Le Tripode – ptyx https://www.librairie-ptyx.be "Hommes, regardez-vous dans le papier" H.MICHAUX Thu, 25 Apr 2019 08:01:20 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.1.1 « La Cartothèque » de Lev Rubinstein. https://www.librairie-ptyx.be/la-cartotheque-de-lev-rubinstein/ https://www.librairie-ptyx.be/la-cartotheque-de-lev-rubinstein/#respond Tue, 13 Nov 2018 08:25:19 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=7951

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On peut faire un absolu de n’importe quelle faiblesse passagère en l’érigeant en principe structurant

Un principe formel, que ce soit en littérature ou dans un autre art, est souvent conçu comme l’acmé du créateur. Il est aujourd’hui essentiel à qui veut percer de bâtir un système d’expression (et l’absence de système est aussi un système…) qui soit neuf, ou aussi neuf que possible. Il faut construire une structure qui soit originale et dont le niveau d’originalité sera l’aune à laquelle sera jugée l’importance de qui l’aura élaboré. Et non seulement il convient de faire du neuf mais il faut que ce neuf démontre qu’il a bien été pensé comme tel. Qu’il n’est pas l’oeuvre du hasard ou, à défaut, d’un hasard qui fut lui-même pensé comme son principe. Et cela n’est ni mal ni bien. C’est juste comme ça. Mais, très souvent, tout occupé à construire son système et à inclure, dans ce système, des traces qui attestent de sa longue et originale maturation, le créateur omet de l’appuyer sur quelque chose. Ne reste alors -dans les cas, rares, où cette structure est réellement intéressante- que la structure elle-même. C’est bien bâti, c’est original, mais ça ne dit rien ou rien que de banal. Un peu comme un clinquant  échafaudage qui ne s’appuierait sur rien. La structure n’y est habitée que par elle-même. Heureusement, de temps à autres, des artistes comprennent que la « nouveauté » d’un système n’est que le moyen par lequel se dévoile quelque chose qui, sans ce moyen, ne serait pas perçu, voire même, peut-être, ne serait pas…

Il arrive qu’on attende et qu’on attende encore, sans que rien ne se passe, et puis tout à coup, boum, quelque chose arrive.

Il arrive qu’on s’imagine que la branche de noisetier est le signe de l’irréalisable, une pluie incessante, celui des temps futurs, la lumière assourdie à une fenêtre inconnue, celui du mystère insondable de la Voie.

Il arrive qu’on soupire et qu’on ait une pensée. Et qu’on soupire à nouveau.

Sur des fiches, Lev Rubinstein note des maximes, des lieux communs, des citations, de fausses citations, des jeux de mots, des extraits de textes philosophiques, juridiques, littéraires, etc. Il assemble ensuite en poèmes ces fiches sous formes de cartes perforées et accompagne leur exposition d’une lecture-performance. Rassemblés ici très pragmatiquement sur la page (une fiche = une strophe), ces poèmes-fiches dévoilent rapidement bien plus que le concept qui les organise.

Ou bien un item de plus dans la liste des affects. Ou bien soudain se révèle diverses choses, dont on ne sait que faire.

Œuvrant à bon escient d’une subtile répétition (là un mot, là une formule « toute faite », là une structure grammaticale) et de l’effet d’attente que toute variation dans une même forme suscite irrémédiablement, Lev Rubinstein réussit, en brisant nos habitudes de représentation, à nous interroger, certes sur celles-ci, mais aussi sur tout ce qu’elles soutiennent. Issues d’une forme qui bouscule nos repères, les beautés qui en émergent, sont alors d’autant plus gratifiante et jubilatoire qu’elles semblent avoir été expurgées de cette forme nouvelle par un acte de lecture neuf. Comme le dit la remarquable traductrice de ce monstre des lettres russes :

« il continue à nous faire douter à la fois des mots et du monde, mais, du même mouvement, leur donne vie. »

Et ça, ça n’a pas de prix!*

Lev Rubinstein, La Cartothèque, 2018, Le Tripode, trad. Hélène Henry.

*expression qui peut aussi renvoyer au coût de la chose, modique, comme à la bêlante foire à la récompense que nous traversons momentanément.

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« Le fleuve sans rives » de Juan José Saer. https://www.librairie-ptyx.be/le-fleuve-sans-rives-de-juan-jose-saer/ https://www.librairie-ptyx.be/le-fleuve-sans-rives-de-juan-jose-saer/#respond Thu, 15 Feb 2018 07:47:37 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=7452

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dans ce livre, on trouvera un peu de tout

Le Rio de la Plata est cet immense estuaire de 290 kilomètres de long formé par le Rio Parana et le Rio Uruguay, sur la façade atlantique de l’Amérique du Sud. Démesurée frontière entre l’Argentine et L’Uruguay, cet espace charriant autant les fantasmes que les alluvions est l’occasion pour Saer d’exercer un art qu’il maîtrise à la perfection. Oeuvre de commande, Le Fleuve sans rives permet ainsi non seulement à son auteur de mener le lecteur là où ce dernier ne s’attendait pas à être mené, mais aussi à transformer ce cheminement en sa propre exégèse.

Le but de l’art n’est pas de représenter l’Autre, mais le Même.

En quatre « saisons », Saer nous intéresse bien, et de très près, au Rio de la Plata. Sa géographie, sa géologie, ses courants, ses mouvements de flux et reflux, l’histoire de sa découverte et de son développement, tout cela est exploré – comme le précisait sans doute le « bon de commande » – avec la précision et la rigueur requises. On est dans le fait vérifié et estampillé « vrai ». Mais parmi ces faits directement reliés au fluvial, l’auteur, assez rapidement en vient y glisser d’autres. Ainsi en vient-il à nous parler de lui et de son enfance, des faits politiques souvent douloureux qui ont marqué l’Argentine, de la littérature aussi. Et peu à peu, en nous éloignant du fleuve (pour y revenir toujours, comme pour le temps d’un bref plongeon), l’auteur nous convie-t-il à voir et penser différemment tout ce qui nous irrigue.

Au lieu de vouloir être à tout prix quelque chose – appartenir à un pays, à une tradition, se reconnaître dans une classe, un nom, une situation sociale – , peut-être n’existe-t-il pas aujourd’hui d’autre orgueil légitime que celui de se reconnaître comme rien, moins que rien, fruit mystérieux de la contingence, produit des combinaisons complexes qui mettent tous les vivants sur un même pied d’égalité, celui d’une présence aléatoire et fugitive. Le premier pas vers la découverte de notre véritable identité consiste justement à admettre qu’à la lumière de la réflexion, et, pourquoi pas, de la compassion, aucune affirmation d’identité n’est possible.

Aux antipodes de la métaphore creuse, Saer, avec générosité et génie, nous enjoint dans une recherche esthétique et ontologique aussi fascinante que déterminante. Dans Le Fleuve sans rives, on trouve donc bien un peu de tout. Non pas car, maîtrisé ou non, le système formel prôné par l’auteur serait de créer un désordre mais bien, a contrario, parce qu’aucun « espace propre » n’existant pour rien nulle part, la littérature se doit de ne pas s’en créer un pour soi-même. Tout, décidément, est sans rives…

Juan José Saer, Le Fleuve sans rives, Le Tripode, 2018, trad. Louis Soler.

Il nous est impossible ici de ne pas alerter tout lecteur sur un autre Fleuve sans rives, de Hans Henny Jahnn. .Tout simplement parce qu’il s’agit, à notre humble avis, du plus important chef-d’oeuvre méprisé du vingtième siècle. Qu’on se le dise!

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« Cendres des hommes et des bulletins » de Pierre Senges et Sergio Aquindo. https://www.librairie-ptyx.be/cendres-des-hommes-et-des-bulletins-de-pierre-senges-et-sergio-aquindo/ https://www.librairie-ptyx.be/cendres-des-hommes-et-des-bulletins-de-pierre-senges-et-sergio-aquindo/#respond Thu, 22 Sep 2016 06:59:46 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=6125

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CENDRES

 

C’est ainsi, l’âme contient quelque part entre le mors et la queue l’énigme de la légitimité des princes.

Il existe une oeuvre de Breughel, exposée au Louvre, qui, depuis toujours, laisse perplexe qui cherche à en saisir les significations. Figurant cinq estropiés affublés d’étranges couvre-chefs et de queues de renard, avec un personnage de profil en retrait (une femme selon la plupart), tenant dans ses mains un objet non identifié (une sébile selon beaucoup), le tout baignant dans des teintes lumineuses qui contrastent avec le sujet miséreux, sa très petite taille n’a d’égale inverse que le mystère qui en émane. Et qui dit mystère dit invite à l’investir!

Sergio Aquindo s’y colle côté images. Pierre Senges versant textes. Sans jamais vouloir s’illustrer l’un l’autre, ils se penchent chacun sur les énigmes qu’éveillent en eux ces étranges personnages. Et construisent, pas à pas, traits après traits, moins une signification originelle – qui retrouverait, ô désir illusoire, la volonté du peintre – qu’une suite de variations autour d’eux.

Et si ce n’était pas Silvano Piombo, ce niais, qui devait accéder au trône papal en cet an de grâce 1455, mais bien Salvatore Pombo qui, c’est un euphémisme, le valait largement. L’un deviendra le très officiel Célestin VI, le second l’anti-pape Sylvestre IV. Et si les noms des grands princes du XV ème siècle étaient Jacinta I, Alaeddin premier, Philippe VII ou Hans Van Der Dingen. Des « si ». Et des « peut-être ». En habitant les possibles, en fondant sur « l’obscurité », les « mystères », d’une oeuvre picturale majeure du XV ème siècle les principes mêmes de leur « résolution », les deux compères brodent avec finesse et humour une superbe ode au rebut. Il suffit de si peu – une erreur orthographique, une brève errance de l’Histoire, un « manque de bol » – pour qu’un « quelqu’un » pressenti ne s’élève finalement pas au-dessus du statut de quidam. Et que le quidam initialement destiné à embrasser éternellement son transparent rôle d’imperceptible n’usurpe le prestige du rôle dévolu à qui restera dans les livres d’Histoire. Et si c’était cela, in fine, la leçon de ce tout petit tableau de Breughel – dont la taille insignifiante proclamerait alors d’autant mieux son propos -, et de ce livre indispensable. N’est ce pas dans le rebut que se découvre le mieux notre monde? Jésus ne serait-il pas un fieffé rieur? En fait, le Carnaval, mieux que s’en moquer en la teintant de grotesque, ne rétablirait-il pas la vérité? Ne serait-il pas, ce carnaval, en lieu et place de son expression cathartique, le réel lui-même?

La vérité est plus tordue, plus tordue qu’elle-même : la vérité est ce qui sort du trou dans lequel s’est enfoui le ver de terre : un tortillon de sable, ornement de l’absence.

Sergio Aquindo & Pierre Senges, Cendres des hommes et des bulletins, 2016, Le Tripode. 

Les bruits ci-dessus ont été enregistrés lors de l’émission Les Glaneurs sur Musique 3. Une émission organisée par Fabrice Kada, manutentionnée par Marion Guillemette et racontée par Adrien Grimmeau et Muriel Andrin.

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« Notre Château » de Emmanuel Régniez. https://www.librairie-ptyx.be/notre-chateau-de-emmanuel-regniez/ https://www.librairie-ptyx.be/notre-chateau-de-emmanuel-regniez/#respond Fri, 15 Jan 2016 09:06:19 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=5701

Lire la suite]]> Notre Château

Depuis vingt ans, Octave et Véra, sa soeur, vivent reclus dans un château qu’ils ont hérité de leurs parents. Sans amis, presque sans lien avec l’extérieur, leur vie est rythmée par une suite d’habitudes tenaces que rien ne paraît devoir ébranler. Mais tout bascule quand, le jeudi 31 mars, à 14h32, Octave voit sa sœur dans le bus n°39 qui va de la Gare à la Cité des 3 Fontaines, en passant par l’Hôtel de Ville. Cela pourrait passer pour bénin si Véra ne sortait jamais du château!

Je dois croire ma sœur sinon tout va s’écrouler.

Un peu plus tard, Octave trouve une cigarette se consumant dans un affreux cendrier de cristal. Alors que lui a arrêté de fumer depuis six ans et que sa sœur, elle, n’a jamais commencé…

Comme tout est étrange.

De petits dérangements du quotidien. Des accrocs dans les mailles mornes de l’habitude. Minuscules. Presque insignifiants. Mais dont l’irruption soudaine entraîne avec eux toutes ces fragiles certitudes qui fondaient le banal. Banal qui vacille sous l’extraordinaire qui semble en surgir.

Je pense souvent aux mondes parallèles, aux mondes autres que le nôtre.

Mais ces micro-événements relatés par Octave ne sont-ils pas le produit de son imagination? Octave est-il lui-même « normal »? La défaillance du monde qu’il s’est construit n’est-elle pas due à sa propre « démence »? Est ce son monde qui vacille, ou la foi que nous, lecteurs, aurions pu placer en lui? Dans ses doutes, ses errements, ses répétitions, ne devine-t’on pas les nôtres? Que lire dans ceux-ci?

Le réel est une construction. Dont la stabilité tient en de fragiles équilibres. Les grains de sable dans la mécanique semblant immuable du Château viennent déranger ce qui se tramait à l’intérieur. Mais, le dérangeant, ils en révèle les failles plus qu’ils ne les créent. La brèche, même chas d’aiguille, laisse s’engouffrer, à la suite du micro-événement qui l’a ouverte, le torrent du « dehors », qui, s’y mêlant, révèle la fragilité du « dedans ». Qu’on le veuille ou non, qu’on construise autant de barrières pour s’en protéger qu’on croit ce « dehors » menaçant, toujours, in fine, il advient. Et se révèle alors, d’autant plus douloureusement que le déni fut prégnant et long, cette évidence : il n’y a pas de « dehors »!

Il n’y a pas de dehors, de grand dehors. Il y a Notre Château et seulement Notre Château.

La lecture est aussi une construction. Comme le réel, elle est un édifice. Ainsi toute lecture fait (sans même y faire appel) sourdre un « dehors » (les autres livres lus) qui lui préexiste et auquel, s’il ne s’y limite pas, il est intrinsèquement lié. La force du projet d’Emmanuel Règniez est d’ici conjoindre dans un même souffle l’ébranlement du réel d’Octave et celui de notre lecture. En toute simplicité. Les autres livres lu, ces fantômes qui l’habillent, ne sont pas en « dehors ». Ils sont dans Notre Château. Ils sont Notre Château.

Lire c’est toujours lire avec une théorie.

Emmanuel Régniez, Notre Château, 2015, Le Tripode.

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« Glose » de Juan José Saer. https://www.librairie-ptyx.be/glose-de-juan-jose-saer/ https://www.librairie-ptyx.be/glose-de-juan-jose-saer/#respond Fri, 30 Jan 2015 08:39:16 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=4909

Lire la suite]]> GloseLa façon dont une vérité se manifeste est secondaire.  L’important c’est que la vérité se laisse apercevoir.

Nous sommes le 23/10/1961, peu après 10 heures.  Angel Leto qui descend tout juste de l’autobus, décide, plutôt que de rejoindre directement son bureau de comptable, de faire quelques pas sur le boulevard San Martin.  Rapidement il rencontre Le Mathématicien.  Un peu plus loin, les deux amis discourant rencontrent Le Journaliste.  Le premier chapitre est consacré aux sept cents premiers mètres de leur ballade, le deuxième aux sept cent suivants, le troisième et dernier aux sept cents derniers.

Il y a toujours quelque chose, pense Leto,.  Et s’il n’y a rien, on pense qu’il n’y a rien et cette pensée est déjà quelque chose.

De cet argument minimal, lui-même sans cesse remis en question, Saer tire un roman magistral.  Déambulant le long de l’avenue que le narrateur (mais est-ce bien un narrateur?) nous décrit en détail (mais par l’entremise de quel regard?), des souvenirs affleurent à la mémoire de Leto et du Mathématicien.  Une soirée d’anniversaire.  Le suicide d’un père.  Et de même que nous sont donnés à lire certains de ces souvenirs, les propres considérations de chacun sur l’irruption même de ceux-ci nous sont pour partie dévoilées.  De même que les petites hypocrisies, les attentes qui émaillent le discours de chacun, leurs espoirs d’une réaction de l’autre aux propos qu’ils tiennent.  Et aussi, les évènements qui émailleront plus tard leurs existences.  Tout est ici, et sans cesse, changeant, remis en question.  Jusqu’à qui remet en question…

Barco, disions-nous, ou disait plutôt, n’est-ce pas? comme je le disais, votre serviteur,

Virevolte déroutante, Glose se déploie comme la pensée elle-même.  Du coq à l’âne, brassant passé et présent, là et ici.

Cet univers linéaire d’où Leto, pour des raisons mystérieuses, et sans même qu’ils s’en doutent, était exclu […] semblait inexpugnable, moins pour cause de solidité que pour cause d’inconsistance, diffuse, changeante et omniprésente.

Sur cette ligne de deux mille cent mètres, chaque pas, chaque point d’arrêt se matérialise comme un point dans l’espace et le temps qui en dévoile plus que lui-même, ne s’y arrête pas.  Comme une poupée russe sans fond.  Et l’écriture est cela même qui peut pallier à cette infirmité du changeant, du diffus incessant, et de ne pouvoir être qu’un point dans l’espace et dans le temps.  En en détaillant les successions, les états par lesquels un être transite avant d’arriver à ce point.  Et avant qu’un autre n’advienne.  Ce que tente de dire Saer n’est rien d’autre que l’insaisissable par essence : le présent!

[le] présent – qui pourrait être après tout, et pourquoi pas, le nom de tout cela –

Glose est un roman du solipsisme, du relativisme poussé en absolu, où le réel n’est là que parce qu’il y a un sujet.  Un sujet, à partir duquel peut se développer, dans toutes les directions temporelles ou spatiales, un monde.

la rue droite qu’ils déroulent est faite d’eux-mêmes, de leur vie, elle est inconcevable sans eux, sans leur vie et, à mesure qu’ils se déplacent, elle se constitue de ce déplacement, elle est le bord empirique de l’avenir.

Juan José Saer, Glose, 2015, Le Tripode, trad. Laure Bataillon.

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