Daube – ptyx https://www.librairie-ptyx.be "Hommes, regardez-vous dans le papier" H.MICHAUX Thu, 25 Apr 2019 08:01:20 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.1.1 Le moule à madeleines. https://www.librairie-ptyx.be/le-moule-a-madeleines/ https://www.librairie-ptyx.be/le-moule-a-madeleines/#respond Thu, 16 Jun 2016 06:33:39 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=6102

Lire la suite]]> pufpufIl y a les fausses bonnes idées. Et les mauvaises mauvaises idées. Si les premières laissent du moins un court répit, le temps que soit déçu l’espoir entrevu, les secondes contiennent déjà en elles dès le départ tout du germe de leur échec. Si les fausses bonnes, du haut de leur soufflé non encore retombé, ont le mérite de décevoir, les mauvaises mauvaises ont le bon goût de ne pas même tromper le chaland et de leur faire donc gagner un temps précieux.

Nous avons tous, un jour ou l’autre, fureté dans une cave, un grenier, un débarras, un tiroir. Et, tous (l’unanimité est ici essentielle), nous en avons, un instant ou l’autre, exhumé des parcelles de vies inconnues. Un pendentif en toc rouillé. La photo passée d’un inconnu. Un objet dont la finalité restera à jamais mystérieuse. Sans doute avons-nous alors ressenti ce sentiment mêlé de respect, d’attirance et de gêne, à toucher d’aussi près des vies autres et éteintes. Peut-être alors en avons-nous parlé autour de nous, à table, à un parent, un ami. Ou avons nous désiré confier cet émerveillement teinté de désarroi sur un réseau dit social ou l’autre. Rien que d’humain en somme. Et de banal.

Ce que nous propose ici Clara Beaudoux, avec Madeleine Project, paru aux – paraît-il bien nommées – Editions du Sous-sol, n’est ni plus ni moins qu’une tentative de transformation du banal en art. Ayant découvert dans une cave des photos et objets appartenant à une certaine Madeleine, Clara Beaudoux, journaliste à France-Info, avait tweeté au jour le jour en deux phases (du 02 au 06 novembre 2015 et du 08 au 12 février 2016) des photos, des commentaires, sous le hashtag #Madeleineproject. Ce sont ceux-ci, bruts de décoffrage que l’on retrouve dans ces 268 pages… 268 pages qui éveillent en nous ces quelques considérations :

  • On peut effectivement écrire des choses passionnantes en 140 caractères. Voire moins. Prenez Anne-Marie Albiach, Claude Royet-Journoud ou Aram Saroyan. Mais n’est pas Anne-Marie Albiach, Claude Royet-Journoud ou Aram Saroyan qui veut.
  • Dumas écrivait vite. Et assez bien. Ecrire 282 pages de tweet en 10 jours, c’est vite. Très vite. Juste très vite…
  • Tweeter « Un peu comme la madeleine de Proust #Madeleineproject » ne fait pas du livre où l’on l’y inscrit une Recherche du temps perdu. Ni d’ailleurs une très jolie couverture figurant (sisi) un moule à madeleines…
  • Un bandeau « Aussi émouvant que captivant« , signé Patrick Cohen, te renseigne efficacement que le livre n’est ni émouvant, ni captivant.
  • Si on veut vraiment (mais vraiment hein!) faire éditer une suite de tweets ayant pour sujet ce qu’on exhume d’une cave, il est évident que ce sont les Editions du sous-sol qui sont les mieux placées. Parce ce que cave, sous-sol… Sous-sol, cave… Ben oui, hein. Dans le même registre, si vous cherchez à faire éditer le traité d’urologie de votre grand-père, voyez Zones Sensibles. Bien sûr.

Nous ne sommes par principe ni contre la technologie, ni contre l’idée de son intégration à l’art. Mais quand celle-ci devient le seul argument sous lequel – placez les guillemets où vous voulez – une auteure, fût-elle journaliste, et un éditeur, fût-il caviste, tentent balourdement de dissimuler l’indigence et la platitude d’un propos, nous avons du mal à ne pas la prendre pour ce qu’elle est : une bête imposture…

Clara Beaudoux, Madeleine Project, 2016, Editions du sous-sol.

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Bouh! https://www.librairie-ptyx.be/bouh/ https://www.librairie-ptyx.be/bouh/#comments Tue, 29 Apr 2014 12:38:13 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=4122

Lire la suite]]> filigranes 6Il n’y a rien d’exceptionnel à ce qu’on nous fasse découvrir un nouveau texte.  On adore ça.  Et nous le considérons même comme une part de notre fonction.  Quand cependant, dernièrement, quelques-unes de nos clientes ont attiré notre attention sur la parution du dernier opus d’Alain Destexhe, il s’agissait bien moins de nous informer quant à son contenu que de nous renseigner quant à son contexte de parution.  Celui-ci est en effet édité par Filipson éditions dont l’éditeur en titre n’est autre que le patron, auto proclamé « n’ayant plus rien à prouver« , de la librairie Filigranes, auto proclamée « plus grande librairie sans escaliers du monde, voire d’Europe ».  Mais pourquoi donc attirer notre attention sur ce fait?  Et pourquoi cela nous questionne t’il?

Que des liens nombreux se tissent entre librairie et édition est historique.  Adrienne Monnier, Corti, Aden ont établis des ponts et tant d’autres continuent à en construire entre deux domaines d’activités que le vingtième siècle et sa vogue spécificatrice ont contribués à séparer alors qu’ils semblaient auparavant indissociables.  Rien d’illogique à cela donc.  Comme il n’y a rien d’illogique ni de paradoxal à retrouver une continuité (politique, culturelle) entre les deux fonctions.  Qu’on ne décèle que difficilement où se dissimulent les titres des éditions XO dans la librairie Corti, que, chez Joli Mai, on trouve peu mis en avant les titres de Finkielkraut, paraît aller assez de soi.

Editer Alain Destexhe n’a rien d’anodin.  Ses obsessions sécuritaires, les amalgames racoleurs dont il nourrit son discours, ses « constatations » de menace d’un vivre-ensemble qui sont autant d’attaques à ce même vivre-ensemble, l’instrumentalisation permanente qu’il fait des moindres faits divers, ses appels insistants à ces notions creuses que sont « le sens commun », « le bon sens », l »évidence », « le politiquement correct », soit toutes ces notions bien pratiques qu’il ne s’agit plus même de définir mais de tout simplement présenter comme partagées par tous pour convaincre qui ne désire pas prendre le temps de l’analyse, un prétendu décodage de nos peurs qui n’a d’autre but que d’en faire sourdre de plus terribles, tout cela fait ressortir ce charmant personnage de ce que l’on appelle le populisme.  Un brasseur de nausées.  Un Poujade quoi!  Dont on connaît les liens parfois gênés, parfois moins, qu’il entretient avec l’extrême-droite, dont il fait d’autant mieux le lit qu’ils s’en défend le plus souvent.  Qui, quand bien même déguisé sous la volonté de ne « pas faire dans la langue de bois », n’utilise le discours que pour attiser la haine dont il pense profiter.  Qu’est ce qu’éditer cela veut dire?  Et surtout, que cela veut-il dire de qui l’édite, fut-il le plus grand plain pied de l’univers?

Ménesthée […], le premier, dit-on, qui ait entrepris de faire de la démagogie et de pérorer pour gagner les bonnes grâces de la multitude.

Cette citation de Plutarque nous ramène à l’essence de la démagogie : séduire la multitude.  Mais séduire avant tout.  Séduire, non comme fin (car la fin est toujours sonnante et encore plus trébuchante), mais sans s’inquiéter des moyens.  Et c’est en cela peut-être que se dévoilent ici les parentés entre l’auteur et son libraire-éditeur.  Le discours de l’un n’est qu’un pendant du mode de présentation choisi par l’autre.  Qu’importe avec quels outils, il s’agit de séduire d’abord.  Quand bien même les argument de séduction seraient de l’ordre du remugle…

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Mwouarf! https://www.librairie-ptyx.be/mwouarf/ https://www.librairie-ptyx.be/mwouarf/#comments Thu, 05 Dec 2013 10:32:41 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=3646

Lire la suite]]> coupLes objets oubliés en librairie sont divers, comme dans tout commerce.  Nous retrouvâmes des gants, des parapluies, des pulls, des sous, des gsm…  Jamais encore n’y fut oublié un « Soir ».  Jusqu’à hier.  Date de l’annonce dans la presse de l’attribution du Prix Rossel…

Soyons de bons comptes : depuis la fin de Pif Gadget, nos relations avec la presse sont épisodiques et, devant tant d’indigences maintes fois attestées, nous avons appris à ne plus rien en attendre.  C’est donc sans espoir ni appréhension que nous ouvrîmes l’exemplaire oublié aux deux double pages consacrées à l’autoproclamé « Congourd belge ». Hé bien, sa lecture réussit quand même à nous consterner…  Petit état des lieux :

1.Dans ce « Soir », donc, on y apprend que le prix Rossel 2013, prix créé par « Le Soir » et doté par « Le Soir », est attribué à un chroniqueur du « Soir », par un jury composé, entre autres, de deux chroniqueurs du « Soir » et un chef de service culture du journal « Le Soir ».  Ce serait concerté et dissimulé qu’on parlerait de complot.  Mais quand c’est assumé à ce point, on lui préfère le terme de bêtise.

2.En troisième page, quelques citations des coulisses (avec des chouettes photos de gens bien habillés avec des coupettes) dont voici un florilège : « A partir du moment où on parle de soi, on gagne toujours en qualité » , Marc Filipson, Patron des librairies Filigranes ; « Son livre est accessible et lisible.  Ce n’est pas un prix dédié aux élites » , Jean Dufaux, Scénariste de Blake et Mortimer ;  « C’est un auteur toujours drôle avec une écriture très accessible » , Viviane Vandeninden, Attachée de presse indépendante ; « Cette année, d’accord, c’est un de mes potes qui l’a eu, je suis doublement contente (il pourra continuer à m’embrasser avec enthousiasme sur les brocantes boisfortoises), mais je n’y suis pour rien (ou presque). » , Arianne Le Fort, Membre du Jury.  On avoue une tendresse particulière pour la dernière.

3.Le parrain du « Congourd belge 2013 »  n’est autre que…  David Foenkinos.  Dont on rappelle qu’il est à la littérature ce que la scie sauteuse est à la blatte commune (ben oui, y a pas de rapport!).  On imagine le prix Reine Elisabeth remis par David Guetta, ou le Nobel de la Paix par Kim Jong-un…

4.Et précisément, de littérature, il n’y est question que trois fois (7 occurrences pour « littéraires » , toujours avec « prix » devant ).  Une fois affublé de l’adjectif « belge » .  Une autre de celui de « francophone » .  Une dernière sans adjectif aucun.  Mais ça compte pas, parce que là c’est Foenki qui s’y colle…  Tout cela n’a donc rien avoir avec ce dont on s’occupe.  Ouf!

5.L’article (deux doubles pages, on le rappelle) se clôt par une interview de l’heureux parrain.  Où l’on apprend que « la France est en déclin« , qu’elle est dans une « forme de mollesse » , que Foenki n’est « pas du tout engagé » , que « Marine Le Pen ne [lui] fait pas exagérément peur »  (bou = peur ; bouhou = exagérément peur?), mais que si elle arrive au pouvoir, alors « [il] arrive en Belgique! »  (oh putain!), qu’il est supporter du PSG, et plein de choses sur la géopolitique ukrainienne qu’il connaît super bien parce qu’il va être traduit en ukrainien.

Consternant, on vous disait…

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Splatch! https://www.librairie-ptyx.be/splatch/ https://www.librairie-ptyx.be/splatch/#comments Fri, 15 Nov 2013 09:21:58 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=3574

Lire la suite]]> pommesComme les pommes trop longtemps chevillées à l’arbre dont elles sont le fruit pourrissent sur la branche avant de s’écraser dans un petit splatch discret sur la prairie humide, l’approche des prix littéraires annonce l’automne bien entamé.  Le splatch du prix est cependant bien moins discret.  Pour qui n’aime la pomme que cueillie directement sur l’arbre, l’écho qui résonne à nos oreilles de l’impact du fruit blette sur le sol est tellement retentissant qu’il en viendrait à modifier l’idée même que l’amateur se fait de son fruit préféré.

Le prix « consacre ».  Tel, un pavé de 1300 pages parlant toutes de la naissance de son auteur.  Car la poésie, c’est être original.  Or, original, ce livre l’est assurément, personne n’ayant avant lui jamais parlé de sa naissance pendant 1300 pages. Tel autre, un titre « populaire », car le jury ne désire pas se « couper » du public « populaire » (parce que, bien entendu, qui dit ne pas vouloir s’en couper s’en sent tellement proche, n’est-ce pas?).  Si l’ouvrage en question est animé par « une écriture cinématographique », c’est encore mieux.  Car le ciné, c’est populaire.   Et autres joyeusetés du même tonneau.  Les justifications du prix dépassant savoureusement en indigence les livres qu’ils assoient (alors que s’asseoir dessus leur sied si bien!).  A l’heure où fleurissent bandeaux, déclarations, chiffres de vente, on en oublie l’essentiel.  Qui ne réside nullement dans « qui a eu » le prix.  Mais dans l’existence même de celui-ci.  Qui, dans nos sociétés joignant si habilement médiat et commerce, ne peut techniquement être amené qu’à tomber dans l’éloge du même.  Alors même que tous les jurys proclament détacher un livre de l’ensemble, dans l’embouteillage de la concurrence qu’ils se font l’un l’autre, ils ne s’emploient tous qu’à les rendre indiscernables l’un de l’autre.  Ils élèvent moins qu’ils ne parsèment.  Jusqu’à, suprême paradoxe désormais assumé, devoir vanter les qualités « populaires » (le populaire étant entendu ici comme synonyme de « plébiscité ») d’un texte pour se justifier de l’avoir distingué?!? On en est donc là.  Au point où l’on distingue par la quantité.  Où l’on attire l’attention sur ce qui s’approche le plus d’une moyenne.  Où l’on extirpe du commun un livre qui le représente le mieux.  Et pourquoi me direz vous?  Mais car l’objet d’un prix n’est d’élever, ni de consacrer un livre quel qu’il soit, mais bien de se vendre lui-même.  Le Goncourt ne vend que le Goncourt.  Et se vendre aujourd’hui revenant à contenter le plus grand nombre, flatter la moyenne en est devenu le moyen le plus sûr.

Vous comprendrez donc qu’au livre primé, nous préférions les livres qui, de prix, n’en ont aucun.

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Mais bon sang mais c’est bien sûr ! https://www.librairie-ptyx.be/mais-bon-sang-mais-cest-bien-sur/ https://www.librairie-ptyx.be/mais-bon-sang-mais-cest-bien-sur/#respond Thu, 07 Feb 2013 14:17:11 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=2093

Lire la suite]]> crowdfunding_laurencebentzUne remarque tout d’abord.  Dans un seul souci de lisibilité, nous avons décidé de ne faire ici aucun usage du guillemet.  Son emploi eût été pléthorique ce qui (l’excès nuit en tout paraît-il) eût désamorcé son efficacité.  Mettez-les vous-mêmes.  Ou pas.

Nous avons appris il y a quelque temps qu’allait éclore une nouvelle maison d’édition au concept novateur.  Affairés que nous sommes, débordés par le flot de nos lectures, nous oubliâmes l’impression mêlée de tendresse et d’énervement qu’avait laissé en nous l’évocation de ce projet jusqu’à ce que l’actualité des réseaux sociaux nous la remette malencontreusement en mémoire.  Tendresse, disons-nous, car ce projet fait partie de ceux dont vous vous dites d’abord : mais oui, en fait, pourquoi pas? avant de faire rebrousser aussitôt votre pensée vers son exact contraire.  Et dans ce tourner-bride, cette virevolte, se décèle encore la marque d’espoir, certes bête mais quand même, qui avait, en un court éclair, animé notre coeur.  Vous vous êtes trompés, lourdement, mais par bonté d’âme.  D’où cette tendresse un peu honteuse, un peu penaude, mâtinée de culpabilité avec laquelle on se souvient de ces personnes qui se trompent autant mais avec un tel enthousiasme.  Une tendresse, finalement, pour ce si bref mais si stupide enthousiasme ressenti soi-même.  Enervement car s’il est bien quelque chose d’énervant, c’est de s’être fourvoyé aussi radicalement, fût-ce un laps de temps aussi court.

Le projet, dans la splendeur de son fourvoiement, le voici : http://editions-mehari.viabloga.com/

Pour faire court donc.  Editer des livres sur le principe du crowdfunding.  Un manuscrit arrive auprès de l’éditeur.  Celui-ci, après lecture, le propose auprès de futurs investisseurs.  Pour ce faire, il leur donne à lire un pitch, un court extrait argumentaire du potentiel commercial, un détail des frais relatifs à l’édition et une mention du retour sur investissement.  Ne pas avoir usé du guillemet ici relève de la plus haute performance.

Nous pourrions nous intéresser de près à certains éléments concrets du procédé.  Nous pourrions directement puiser dans la moelle de la chose et s’en moquer.  La matière est riche.  Le sarcasme affleure sans qu’on ait à l’exhumer.  Un seul extrait d’un pitch (le guillemet nous démange) suffit à mesurer l’ampleur du phénomène : Un A.V.C. (accident vasculaire cérébral) ne prévient pas et frappe soudainement à votre porte sans crier gare.  A méditer !  Nous avons préféré nous intéresser à quelques éléments de notre si beau monde que la Bête révèle.

Tout d’abord la décomplexion.

Données financières :
premier tirage : 2 000 – 300 (exemplaires destinés au dépôt légal, à l’éditeur, à l’auteur, aux Méharistes, aux journalistes, aux libraires, sans oublier les exemplaires abîmés) = 1 700
Prix de vente public : 19,00 €
Prix de vente public hors taxe (TVA 6%) : 17,92 €
Budget : 7 700,00 € (imprimeur, graphiste, éditeur/auteur, frais postaux)
Prix de revient : 4,53 €
Prix de vente public hors taxe – remise diffuseur/distributeur (60%) = 7,17 €
Seuil de rentabilité : 1 074 ex.
Gain Méharistes (80%) : 1 700 x 5,74 = 9 758,00 €
Rapport : 9 758 – 7 700 = 2 058,00 €, soit 21,09 %
ou
pour 10,00 € investis, un potentiel de 12,11 € récupérés !

Oui, tout le monde savait bien qu’un projet éditorial était aussi affaire d’économie, de gestion, voire pour d’aucuns, d’appât du gain.  Cela est de l’ordre des choses.  Et tout qui utilise ad minima ses capacités synaptiques pouvait s’en rendre compte.  Mais ce qu’on cherche d’habitude à dissimuler est ici mis en avant, presque revendiqué.  On fabrique quelque chose qu’il faut bien vendre.  Et ce quelque chose ne pourra être vendu qu’en pleine connaissance de tous les éléments en jeu.  Ceux-ci devant être pris en considération le plus en amont possible.  Mieux même, pour la réussite du projet (diantre ces guillemets), ce sont ces éléments là qui, au lieu d’être connexes, circonstances, conséquences un peu désagréables d’une envie, ces éléments deviennent constitutifs du projet.  Je vends quelque chose.  C’est pas du rêve, c’est très concret.  On sait que ce n’est que du spectacle et on sait qu’on le sait.  Donc on le dit, sans fausse pudeur.  Nulle question de cynisme cependant, juste l’illustration d’un pragmatisme désenchanté.

Le même ensuite.

(A propos d’un roman dont l’action se déroule dans les milieux de l’enseignement) Potentiel commercial :
Ils sont près de 900 000 à enseigner ! Rien qu’en France. Sans compter les retraités de l’enseignement. De plus, ce roman touche les plus jeunes en proie au doute face à l’univers professionnel fait de multiples ramifications. Texte résolument moderne, rythmé (chaque chapitre possède à peu près le même nombre de signes), rédigé par un auteur picard trop méconnu. L’avis des quelques libraires qui ont vendu ce livre en grand format est unanime : « cet auteur mériterait d’être publié par un grand éditeur parisien ! » À bon entendeur… 

Pour vendre une chose, l’idéal est dès l’abord de vérifier si celle-ci intéresse la portion la plus large possible d’un public.  900.000 enseignants, ce sont donc 900.000 personnes susceptibles d’être intéressées par un livre dont le sujet est l’enseignement.  On vous laisse imaginer la force commerciale d’un livre traitant de, disons, la vie, la mort, la naissance.  L’illusion du crowdmachin est une illusion démocratique.  Là où l’on croit voir la force du collectif se devine la dictature du même.  Où le livre qui intéresse le plus de monde sera financé par le plus de monde.  Où, dans une logique poussée dans ses derniers retranchements, le livre qu’attend tout le monde est proposé à tout le monde et financé par tout le monde.  Il ne s’agit pas de donner au public ce qu’il aime, il s’agit de se donner à soi ce qu’on attend soi-même.  Jusqu’à la nausée d’un livre parfaitement unique, parfaitement même.  Un onanisme généralisé.

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« La vérité sur l’affaire Harry Quebert » de Joel Dicker. https://www.librairie-ptyx.be/la-verite-sur-laffaire-harry-quebert-de-joel-dicker/ https://www.librairie-ptyx.be/la-verite-sur-laffaire-harry-quebert-de-joel-dicker/#comments Thu, 17 Jan 2013 08:26:52 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=1949

Lire la suite]]> SuspenseNous avons décidé, en parfaite collaboration avec des clients déçus mais responsables, de faire oeuvre utile et de sauver les lecteurs d’une lecture indigente, fastidieuse et inutile….

Etant entendu que le Grand Prix Du Roman De l’Académie Française est de ceux-là mais peut se révéler addictif, comme peut le devenir une mauvaise bière bavaroise ou française un long soir d’hiver quand y a vraiment plus rien, mais vraiment plus rien à boire, et que, de surcroît, la publicité éhontée qui en est faite pousse les lecteurs l’ayant débuté à lui chercher quelque chose de bien (quod non, rien, nada), nous avons donc décidé de dévoiler le seul argument (qui n’en est pas un) qui pourrait inciter le lecteur l’ayant débuté à achever cette daube : le nom du coupable.

CELUI QUI A TUE NOLA C’EST TRAVIS DAWN !

Ne nous remerciez pas.  On est là aussi pour ça !

Joel Dicker, La vérité sur l’affaire Harry Quebert, 2012, De Fallois & L’Age d’homme.

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