est-ce que je peux te faire confiance ?”.  »

-Napoléon a été trahi par sa famille mais heureusement il pouvait se reposer sur l’amour de Joséphine.

-La question : « Est-il vrai que vous détestez la Princesse de Clèves? » est épineuse.

-Nicolas Sarkozy n’a pas voulu se servir de la culture comme d’un moyen de communication.  Ligne de conduite stricte qu’il continue de suivre.

-Nicolas Sarkozy comprend les questions que lui pose Jean-Marie Rouart. [rires]

Nous ne pouvons clore ceci sans rappeler que Paris-Match appartient à Hachette qui appartient à Lagardère qui appelle Nicolas son « frère ».  Et que Jean-Marie Rouart fut élevé chevalier de la légion d’honneur par le Président de la République française en fonction le 14 juillet 2009 (voir *).  Comme nous le disions : la littérature a besoin de ces ailleurs…

]]> https://www.librairie-ptyx.be/le-president-lacademicien-et-le-torchon/feed/ 0
Le bleu, la belle et son cerveau. https://www.librairie-ptyx.be/le-bleu-la-belle-et-son-cerveau/ https://www.librairie-ptyx.be/le-bleu-la-belle-et-son-cerveau/#respond Thu, 22 May 2014 13:34:51 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=4185

Lire la suite]]> KakouLa campagne électorale s’achève.  Et au vu des dernières escarmouches et ruades des candidats, on est un peu soulagé.  Après le discours adressé aux masses wallonnes du nationaliste en chef au sourire chafouin et au regard bilieux à partir des locaux d’une chaîne privée comme s’il nous parlait du palais de Laeken, après la campagne d’un parti catholico-humaniste tout entier dédié à la mobilité (pendant qu’un des membres de leur clergé s’occupait d’avions, un autre diacre s’intéressait au problème épineux du skate), après les conseils cuisine d’une bleue aux traits et patronyme asiatiques (forcément des crevettes au curry), après cette révélation d’un ministre des affaires étrangères : la pédophilie c’est parce que le PS, après tout cela (et on en passe), force nous est de constater que, oui, l’annonce de cette ingénue était propitiatoire : on a bien touché le fond.

Hier, nous sommes encore tombé sur ceci.  On ne va pas se perdre trop dans une exégèse de la chose.  La vulgarité de celle-ci, sa bêtise tautologique, son incapacité à cacher sous un humour douteux le vide abyssal d’une pensée (y en a t’il seulement une!) et, aussi, une certaine lassitude, nous fatiguent plus qu’elles ne nous stimulent.

Plus intéressant en revanche nous a semblé le « récit de vie »  de la même Assita Kanko.  Hormis le fait qu’il se présente, dans ce journal, comme un article et non comme ce qu’il est réellement ; une tribune, un storytelling bêtifiant, un conte (le « il était une fois » ne dit rien d’autre) et sur lequel on ne s’étendra pas, il révèle surtout qu’à vouloir jouer sur tous les tableaux, à vouloir se présenter pour ce qu’on est surtout pas, on finit souvent par s’emberlificoter les pinceaux rhétoriques. On compose, à grands renforts de neurones (le peu du moins à disposition) une histoire poignante, issue du personnel, de l’expérience, et destinée à appuyer un projet et on se retrouve à en saper les fondements même.  On en vient à faire deviner le contraire de ce qui est proclamé haut et fort.  N’est pas romancier qui veut.

Ainsi, la « belle » se présente comme un produit de l’intégration mais de l’intégration individuelle.  Une intégration qu’elle ne doit qu’à elle-même, qu’à son opiniâtreté.  De celle qui n’est pas liée à un accueil mais se gagne avec les coudes.  Elle s’érige en exemple, non d’un processus collectif mais, subtilité, de sa faillite.  Son cas d’intégration devient alors d’autant plus exemplaire qu’il ne doit rien au collectif.  Eloge de l’individualisme, son parcours (comme le discours qu’elle tient à son encontre) est l’expression affirmée d’une volonté de puissance.  Et l’amène, superbe et magnanime, à ce coup de génie : « Ce que j’ai réalisé par l’exercice de ma liberté doit être imposé à d’autres ».  D’autres auxquels on ne suppose donc de facto pas les mêmes capacités, ni envies, ni aspirations, celles-ci devant lui être imposées.  « Voyez j’ai été libre!  Et c’est cet exercice de ma liberté qui m’a faite telle que je suis!  Et qui me légitime dans la restriction de la liberté d’autrui! ».  La valeur de celle-ci ne se jaugeant bien entendu qu’à la mesure du portefeuille…

Bien sûr, on est libre de ne parler, par exemple [ce n’est qu’un exemple, cela va de soi], que le turc, mais si on ne trouve pas un emploi, alors il ne faut pas se plaindre. Or, c’est quand même sur mon salaire que l’on prélève de quoi entretenir celui qui a choisi de ne parler que le turc… 

Mais aussi, la belle ne peut pas qu’être belle.  Il lui faut un cerveau.  Et un qui fonctionne.  Et quelle meilleure preuve d’en être l’heureux dépositaire que de lire.  Car oui, quand bien même ils ne lisent probablement pas, nos penseurs du MR savent pertinemment qu’il est encore convenu d’associer intellect et livre.  Donc, la belle lit.  Et que lit-elle?

Car elle a la tête bien faite et bien pleine, Assita : elle cite de Beauvoir, sa grande référence, mais aussi Rousseau, Voltaire, Diderot, Hemingway, Nothomb.

Ouch!

]]> https://www.librairie-ptyx.be/le-bleu-la-belle-et-son-cerveau/feed/ 0
Du bon sens… https://www.librairie-ptyx.be/du-bon-sens/ https://www.librairie-ptyx.be/du-bon-sens/#respond Thu, 08 May 2014 08:22:16 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=4139

Lire la suite]]> filigranes 1Un slogan de campagne, si du moins on n’écoutait que les responsables des partis dont il découle, est sensé résumer, par une formule, un programme.  Mais au-delà de son objectif de raccourci sémantique, il est surtout devenu effet d’appel.  Et comme tout groupe politique vise, dans notre système démocratique, à appeler le plus grand nombre, le slogan se doit d’attirer à lui la multitude.  D’où, vous l’aurez peut-être remarqué, la reprise de plus en plus étendue d’expressions éculées par des partis aux programmes sensés diamétralement opposés.  Le slogan, se devant d’attirer le plus grand nombre, a tout intérêt à épouser au mieux le moyen terme, celui-ci dût-il au final être partagé par tous.

C’est pourtant avec le désir de se démarquer de la concurrence, on l’imagine, que furent choisis pour exprimer le programme MR, celui de Melchior Wathelet (CDH), ou celui du PP, des slogans en appelant tous au « bon sens ».  Simplement « Le bon sens » chez l’un, « C’est l’heure du bon sens » chez les bleus ou « Retour au bon sens » dans le camp de la droite de la droite de droite de la droite (restons pudiques).  Les différences à la marge de ces slogans de campagne n’en doivent masquer ni l’aspect généalogique questionnant (PP,MR,CDH mais aussi Poujade ou encore Jean-Marie De Decker y recourent tous dans une belle unanimité) ni l’essence à laquelle ils renvoient : le recours à la notion d’évidence.  Du style : « je vais vous parler de l’évidence, de ce qui ressort de la raison.  Je ne vais pas vous ennuyer avec des circonvolutions accessoires.  J’en appelle, comme vous, à ce qui est directement évident. »  On suppose également que leurs références (très partagées comme l’on voit) se sont bornées à quelques clics wikipedia évoquant Descartes ou Balzac.  Mais ils n’ont certainement pas été jusqu’à se poser la question de savoir si quelqu’un avait déjà travaillé sur la reprise de cette notion en politique.

ce réel [petit-bourgeois], le plus étroit qu’aucune société ait pu définir, a tout de même sa philosophie : c’est le « bon sens ». 

Ceci se trouve chez Barthes, dans l’article des Mythologies « Quelques paroles de monsieur Poujade« .  Où l’on trouve une analyse brève mais acérée non de ce qu’est le bon sens, mais de ce que suppose en appeler à celui-ci.  C’est-à-dire de facto s’en prétendre le garant, suggérer qu’on le possède en propre, à la manière d’un appendice physique glorieux, d’un organe particulier de perception.  Qui de plus, puisque se présentant comme épousant tout le programme qui s’articule selon lui, ne laisse de place à rien d’autre, exclut tout autre possible.  L’appel au bon sens est foncièrement totalitaire.  Et implique, sous l’évidence de son discours tautologique, le refus de l’altérité, la négation du différent, le bonheur de l’identité et l’exaltation du semblable.

[Le bon sens] bouche toutes les issues dialectiques, définit un monde homogène, où l’on est chez soi, à l’abri des troubles et des fuites du « rêve » (entendez d’une vision non comptable des choses).

Oui, définitivement, le bon sens…  Voilà qui les définit admirablement…

]]> https://www.librairie-ptyx.be/du-bon-sens/feed/ 0