Prenons deux maximes : « Le ridicule ne tue pas » et « Ce qui ne tue pas te rend plus fort ». Accolons-les, nous obtenons : « Bernard Stiegler est vivant et son dernier livre fait encore plus fort ».
L’un des propres du pensum, à quoi qu’il s’attache, est de décourager d’emblée. Celui-ci à peine entrouvert et déjà l’amas informe de calembours, d’italiques, de néologismes, de suintante prétention, décourage qui tente de s’y frayer un chemin. Entendons-nous bien cependant : nous ne sommes par essence nullement découragés par l’apparence ardue d’un texte. On a fréquenté (et on fréquente encore) d’assez près la philosophie et ses pontes réputés casse-pipe (qu’il s’agisse des sacro-saints français ou des honnis analytiques) que pour ne pas baisser les bras devant ce qui s’annonce difficile. On sait trop combien le nouveau requière un effort de lecture neuf que pour y renoncer par principe ou par paresse. On irait même jusqu’à dire que cela fait plutôt partie de notre plaisir. Non. Ce qui décourage ici n’est pas notre crainte de l’effort à fournir pour accéder à la compréhension du texte bébérien mais bien que son apparence de difficulté ne dissimule… rien. Les calembours, les citations à l’emporte-pièce, le name-dropping, les italiques, le recours aux mots rares, tout cela n’est que la mise en scène de sa vacuité. Mise en scène qui fonctionne d’autant mieux qu’est toujours profondément inscrite en nous l’idée que plus c’est dur autour, mieux c’est dedans. À l’image de l’œuf factice destiné à encourager la poule dans son entreprise pondeuse, l’oeuvre bébérienne aura beau être picorée encore et encore, elle ne donnera accès à rien. La difficulté bébérienne n’est pas la coquille qui dissimule le génie, elle forme la substance de l’œuf bébérien. Et plus encore, contrairement à l’œuf factice dont la contemplation provoque l’œuf vrai, l’œuf bébérien, lui, ne produit chez qui le contemple qu’un ennui mâtiné de pouffements.
Il est donc non seulement illusoire mais aussi inutile de se lancer dans une exégèse du texte bébérien pour en goûter la substance. Ce serait, en sus d’une perte de temps fort dommageable, se laisser prendre au piège sournois qu’il nous tend. Un simple examen attentif d’une page ouverte au hasard suffit à dégonfler la baudruche bébérienne :
Un telle règle est l’arègle an-archique de l’absence de règle : la règle du défaut comme défaut de règle qu’il faut. Cela signifie que le pharmakon est toujours ce par rapport à quoi une bifurcation peut et doit s’opérer, telle qu’elle est offerte par le pharmakon, contre la toxicité de ce pharmakon, et comme sa quasi-causalité – par-delà toute Aufhebung, toute synthèse dialectique, « idéaliste » ou « matérialiste » : la quasi-causalité pharmacologique finit toujours par engendrer elle-même de nouveaux pharmaka, qui réactivent la situation tragique en quoi consiste l’exosomatisation telle qu’elle ouvre des promesses qu’elle ne tient jamais autrement qu’en en différant toujours à nouveau l’horizon.
Oufti. Passons à côté des cornichoneries néologisantes, des contrepèteries involontaires (ou pas, avec Bèbère on s’y perd), de la pseudo-science, rappelons-nous que tout cela non seulement n’a pas pour objectif d’être compris mais n’a d’autre finalité que de ne pas l’être (l’incompréhension du lecteur servant ici de gage au génie de l’auteur) et appliquons-nous sur la dernière partie de la pirouette bébérienne : « l’exosomatisation telle qu’elle ouvre des promesses qu’elle ne tient jamais autrement qu’en en différant toujours à nouveau l’horizon. » Vous pouvez retourner et retourner encore l’expression bébérienne, consulter l’un après l’autre tous les dictionnaires et Bescherelle les plus rigoureux, l’expression bébérienne ne signifie rien d’autre que « l’exosomatisation* ment »**. Vous aurez donc ainsi compris qu’une des grandes qualités du pseudo-philosophe est d’allonger la bêtise dans l’espoir de lui faire endosser les oripeaux de la sagesse.
Le reste étant à l’avenant, il ne vous restera plus alors qu’à ranger l’oeuvre bébérienne là où est sa place : dans le poulailler des idées reçues, des clichés, des prétentions pseudo-profondes, où, à côté de ses collègues pop-philosophiques et pseudo-deleuziennes, elle pourra plastronner et cotcotter à l’envi sur sa propre importance. Car tel est son seul but. Sacré Bèbère!
Bébére, Qu’appelle-t-on panser?, 2018, Les Liens qui Libèrent.
* il n’est d’aucun intérêt de traduire ce que « exosomatisation » peut bien vouloir recouper dans l’esprit de Bèbère. Tout au plus et tout aussi bien pouvez-vous le remplacer par « truc » ou « brol ». Ça fait certes moins inspiré…
** ce qui ne veut strictement rien dire, bien entendu, on vous rassure***
*** car l’oeuvre bébérienne a ceci de curieux et de vicieux, comme ses condisciples pseudo-profondes, de toujours laisser quand même germer en vous la possibilité, même infime, que c’est vous qui seriez responsable de l’incompréhension de ce que vous lisez, que vous seriez défaillant, bref, que vous seriez un con. Quod non! D’où l’expression : « prendre les gens pour des cons »…
]]>Hier, à la chambre des représentants, questionnée sur le sujet, Madame Zuhal Demir, secrétaire d’état à l’égalité des chances, « jeune femme issue de l’immigration étiquetée NVA »* a précisé qu’un plan allait « enfin » – sous-entendu « grâce à elle et son parti » – pouvoir voir le jour. Alors qu’elle s’est refusée en séance plénière à qualifier l’agression, elle a cependant tenu à préciser que :
Ce plan visera non seulement le racisme entendu dans sa forme classique mais également le racisme dont les « autochtones » peuvent être victimes de la part d’« allochtones », la trop faible participation au marché de l’emploi des femmes d’origine étrangère ou encore le harcèlement dont certaines sont les victimes en raison de leur habillement « trop occidental ».
Difficile de se montrer rétif à un tel programme. Protéger qui que ce soit contre ce que peut susciter l’expression de sa différence est plus que louable. Quant à profiter d’une énième agression qui touche une représentante d’une communauté déjà pas mal stipendiée pour déclarer envisager des mesures aptes à endiguer l’acte inverse… C’est, comment dire, un peu borderline, non? Du genre : « ouais bon, y en a une qui se fait lacérer au couteau parce qu’elle porte un voile et donc qu’elle est « arabe », c’est pas top top, mais bon, quand même hein, tout le monde sait bien que c’est les « arabes » qui sont coutumiers du fait », ou alors : « on sait tous combien il est difficile, voire dangereux, dans « certains quartiers »** de se promener en short ou en jupe, faut pas s’étonner que certains se rebellent », ou alors pourquoi pas : « si l’arabe voilée est voilée c’est parce que sa communauté l’oblige à porter un voile et aussi elle l’empêche de travailler et si elle travaillait elle se serait jamais retrouvée à se balader à Anderlues avec un voile à cette heure-là »…
Alors, oui, évidemment, tout ça c’est pas dit. Comme aussi, ne sont jamais nié les faits. On ne dit pas que cela n’a pas eu lieu. Comme on ne revient pas sur les circonstances. On se contente de n’en rien dire vraiment. On ne nomme pas. Plus fort encore : on ne nomme pas l’acte qui a eu lieu – l’acte islamophobe, l’acte de « l’autochtone » contre « l’allochtone » -, on en fait l’occasion de nommer ce qui, à ce moment-là, n’a pas eu lieu – l’acte « anti-blanc », l’acte de « l’allochtone » contre « l’autochtone ». Et ainsi, on fait mouche deux fois : on invisibilise l’acte réel, qui a bien eu lieu, et on actualise celui qui est fantasmé. L’arabe agressé devient l’occasion de renforcer la chimère de l’arabe agresseur. En toute décontraction, le voile déchiré devient ainsi l’occasion de défendre le port de la chemise brune. C’est dégueu. Mais c’est super efficace…
*l’islamophobicwashing n’est jamais aussi efficace que quand il est pratiqué par une « jeune femme issue de l’immigration étiquetée NVA ». La NVA, parti qui oeuvre activement au retour de la chemise brune, l’a très bien compris.
**le « certain quartier » est majoritairement « arabe », « turc », « maghrébin »…
***Oui oui, on sait. Ce blog est censé être en vacances. Mais bon…
]]>A moins de n’avoir rien à faire du livre – ce qui demeure le cas de l’immense majorité – ni de n’avoir jamais le regard attiré par toute information portant sur la haine du juif – ce qui demeure le cas d’une infime minorité -, il eût fallu être mort pour n’avoir pas eu vent de la rumeur, puis de l’information, de la réédition par Gallimard des pamphlets antisémites de L.F.Céline. Utile ou inutile, indispensable ou dangereuse, devoir cathartique ou renouveau haineux, oeuvre douloureuse mais nécessaire à l’historien ou travail coupé du réel du geek célinien, ce projet de réédition vaut nombre de débats qui, s’ils pouvaient être menés avec un minimum de bonne foi, d’intelligence et de respect de l’autre, ne seraient pas sans intérêts (les débats pas la réédition). Les conditions précitées n’étant souvent pas, de loin s’en faut, réunies, vous comprendrez que nous nous en sommes assez rapidement tamponné le coquillard. Jusqu’au jour où nous reçûmes, accompagné d’un bon de commande, ce mail du service commercial de Gallimard :
Fi du débat! Vive la polémique!
Ce que nous démontre cette perle décomplexée – et pas uniquement sa sémantique, car son objet seul en est lui-même un exemple éclairant – c’est que là où le débat, sur quoi qu’il porte, n’intéressera plus que l’universitaire, ce grincheux tatillon et frustré, la polémique, elle, aguichera le tout-venant en lui faisant miroiter qu’il aura vocation à donner son sacro-saint et pertinent avis, sur quoi qu’il porte. Ce que le service commercial de Gallimard nous prouve c’est, alors que le débat endormirait un pré-pubère dopé au redbull, que la polémique, elle, fait se redresser, vaillante comme au premier jour, la paupière du catatonique moribond. Mais aussi, ce que nous démontre à l’envi cette honorable vieille dame qu’est Gallimard, c’est que la polémique, ça vend!
Alors oui, certes, on pourrait dire que c’est pas très classieux. Qu’après tout, faire des sous avec l’édition de textes qui seraient juste, parmi d’autres, des délires sans intérêts littéraires, s’ils n’avaient représenté des idées (et incité à les mettre en oeuvre) responsables de la mort de millions de gens, idées toujours un peu en vogue actuellement, que tout ça, c’est quand même un peu limite. Que, personnellement, savoir que le succès commercial d’un livre qu’on édite ne sera du qu’aux milliers de bas-de-plafond qui l’achèteront pour se conforter dans leur haine de l’autre et non aux 48 spécialistes qui se plongeront dans l’appareil critique de la chose, que personnellement donc, ça nous empêcherait de dormir. On pourrait trouver qu’éditer juste pour des sous des textes ignobles qui proclament exécrer le juif et souhaiter son éradication, pour l’une des raison précise que le juif n’aime que lui-même et les sous, est aller un peu trop loin dans la joie du paradoxe. On pourrait dire en plus que l’avouer aussi crûment auprès des libraires, et les inciter à « judicieusement » participer pleinement à cette bonne grosse blague, est aller un peu trop loin dans la décomplexion. Que tout ça c’est quand même un tantinet putassier. Que c’est pousser le bouchon du cynisme un peu loin. On pourrait. C’est sûr. Mais ça serait quand même ringard. Non?
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R. a 27 ans. (Jusque là ça va). Il est gravement handicapé. (Ça se complique). Il est arménien. (C’est là que ça devient beaucoup plus problématique). La maladie évolutive rare et grave dont il souffre nécessite des soins constants (il ne peut ainsi se déplacer qu’en chaise roulante, ne peut se vêtir ni s’alimenter seul). L’aggravation de son état ne permettant plus de trouver des soins satisfaisants dans son pays, lui, sa mère (dont l’aide au quotidien lui est indispensable) et son frère ont introduit une demande d’autorisation de séjour pour raisons médicales à la Belgique. Ils ont obtenus à trois reprises un renouvellement de leur carte temporaire de séjour. Au cours de ce séjour, un diagnostic fut posé et un traitement débuté. Il a subi des opérations importantes. Aujourd’hui, malgré la gravité de son état, malgré les soins pointus qu’il nécessite et qui ne sont pas disponibles dans son pays, malgré la programmation d’opérations futures dans des hôpitaux belges, malgré les multiples rapports médicaux indépendants en attestant, malgré la énième condamnation de la Belgique par la Cour Européenne des droits de l’homme dans un cas similaire récent, malgré cette annonce officielle glanée sur le site des Affaires étrangères : « La qualité des soins et des infrastructures médicales [en Arménie] est largement inférieure à celle proposée en Belgique. Il est préférable de se faire rapatrier pour tout problème médical quelque peu sérieux. », malgré la mobilisation de nombreuses associations, malgré ce livre blanc paru il y a peu dénonçant les critères toujours plus restrictifs présidant à la reconnaissance d’un statut de réfugié pour raisons médicales qui aboutissent in fine à considérer l’humain comme quantité négligeable, malgré tout cela (sans parler d’éthique, parce que l’éthique c’est pas du tout à la mode et que nous on tient beaucoup à être à la page) il fut annoncé à R. et à sa famille qu’ils seront expulsés ce 19/12 à 19h25.
Alors, si votre conifère décédé clignote comme il se doit, si la peau du gallinacée se distend sous la pression truffière, si votre sourire est déjà figé au botox, nous ne saurions trop vous conseiller les quelques actions suivantes :
Trop d’appels tuant l’audibilité de l’appel, on n’est pas toujours d’avis de relayer les appels à l’aide ou à l’indignation. Mais on est ici à ce point devant un cas d’école…
]]>Imprimé en France
Imprimé en Italie
Imprimé en Bulgarie
Imprimé en Chine
Achevé d’imprimer sur les presses de l’imprimerie Pulsio
Achevé d’imprimer dans l’Union Européenne
Un très rapide tour de colophon et hop, un goût d’ailleurs vous prend. Italie, Lituanie, Chine, Espagne, ils sont loin les temps où c’est l’imprimeur du coin qui vous fabriquaient les livres. La « mondialisation », ici comme ailleurs, a fait son office. Et, bien entendu, pour les mêmes raisons qu’ailleurs. On veut dire, oui, que dans le secteur éditorial comme dans les autres, ce sont bien sûr de simples calculs arithmétiques qui président souvent aux choix d’impression. Et, oui aussi, c’est moins cher de faire imprimer à l’autre bout du monde qu’à Charleroi (si on ne considère pas Charleroi comme l’autre bout du monde, évidemment). Rien d’étonnant à cela donc. Et pourtant…
Et pourtant, à les bien lire, les colophons dissimulent une gêne bien plus qu’ils n’informent sur un état de fait. Quand on les lit vraiment, comme ce qu’ils introduisent ou ponctuent, ils révèlent les marques d’ambivalence, de honte parfois, d’hypocrisie souvent, qu’ils recèlent. Petit tour d’horizon:
1. Quand on vous dit qu’un livre « a été achevé d’imprimer sur les Presses de Pulsio », il l’a été en Bulgarie, au mépris de beaucoup de réglementations environnementales, de beaucoup d’effort graphique et d’au moins autant de ce que l’on peut nommer la concertation sociale.
2. C’est aussi pour ça qu’un éditeur dira souvent que le livre « a été achevé d’imprimer sur les Presses de Pulsio » et non pas qu’il « a été achevé d’imprimer en Bulgarie ». Ça fait sale. Et on n’aime pas acheter un livre sale.
3. Quand vous lisez qu’un livre a été fabriqué en Italie ou en Espagne, c’est parce que là bas c’est moins cher d’imprimer (beaucoup moins, au point qu’y ajouter le transport reste moins cher). Vous pouvez donc y lire que le dumping social, que d’aucuns penseraient être limité aux frontières de l’Europe ou sur ses bords, y fonctionne très bien aussi.
4. Quand vous questionnez l’éditeur sur ce fait, il vous répond (systématiquement) que « il y a une grande tradition d’imprimerie en Italie – ou en Espagne – et que moi, au moins, j’imprime pas en Chine ». Si vous lui répondez que vous pensez qu’il y a une grande tradition d’imprimerie en Chine aussi, il se tait (systématiquement).
5. Quand vous lisez « Imprimé dans l’Union Européenne », vous pouvez être certain que le livre n’a pas été imprimé en France. Ni en Belgique. Ni au Luxembourg. Ni en Italie. Ni en Espagne. Ni en Chine, c’est vrai…
Alors, certes l’économie du livre est fragile. Et tous, acteurs ou consommateurs, nous sommes confrontés à des gestes dont nous ne pouvons maîtriser tous les aléas. Mais la fragilité (qu’in fine de tels comportements ne font qu’augmenter), comme la gêne, n’excusent rien. Et cette gêne manifeste (que d’aucuns, meilleurs princes que nous, nommeront « maladresse » ou « manque d’information ») traduit autre chose que l’acte qu’elle dissimule. Elle en traduit la conscience.
Comment faire imprimer en Chine (sisi on l’a vu) un livre sur le réchauffement climatique à destination de la jeunesse? Comment porter un discours « de gauche » et faire imprimer en toute connaissance de causes – oui, un coût bas a des causes – celui-ci par des exploités? Comment empocher les subsides qu’octroie une collectivité et faire imprimer ce qu’elle permet dans des conditions qui, de fait, à terme, la condamnent ? Comment feindre d’ignorer alors qu’on prétend donner à connaître? Comment accepter qu’une quelconque culture puisse légitimer de son importance pour s’ériger sur le mépris social ou environnemental? Ce que démontre cette gêne c’est que ce comment, précisément, n’a pas de réponse crédible… Ce que dévoile cette gêne sous sa couche de mauvaise foi, c’est la conscience d’être incohérent.
A cela, heureusement, il existe des alternatives, des possibilités d’en sortir. Dont celle dessinée par l’association des librairies Initiales. Qui a compris, dans l’édito du premier numéro de leur magazine, que la réussite – ou le renouveau – du livre ne passera pas outre la reconnaissance – technique aussi bien que sociale – de tous ses métiers. Libraires, auteurs, lecteurs, imprimeurs, graphistes, transporteurs, représentants, éditeurs, nos actes mêlés pèsent bien plus que des excuses bidons. La prise en compte de l’ensemble des métiers culturels dans la production d’un bien comme le livre nous rappelle les liens qui soude cette culture à ce qui la fonde – ben oui, des gens. Et sans lequel elle fonctionne à vide.
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Sent: Thursday, February 12, 2015 4:48 PM
To: undisclosed-recipients:
Subject: ELLE Décoration Hors-Série JUIN
Bonjour,
Je suis Eve, responsable commerciale du magazine ELLE Décoration.
Je souhaiterais tout particulièrement vous proposer de paraitre dans notre « Promenade à bruxelles ».
En effet, le 13 mai prochain annonce la sortie tant attendue du ELLE Décoration Hors-Série de juin et sa superbe promenade déco à Bruxelles !
Au programme, les boutiques les plus tendances, les plus beaux restaurants et les plus belles adresses trendy de Bruxelles.
Rejoignez notre superbe dossier aux conditions exceptionnelles de la promenade, tout en profitant du tirage unique du Hors-Série !
En effet, en juin et en décembre, paraît le ELLE Décoration Hors Série 100% belge (160 pages belges) avec un tirage exceptionnel de 63 000 exemplaires, soit plus de 350 000 lecteurs ! Il sera également blisté avec les magazines ELLE Belgique, Psychologie et ELLE Décoration France vendu en Belgique ainsi que dans les premières classes du Thalys, Eurostar et Brussels Airlines.
Le ELLE Déco vous propose :
1/1 page de publi-rédactionnel : 1.850 € htva
1/2 page de publi-rédactionnel : 950 € htva
1/4 page de publi-rédactionnel : 650 € htva
Un tiré à part vous sera également offert en 50 exemplaires !
Ce prix comprend la rédaction du publi-reportage, la mise en page, l’impression du tiré à part et 50 exemplaires par participant. Des photos en haute définition de qualité doivent nous être remises par vos soins. La mise en page est basée sur un concept initié par Paris, que nous reproduisons avec des adresses belges.
Ci-joint vous trouverez un exemple de promenade.
Dans l’attente de vous lire, je vous souhaite une agréable journée.
Je reste à votre entière disposition si vous avez la moindre question.
Bien à vous,
Eve
Bouclage : 17 avril 2015
Sales Manager
ELLE Belgique – ELLE Décoration
Art&Décoration – Elle.be
Bonjour chère Eve,Il va sans dire que votre mail nous intéresse grandement. Nous proposer l’opportunité de nous faire connaitre à votre lectorat est bien entendu très alléchant.Le prix proposé en revanche l’est moins.Consentiriez-vous un prix moins élevé eu égard à notre particularité culturelle. Je pense en effet que faire figurer une photo de notre façade dans votre magazine vous permettrait peut-être (si besoin en était bien sûr) de compléter voire de gagner une légitimité culturelle. Ce dont votre lectorat vous serait redevable. Ce dernier pouvant alors désormais légitimer la lecture de Elle par des dehors, des apparats, d’ordre culturels… Et, comme l’on sait, paraître n’est pas rien!Je ne sais si je me suis bien fait comprendre, mais une réduction de ce peu que nous vous apporterions en terme de crédibilité ne me semblerait pas éhontée. Une sorte de win-win en somme.Merci de votre réponse.Emmanuel.
Bonjour Emmanuel,Je suis tout à fait d’accord avec vous… Ne pas vous avoir dans notre promenade sur Bruxelles serait vraiment dommage !Dites-moi sur quel format vous souhaiteriez paraître et je vous promets de vous proposer une belle offre.Belle journéeBien à vous,Eve
Bonjour,Merci pour votre célérité. Une double page avec rabats me semblerait assez convenir avec notre mégalomanie.A voir en fonction du coût, cela va soi, notre compte en banque n’étant pas à l’aune de notre mégalomanie.Qui plus est, au plus grande notre photo dans votre magazine, au plus important votre gain de crédibilité!!!Belle journée itou.Emmanuel.
Emmanuel,Une parution en double page serait avec grand plaisir, malheureusement nous ne pouvons dans ce dossier, proposer de « rabats ».La mise en page étant basée sur un concept initié par Paris, que nous reproduisons avec des adresses belges.Je peux vous proposer au meilleur prix la double page 2/1 au tarif de 2.200 € htva.Pour une 1/1 pleine page, je peux également vous descendre le prix jusque 1.450 € htva.Qu’en dites-vous ?Belle journéeEve
Chère Eve,Quand bien même nous forçâmes le trait, force (aussi) nous est de constater que vous ne décelâtes pas l’ironie de notre propos.Ayant autre chose à faire que nous moquer facilement, et supposant que vous avez aussi mieux à faire que répondre sans cesse à des mails d’un petit rigolo qui cherche juste à se payer votre tête, nous prîmes la décision d’écourter cette duperie.Pourquoi ce ton moqueur? Quelles raisons à cette ironie, vous dites-vous certainement?Ma foi, nous pourrions gloser à l’envi sur les conditions de façonnage d’une “presse” qui, sous prétexte de renseigner, de guider un chaland, de l’emmener dans Bruxelles s’y promener librement, compose en fait un vaste chant (oui oui un chant) au tout à l’espace commercial. Ce type de “presse” ne s’enrichit finalement que sur la confusion qu’elle entretient (subtilement croit-elle) entre presse (remarquez ici l’absence de guillemets) et dépliant publicitaire (fut-il épais). Le second prospérant malheureusement sur le corps putride du premier.Nous nous limiterons à vous faire remarquer que votre technique de hameçonnage souffre des faiblesses inhérentes à ce type de procédé. Vous pouvez retirer votre ligne avec, pendant mollement à son bout, le bout de vers que vous y aviez cruellement crucifié, se frétillant encore de tout son agonisante vigueur, ou alors une baleine (un pigeon idéal quoi), un hareng (bah, mieux vaut ça que rien), ou alors un espadon.Quand on hameçonne, on tombe parfois sur un poisson qui vous emmène en eaux troubles.Des bises.PS 1 : Oui, nous adorons les subjonctifs imparfaits (au point d’en mettre n’importe où)PS 2 : Notre nous est un nous de politesse (et aussi un peu de mégalomanie). Mais en fait, nous sommes un je…PS 3 : ON N’A RIEN A F. DANS UN TRUC “DECO”!
A aucun moment, je n’ai soutenu la collaboration de quelque manière que ce soit. On ne peut justifier la collaboration. Ce fut une erreur historique avec de lourdes conséquences.
Nous pourrions nous étendre encore sur ce « Les gens qui ont collaboré avec les Allemands avaient leurs raisons. » On pourrait rappeler que, effectivement, on a tous des « raisons » de faire quelque chose. Que rien de ce que nous faisons n’échappe à une « raison ». Inconsciente ou non. Morale ou pas. Bonne ou mauvaise. C’est donc un fait auquel rien n’échappe. Une évidence, donc. Nous pourrions alors insister qu’il existe une différence irréconciliable entre un fait qui ressort de l’évidence et le fait de l’exprimer. Que ce n’est pas parce que, effectivement, nous avons tous des « raisons » de faire quelque chose (mettons, de manger par exemple, ou de nous curer le nez méthodiquement chaque matin), que nous en faisons état. Et que, finalement, dire une évidence (commettre un truisme) déborde toujours ce qui en est dit. Et que sous l’apparence de l’énoncé de la logique implacable du « tout le monde a toujours des raisons de faire quoi que ce soit » se logent d’autres « raisons »… Mais bref.
Dans le communiqué ci-dessus, présenté comme une clarification et venant clore tout débat, figurent des points. La fonction du point, qui est d’arrêter la phrase, de la laisser respirer, de césurer un récit, de marquer des temps, laisse bien souvent la phrase comme prise dans la gangue du point, encadrée par celui-ci. Sa fonction, qui est de rythme, peut créer du souffle et surtout de l’abrupt. Le point clôt. « Ma phrase se termine. Je me suis exprimé. Tout dehors à ce qui a été dit et terminé par un point serait de l’ordre de l’interprétatif. Et donc déborde le cadre de ce que j’ai exprimé. » Mais ici, le point clôt tôt. Pourquoi l’erreur est-elle historique? Quelles sont ces lourdes conséquences? Et pour qui sont-elles, ces conséquences? Pour ceux que les collaborateurs flamands ont déporté? Pour les juifs dont les collabos fermaient les portes des wagons? Si cette interprétation est possible, d’autres également. Ne serait-ce pas aussi le collabo flamand qui a du payer cher ses actes, ostracisé cinquante ans durant? N’est ce pas le mouvement flamand qui a du pâtir de son choix d’épouser (épousailles de raison) les thèses finalement vaincues? Autrement dit, cette fameuse « erreur historique » ne serait-elle pas une erreur stratégique? D’un discours semblant fondé sur l’éthique, on glisse alors vers des paradigmes logiques. Avec les mêmes mots. Tout dépendant de ce que le lecteur loge dans ces fameux points. Et, bien entendu, en laissant à l’intéressé toute liberté de se défendre d’une interprétation qui, suivant le public devant lequel il se trouve à ce moment-là, ne lui conviendrait pas. Le fait comme point de départ, et le point comme art.
A l’art du point, nous privilégierions son oubli. Ou plutôt son remplacement par des prépositions. Du style :
Le nouveau chef de cabinet du ministre de l’intérieur (et donc en charge de la police fédérale) Jambon (par ailleurs membre du VVB) est ce chauffeur de Porsche, garée en contravention, dont l’immatriculation était illégale et qui ne sera pas poursuivi pour ces faits par la police.
Ou encore :
Le nouveau secrétaire d’état à l’immigration Francken a été ce week-end l’une des vingt personnes invitées à l’anniversaire de Bob Maes qui créa le VMO, dont une des tâches était la bastonnade d’étrangers.
A l’art du point, nous préférons celui du contrepoint…
]]>En un mot, ça va. La librairie se porte bien. Merci. Mais de quelle librairie parle-t-on? Et, sans même parler d’un style de librairie, parle-t-on bien de librairie? Prenons la réponse du chief-operator du magasin de concept : la librairie ne peut se porter bien que parce qu’elle vend du gadget et des marque-pages… Posez la question à un boucher, vous obtiendriez : la boucherie de l’avenir ne peut se porter bien qu’en vendant des bagnoles. Oh avenir doré! Douleur de n’être pas né plus tard! Enfin pouvoir acheter son haché entre les clefs à molette et l’arbre magique! Pour l’abhorrateur d’escalier, la librairie de l’avenir est à la librairie d’aujourd’hui ce qu’un funérarium est à une crèche. Ou mieux encore. Un funérarium-crèche-garage-vendeur de raclette. Un souk, un supermarché. Et pour les autres, la libraire de l’avenir est lieu de rencontres, de réunions autour de passions communes. Un lieu de convivialité qui permettra en plus de télécharger sur sa tablette-tv-téléphone-appareil-photo-machine-à-laver des e-books. Bref, une forme d’Apple Store cloné avec Meetic. Oh avenir doré! Douleur de n’être pas né plus tard! Enfin pouvoir emballer la fille de rêve en faisant glisser sensuellement son doigt sur un écran! Pour résumer, vendre que des livres, ça rapporte pas un balle, ça fait de toi juste un ringard grincheux, un peu con, qui a peur d’innover. Et innover justement. Ben innover, c’est de faire une librairie qui vende quelque chose d’autre que du livre. Ou du livre, mais pas trop. Donc, la librairie de l’avenir, qui marchera du tonnerre et explosera les ventes, cette librairie sera donc tout, mais surtout pas une librairie.
Entre Lidl et Meetic, entre le magasin de concept et l’organisateur d’événement, entre le vendeur de trucs et le futur auto-proclamé-féroce-bouffeur-d’Amazon, si tous parlent de la vente du livre, aucun ne réserve de place au livre. On y parle de livre comme d’une marchandise qu’il s’agit de vendre, point barre. Quel livre? Mais peu importe. Ce ne sont pas des livres que l’on vend, mon bon môssieur, mais DU livre. Du bouquin. Du papier. Et si l’on doit penser (penser, mon dieu, quel effort déjà) à l’avenir de la vente de celui-ci, à quoi bon penser (deux fois, c’est trop, on est crevé) à ce qu’il est avant de le vendre?
Résoudre les problèmes inhérents (et il y en a) au commerce culturel ne peut passer (à notre humble avis, on est pas PDG) que par la saisie certes d’enjeux connexes au « produit » vendu (le comment de la vente) mais d’abord par une remise en question du produit lui-même (le quoi de la vente). A lire cet article, on ne perçoit du livre que les moyens qui sont mis en œuvre pour le fourguer. Au poids. A l’unité. En gros. En fichier. Avec du merlan ou un chargeur GSM. Tout seul ou en groupe. Et on se dit alors, rasséréné, que s’il est bien question d’avenir dans ce torche-cul (oups), ce n’est pas de celui de la librairie.
]]>
Monsieur,
Suite à votre mail du 09.11.13 concernant la difficulté de recevoir
l’ouvrage « Rites de passage », pourriez vous nous indiquer la
dénomination de votre librairie préférée que l’on puisse voir d’où vient le problème.
Cordialement,
Monsieur X
HARMATTAN.
Bonjour Monsieur,
Je vous livre le nom et l’adresse de mon librairie : il s’agit de la librairie PTYX 39 rue Lesbroussart 1050 Bruxelles. Je vous remercie de votre réponse et de la suite efficace que vous donnerez à mon message.
Bien à vous.
Monsieur R.
Monsieur,
Malheureusement, nous ne travaillons pas avec cette librairie alors que nous travaillons avec plusieurs autres à Bruxelles, mais, pour vous être agréable, nous pouvons vous l’envoyer en vous offrant les frais de port. Si cela vous convient, vous me communiquer vos coordonnées de livraison et de facturation afin de vous envoyer un devis.
Cordialement,
Monsieur X
HARMATTAN.
Bonjour Monsieur,
Excusez-moi de ne pas avoir répondu à votre aimable proposition. Il s’avère qu’après un long délai d’attente, la librairie PTYX chez laquelle je fais mes achats a enfin reçu ce vendredi dernier l’ouvrage en question. Cela étant, même si j’avais du attendre davantage, en aucune façon je ne vous l’aurais commandé pour les raisons suivantes:
Monsieur R.
Conclusion : Nos clients ont du mordant…
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