Non classé – ptyx https://www.librairie-ptyx.be "Hommes, regardez-vous dans le papier" H.MICHAUX Thu, 25 Apr 2019 08:01:20 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.1.1 « Almanach » de Péter Nádas. https://www.librairie-ptyx.be/almanach-de-peter-nadas/ https://www.librairie-ptyx.be/almanach-de-peter-nadas/#respond Thu, 25 Apr 2019 08:01:20 +0000 https://www.librairie-ptyx.be/?p=8276

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Un almanach n’est pas un journal. S’il suit bien, comme un journal le ferait, le rythme des jours, et plus encore des saisons, il s’autorise des détours vers les listes, vers les contes, vers les chroniques, vers les fictions. Là ou le journal collationne ce qui arrive, l’almanach permet l’irruption dans le réel de ce qui n’arrive pas.

Depuis lors, je n’arrive plus à m’ôter de la tête que la littérature, en vraie domestique de la réflexion causale, s’occupe exclusivement de ce qui arrive, alors que tout ce qui n’arrive pas occupe dans la vie une place immense.

Mois après mois, un écrivain hongrois réfugié à la campagne décrit le cours d’une année. De l’achat d’un motoculteur aux souvenirs des derniers jours d’une amie chère, en passant par ce qu’évoque en lui un visage inconnu ou des considérations sur l’histoire de Marcus Valerius, Péter Nádas passe avec autant d’aisance que de génie de la fiction débridée au récit « classique ».

Dieu confia le monde à nos soins, Écritures à l’appui, et le quitta juste à temps. Nous l’avons détruit. Or, il nous faut maintenant en voir la ruine par ses propres yeux. À l’heure de nous anéantir, nous connaîtrons enfin sa nature. Voilà ce qu’est savoir.

L’almanach n’est pas un foutoir. Il est l’occasion, pour l’écrivain hongrois, de faire entrer dans l’ordre habituel des jours ce qui, souvent, n’y trouve pas droit de cité. Le présent n’est pas fait que de ce qui arrive à l’instant « t ». Il est tissé de ce qui, au sens plein et entier, n’arrive pas à cet instant (et qui fait l’objet des pensées de celui qui pense à l’instant « t ») comme de ce qui fait de cet instant la conséquence d’autres ou la cause d’autres instants à venir. Le présent est le réel et le rêve. Le présent est le passé et l’avenir. Et là où le journalisme s’ente dans ce qui arrive et lui rend grâce, la littérature est précisément ce qui en consomme le divorce. En s’attachant à ce qui n’y survient pas, elle augmente le réel.

La juste mesure des liens de corrélation entre les choses imparfaites, c’est la beauté.

Péter Nádas, Almanach, 2019, Phébus, trad. Marc Martin.

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« La Marque de naissance » de Susan Howe. https://www.librairie-ptyx.be/la-marque-de-naissance-de-susan-howe/ https://www.librairie-ptyx.be/la-marque-de-naissance-de-susan-howe/#respond Tue, 23 Apr 2019 06:34:19 +0000 https://www.librairie-ptyx.be/?p=8262

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Je vais en bibliothèque parce que c’est un océan.

Mary Rowlandson était une colon américaine du 17ème siècle qui fut enlevée par des natifs américains et relâchée onze semaines plus tard contre rançon. En 1682, parut un livre contant son expérience. Anne Hutchinson est une prédicatrice de la baie du Massachussets qui fut bannie de sa colonie pour hérésie en 1638. Elle mourra quelques années plus tard, assassinée par des indiens. Mary Dyer, la seule personne qui témoigna en sa faveur, sera pendue vingt ans plus tard. Et puis il y a Melville et Thoreau et Nathaniel Hawthorne et Emily Dickinson. Et puis il y a Susan Howe qui se saisit de ces personnages fondateurs de l’histoire et de la culture américaine. Mais qui, plus encore que de se saisir en tant que tels des personnages mêmes, s’intéresse à ce que l’histoire en a fait.

Mon écriture est depuis longtemps hantée, inspirée par une série de textes, entremêlée aux suaires et cordages des classiques de la littérature américaine du XIX ème siècle ; textes enterrés, ils leur donnent un corps. Sélectionner des exemples spécifiques dans un vaste ensemble constitue toujours un acte social. En choisissant de situer certains récits quelque part entre l’histoire, la parole mystique et la poésie, je les ai enclos dans un système, même si je sais qu’il est des lieux qu’aucun procédé de classification ne permet d’atteindre et où se rompent les liens que nous pensions exister entre les mots et les choses.

Enchevêtrant les extraits écrits d’une vie, les diverses interprétations polémiques qui s’y sont éventuellement greffées, des fragments de textes qui s’en sont inspirés, des parcelles infimes d’une recherche scrupuleuse quant à l’état d’un texte qui parait souvent ne rien à voir avec les extraits initiaux, en mettant en scène ses propres interrogations face à ces entrelacs, Susan Howe déploie des trésors d’érudition. « Cormoran de bibliothèques », elle collecte et distille des masses de données d’une précision vertigineuse. D’où émergent des figures renouvelées.

Alors que l’histoire des premiers temps américains, de ces récits de captivité ou de conversion qui ont fondé l’identité américaine, mettent en scène des femmes et/ou des natifs du continent, les écrits qui les racontent sont de mains d’hommes blancs. Qu’il s’agisse d’Emily Dickinson, d’Anne Hutchinson, de Mary Rowlandson ou de Mary Dyer, leurs dires comme leurs actes nous sont parvenus nimbés des catégories, des réflexes et des formes véhiculés par des figures d’autorités elles-mêmes empreintes des modes du temps. Souvent masculines. Souvent blanches. Détricoter, derrière les œuvres ou l’histoire instituées, les liens qui les ont amenées à nous permet de les détacher pour partie des carcans épistémiques qui les encombrent.

Mon but en écrivant cette étude? Demander quelle forme convient à la forme. Le texte imprimé est une réaction phobique à la négligence. Les lettres devraient être polies ou argotiques puisqu’elles sont négligentes. La vérité est de l’eau. L’attraction l’ouvre en grand.

Mais la tâche de Susan Howe ne se limite pas à cela. Ou plutôt, cette tâche de fond ne peut être accomplie que si sont satisfaites d’autres exigences, formelles celles-là. À défaut, on ne fait que retourner le gant du paradigme : le pouvoir et l’intolérance masculines deviennent féminines, le pouvoir et l’intolérance blanches changent de peau, mais le pouvoir, comme l’intolérance, restent les fondements directeurs. À se contenter d’inverser les rapports de force, on reste sous l’apanage conceptuel de la force.

Chez Susan Howe, l’érudition est condition de la générosité (« C’est la grâce de l’érudition. Je suis redevable à tout le monde »), la poésie est condition de l’histoire et le fragment est condition de la narration. Et ce sont ces conditions qui font d’elle à la fois la digne héritière d’une longue dynastie et la géniale précurseur d’une avant-garde riche d’avenir. La Marque de naissance est un chef-d’oeuvre!

Qu’est ce qu’écrire sinon continuer.

Susan Howe, La Marque de naissance, 2019, Ypsilon, trad. Antoine Cazé.

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« Mascaro, le chasseur des Amériques » de Haroldo Conti. https://www.librairie-ptyx.be/mascaro-le-chasseur-des-ameriques-de-haroldo-conti/ https://www.librairie-ptyx.be/mascaro-le-chasseur-des-ameriques-de-haroldo-conti/#respond Tue, 02 Apr 2019 06:46:10 +0000 https://www.librairie-ptyx.be/?p=8187

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En se hissant sur la pointe des pieds, le monde s’allongeait de quelques mètres.

Oreste décide de quitter son petit village de pêcheurs à bord du Lendemain, navire en partance pour la ville de Palmares. Et c’est sur ce navire qu’il fera la connaissance de Mascaro et du Prince Patagon, personnages aussi excentriques que fascinants, qui bouleverseront à jamais son existence.

Il y a mille façons de courir le monde. Mascaro a la sienne, toi la tienne. Je crois que ce qui importe, c’est de le faire avec joie.

Oreste, Mascaro, le Prince Patagon, le géant Carpoforo, le nain Périnola, la plantureuse Sonia, le lion Boudinetto, le capitaine von Beck, le cheval Asir, le chien Calife, Nuno, Bouche-Tordue, tous errants ou déçus de leur vie d’alors vont s’embarquer dans la joyeuse et folle idée de créer un cirque à nulle autre pareil : le cirque de l’Arche. Au départ un tantinet désespérée la tentative qui les rassemble va les souder et produire autour d’eux un émerveillement aussi inattendu que nécessaire.

le cirque « est » quoique de matérialité douteuse

Haroldo Conti est parvenu à produire chez le lecteur un enchantement à l’égal de celui ressenti par les spectateurs du cirque de l’Arche. Non seulement on ri des facéties du nain et du géant, on tremble aux rugissement de Boudinetto, on s’émeut des ébats de Sonia et du Prince Patagon, mais aussi quelque chose en reste qui est au-delà du rire, du tremblement ou de l’émotion. Comme si, par devers les actes que ces comédiens posent, et à leur corps défendant, surgissaient de ceux-ci autre chose qui tout à la fois était inhérent à leur art mais ne pouvait en surgir que parce qu’il était ignoré. Le plus beau alors étant probablement qu’ils s’en étonnent eux-mêmes et en rient.

l’art est une conspiration à lui tout seul.

Haroldo Conti, Mascaro, le chasseur des Amériques, La Dernière Goutte, 2019, trad. Annie Morvan

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« La femme aux cheveux roux » de Orhan Pamuk https://www.librairie-ptyx.be/la-femme-aux-cheveux-roux-de-orhan-pamuk/ https://www.librairie-ptyx.be/la-femme-aux-cheveux-roux-de-orhan-pamuk/#respond Tue, 26 Mar 2019 07:30:43 +0000 https://www.librairie-ptyx.be/?p=8201

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Le père du jeune Cem a disparu et ce dernier est contraint, devant la baisse des moyens de subsistance qu’il lui reste à sa mère et lui, de se mettre sous les ordres d’un puisatier de façon à récolter assez d’argent pour entamer ses études. Encore naïf et inexpérimenté, il part avec Maître Mahmut dans ce qui n’est pas encore une banlieue lointaine d’Istanbul pour y creuser un puits. Alors qu’ils peinent à trouver de l’eau, Cem fait la connaissance dans le village tout proche d’une envoûtante jeune femme aux cheveux roux.

Nous voulons un père fort, ferme et constant, qui nous dise ce qu’il convient de faire ou pas. Pourquoi? Est-ce parce qu’il est difficile de distinguer ce qu’il faut faire de ce qu’il ne faut pas faire, de discerner un acte juste et moral de l’erreur et du péché? Ou est-ce parce que nous avons sans cesse besoin d’entendre que nous ne sommes ni coupables ni pécheurs? Existe-t-il un besoin permanent du père, ou bien recherchons-nous le père dans les moments où nous sommes en proie à l’incertitude, où notre monde s’écroule et où nous sombrons dans la dépression?

Qu’elles soient héritières d’une tradition « occidentales » ou « orientales », les histoires sont légion qui interrogent le rapport au père ou à la mère et tout le drame qu’il suppose. Que ce soit via celle de Sohrâb, d’Œdipe, ou d’autres, les tenants et aboutissants sexuels, culturels, cultuels qui irriguent les rapports filiaux ont été de tout temps l’occasion de créer des histoires autant que se créaient autour de celles-ci de nouvelles façons d’envisager ces rapports. Orhan Pamuk se situe ici précisément au seuil de de ces histoires. Non seulement il s’empare de la tradition, ou plutôt des traditions, et des différences culturelles et politiques qu’elles sous-tendent, mais aussi il les articule à neuf, les fait siennes. Et cela non pas comme pourrait le faire l’adepte de l’exercice de style, enclin à reprendre un motif ancestral plus pour s’enorgueillir de sa filiation que par stricte nécessité. Ici, au fur et à mesure que conjointement se développe l’histoire et se complexifient les rapports de cette dernière avec la tradition, émergent peu à peu l’évidence et l’importance de ce travail mêlé de la tradition et de la trahison. Si reprise il y a c’est parce que, tout comme Sohrâb ou Œdipe, l’écrivain est indissolublement lié à des traditions qui le constituent. Si différence il y a c’est parce que, tout comme Sohrâb ou Œdipe, l’écrivain, pour éviter un drame ou en raconter un autre, se doit de tenter de briser la répétition du même.

En « réécrivant » un mythe du destin, en montrant aussi que le choix même d’un mythe comme fondement du destin est tout sauf innocent, Orhan Pamuk est parvenu à écrire des pages nouvelles et essentielles sur la liberté, celle des individus comme celle des peuples.

la logique du monde repose sur les larmes des mères.

Orhan Pamuk , La femme aux cheveux roux, 2019, Gallimard, trad. Valérie Gay-Aksoy

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« Qui peut sauver la morale? » de François Jaquet & Hichem Naar https://www.librairie-ptyx.be/qui-peut-sauver-la-morale-de-francois-jaquet-hichem-naar/ https://www.librairie-ptyx.be/qui-peut-sauver-la-morale-de-francois-jaquet-hichem-naar/#respond Tue, 19 Mar 2019 07:13:33 +0000 https://www.librairie-ptyx.be/?p=8194

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Parfois abreuvé à la lecture distraite des titres des livres de Nietzsche, le relativisme moral est devenu une opinion aussi courante que populaire. Depuis « la mort de Dieu » proclamée il y a plus de cent ans maintenant et revendiquée par les nietzschéens en culotte courte, nombreux en effet sont ceux pour qui quelque argument moral que ce soit ne se trouve fondé sur rien. Alors même cependant que cette opinion semble être devenue populaire, si pas généralement partagée, les questionnements, les prises de position, les querelles éthiques continuent à essaimer dans les espaces de débat* actuels. L’avortement est-il moralement acceptable? Est-il toujours injuste de restreindre la liberté de parole? L’euthanasie est-elle juste? Il peut sembler étonnant que l’on puisse aujourd’hui continuer à s’écharper sur ces questions, parfois dans le mépris complet de l’autre, alors même qu’aucun fondement soutenant solidement leurs opinions ne semble pouvoir être dégagé. Et que cette absence de fondement forme souvent une toile de fond communément partagée par les différents contradicteurs, ou qui le serait s’ils leur venaient à l’idée de se pencher ne fût-ce qu’un instant sur les fondements de leurs prises de position morale…

À côté de cette conception populaire (qu’on la nomme « sceptique » ou « relativiste ») des fondements de l’éthique, en existe une autre, philosophique, que l’on nomme « la théorie de l’erreur ». Les théoriciens de l’erreur jugent que tous les raisonnements moraux sont, par définition, faux parce qu’ils présupposent à tort l’existence de faits moraux à la fois objectifs et non naturels. Face à cet « extrême » nihiliste, que beaucoup voient comme une forme de condamnation définitive de toute possibilité de la morale, nombre de philosophes se sont penchés au chevet de la morale. Qu’elles soient expressiviste (les jugements moraux ne sont pas des croyances), subjectiviste (le jugement moral est une croyance qui ne représente pas un fait objectif), naturaliste (le jugement moral est une croyance qui représente un fait objectif naturel) ou non-naturaliste (le jugement moral est une croyance qui représente un fait objectif non-naturel mais qui existe bel et bien), toutes ces tentatives n’ont pour d’autre but que de trouver à la morale des bases qui puissent l’asseoir plus solidement. Si malheureusement aucune n’est sans faille, il apparaît aussi que cette théorie de l’erreur, elle-même faillible, n’est peut-être pas le monstre nihiliste qu’elle paraît être au premier abord.

D’un abord remarquablement didactique, non dépourvu d’humour (qui a dit que les philosophes analytiques étaient des rabats-joies?), ce livre démontre implacablement que quiconque cherche à émettre ou débattre d’un jugement moral ne peut faire l’économie de l’architecture conceptuelle (et donc aussi, par exemple, biologique) qui le sous-tend. Sous peine de tourner à vide, l’éthique ne peut se passer de métaétique. N’en déplaise aux grincheux contempteurs par principe de toute velléité analytique, la pensée spéculative a de beaux jours devant elle.

François Jaquet & Hichem Naar, Qui peut sauver la morale? Essai de métaéthique, 2019, Ithaque.

*à la réflexion, on a plutôt l’impression d’avoir affaire à des espaces polémiques, ceux propices au débat s’étriquant à mesure que les premiers prolifèrent…

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Bernard Hoepffner. https://www.librairie-ptyx.be/bernard-hoepffner/ https://www.librairie-ptyx.be/bernard-hoepffner/#respond Fri, 26 May 2017 08:47:50 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=6894

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C’est avec une immense tristesse que nous avons appris hier confirmation de la tragique disparition de Bernard Hoepffner. Extraordinaire traducteur, il réussissait depuis de nombreuses années à concilier une exigence sans failles à une volonté sans cesse renouvelée de faire découvrir des textes. Il était un exemple de l’heureux adage qui veut que l’érudition, aussi vaste soit-elle, n’est rien sans l’envie de la partager. Il était généreux. On lui doit beaucoup. Pour s’en souvenir, rien ne vaut de se plonger encore et encore dans ce que nos bibliothèques recèlent de plus beau, et auxquelles un simple regard suffit à comprendre l’immense part qu’il y jouait.

 

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« La fin du monde n’aura pas eu lieu » de Patrick Ourednik. https://www.librairie-ptyx.be/la-fin-du-monde-naura-pas-eu-lieu-de-patrick-ourednik/ https://www.librairie-ptyx.be/la-fin-du-monde-naura-pas-eu-lieu-de-patrick-ourednik/#respond Mon, 16 Jan 2017 11:46:17 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=6538

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Vous avez acheté mon livre? Vous avez eu tort.

La fin du monde reste une question sensible. Comme l’est, et pour des raisons peut-être pas si différentes, celle du futur antérieur. A notre époque où fleurissent les allusions eschatologiques, recoupant toutes les tendances – idéologiques, écologiques, religieuses, etc… – il n’est pas vain de rappeler que l’apocalypse est une mode ancestrale, qu’il n’est donc plus – du moins dans son acception commune – « à la mode » et donc que la fin du monde est un sujet éminemment original… Dans le même registre tortueux, qu’implique une négation appliquée à une phrase conjuguée au futur antérieur, si ce n’est que le fait qu’elle conjuguait – ici, la fin du monde – n’est pas certain? Ou plutôt, n’est plus certain, la négation impliquant le retour sur la certitude préalablement posée? Poser donc la non-certitude de la fin du monde en utilisant pour ce faire le futur antérieur dans un livre de fiction qui tournerait autour de la question de l’eschatologie reviendrait dès lors à placer le lecteur dans cette situation : si je lis cela, c’est donc que la fin du monde n’a pas eu lieu. Situation ubuesque, certes, mais sommes toute classique. On ne compte pas les romans, contes, fables, proses poétiques en vers, et autres genres qui ne s’y soient essayés avec plus ou moins de malheur.

-C’est bien triste, tout ça.

-Disons que ce n’est pas gai.

La différence, notable, est qu’ici le projet est bien de ne nous le faire regretter! Oui, da! Le constat, franc du collier, est en effet glaçant : comment se réjouir de la persistance d’un monde aussi crétin, où plaisanter ne se peut plus qu’en prévenant qu’on plaisante, où les crétins mous sont tués par les crétins sanguinaires, où les abrutis démocrates, devenus démocratiquement majoritaires, dénoncent, du fond de leur canapé, l’impossibilité à pouvoir exprimer librement une opinion dans les pays non démocratiques, alors qu’ils ont perdu la faculté de s’en forger une depuis belle lurette, et dont l’essence peut être tout entière résumée dans cette assertion :

La devise du Luxembourg était « Nous voulons rester ce que nous sommes ». 

Franchement, un monde pareil, il faudrait soi-même être devenu un parfait crétin, pour – à l’identique du luxembourgeois aspirant à demeurer ni plus ni moins qu’un luxembourgeois – aspirer à le voir perdurer…

Alors oui, évidemment, un dilemme se fait jour. Car regretter que la fin du monde n’a pas eu lieu impliquerait de facto, regretter notre lecture de La fin du monde n’aura pas eu lieu, rendue seule possible par la non-survenue de cette fin du monde ardemment souhaitée. Reste alors, à défaut de résoudre ce dilemme et de regretter qu’elle n’a pas eu lieu, ni qu’elle n’aura pas eu lieu, à espérer qu’elle aura bien lieu et à se réjouir, en lisant La fin du monde n’aura pas eu lieu, qu’elle vienne mettre un terme, définitivement, à ce à quoi elle n’aura, jusqu’alors, pas encore mis un terme.

Si c’est pas chouette.

Patrick Ourednik, La fin du monde n’aura pas eu lieu, 2017, Allia.

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« Paterson »de Jim Jarmusch. https://www.librairie-ptyx.be/patersonde-jim-jarmusch/ https://www.librairie-ptyx.be/patersonde-jim-jarmusch/#respond Fri, 18 Nov 2016 08:41:41 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=6411

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On est à peu près autant fan des concours que des prix littéraires. Et pourtant, quand on nous proposa de servir de relais à la sortie sur les écrans belges du dernier Jarmusch, il nous fut impossible de ne pas spontanément opiner du bonnet. Nous causer simultanément de poésie américaine, de Paterson, de Jarmusch, de Ginsberg, de Carlos Williams et de Ron Padgett, c’est un peu comme présenter une bimbo siliconée sur fond de dorures au nouveau président des USA ou une valise lybienne à un ancien président français : on se met à saliver, on tremble et on dit oui à tout…

Alors voilà, promotion et concours obligent, nous avons dans notre tiroir deux fois deux places pour aller découvrir ce film (dont on ne sait s’il est bien, mais dont les intentions seules méritent déjà le déplacement), et cela à partir du 07 décembre jusqu’au 27 décembre. Et pour les gagner, me direz-vous, que faire? A quelle question répondre? De quelles connaissances attester? A quels critères physiques, intellectuels, satisfaire? Eh bien, nous n’en savons trop rien et nous laissons tout loisir d’établir des critères plus tard, de n’en pas établir, d’en établir puis d’en changer, voire d’en établir de bien fermes et irrévocables mais après avoir distribué les prix en question à la tête du client à une bimbo siliconée sur fond de dorures équipée d’une valise lybienne…

Ce qui est sur c’est qu’il faudra passer nous voir.

Et pour le trailer du film c’est

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La réponse. Et la réponse à la réponse. https://www.librairie-ptyx.be/la-reponse-et-la-reponse-a-la-reponse/ https://www.librairie-ptyx.be/la-reponse-et-la-reponse-a-la-reponse/#respond Wed, 06 Jan 2016 09:55:06 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=5779

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Le premier décembre dernier, nous envoyions une lettre ouverte à Madame la ministre Joëlle Milquet, faisant état de ce que nous considérions comme des « dysfonctionnements » dans l’organisation des subsides octroyés aux maisons d’édition par la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Nous avons reçu le 17 décembre une réponse.

Nous rendons celle-ci publique. Ainsi que nos réactions.

Et après c’est tout!

Enfin, pour l’instant…

 

Cher Monsieur Requette,

J’ai pris connaissance avec attention de la lettre ouverte que vous m’avez adressée ce premier décembre 2015 et vous remercie pour votre envoi.

Dès mon entrée en fonction, j’ai clairement annoncé mon intention de bouger les lignes dans le secteur culturel, secteur qui doit évoluer et être pleinement ancré et adapté face aux nouvelles réalités auxquelles nous devons faire face.

J’ai, dès lors, mis en place une opération de concertation prospective intitulée « Bouger les Lignes » composée de six coupoles. Un site internet est dédicacé à cette opération, www.tracernospolitiquesculturelles.be, je vous invite à le visiter et à prendre part à cette opération d’écoute et de construction des politiques culturelles du XXIème siècle par les acteurs de terrain.

Ce 1er décembre, la 2ème phase de concertation publique au sein du groupe de travail « Artistes au centre » a été organisée sous forme d’un atelier à Namur sur le thème du livre et de l’édition. Tous les acteurs étant liés, de près ou de loin, à ces disciplines étaient les bienvenus afin d’exposer leurs idées ainsi que débattre avec les différents opérateurs des secteurs culturels concernés.

De manière générale, la Fédération Wallonie-Bruxelles dispose de maisons d’édition de très petite taille dans le secteur littéraire qu’il importe de soutenir si l’on veut que nos auteurs puissent encore être publiés. On connait les difficultés de ce secteur. En 2010, en interne, l’Observatoire des politiques culturelles avait fait l’analyse financière des comptes annuels des maisons d’édition subsidiées par la Fédération et avait mis en avant la fragilité du secteur, insistant sur le fait que les subventions de la Fédération étaient vitales dans l’équilibre financier de ces maisons d’édition. Un autre étude réalisée, en 2004 par Marc Minon, avait mis en lumière le faible poids économique du secteur comparé à son important rôle culturel, la taille modeste sinon artisanale des structures, un ancrage local affirmé et l’importance (la difficulté aussi) de l’accès au marché français. Ces analyses sont encore d’actualité aujourd’hui. Les difficultés sont encore renforcées, avec le contexte actuel qui se caractérise par une érosion du lectorat, une surproduction de titres entraînant une rotation accrue des ouvrages en librairie, etc. Les subventions que nous accordons aux maisons d’éditions littéraires conventionnées sont subordonnées à un nombre de volumes à produire, à un tirage, au respect de la législation sur les droits d’auteur, à l’existence d’une distribution et diffusion professionnelles tant sur le marché belge que français, de même que la nécessité d’assurer la promotion des ouvrages publiés. Le montant de la subvention ne peut dépasser 50% des recettes propres générées par l’activité éditoriale de l’éditeur. Il faut bien être conscient que la plupart de ces petites structures fonctionnent avec un minimum de frais de personnel.

Le respect de ces éléments est analysé par l’Administration générale de la Culture qui analyse également les comptes et attire l’attention de l’opérateur en cas de difficulté. Il est arrivé de fait qu’un éditeur ait fait faillite en cours d’année alors qu’une première tranche de subvention lui avait été versée dès le début de l’année. Bien entendu, le solde de la subvention ne lui a pas été versé dès que la faillite a été constatée.

Votre lettre ouverte semble plaider pour ne pas verser de subside structurel à ces maisons d’édition. Cela risque de les mettre en grande difficulté. Par ailleurs, comment financer un livre littéraire publié? Comment juger de la qualité littéraire? Il s’agit là d’un critère éminemment subjectif et il est, je pense, préférable de faire confiance à l’éditeur responsable d’une collection.

Toutefois, en ce qui concerne les quelques petites maisons d’édition en bande dessinée de création, la politique choisie a été d’octroyer les subventions aux projets sur base d’un avis de la commission BD. Les commissions d’avis sont composées de spécialistes des secteurs et il va de soi que lorsqu’il s’agit d’émettre un avis dont un des membres serait d’une façon ou d’une autre partie prenante, ce membre ne participe bien évidemment pas à la discussion. Les autres membres se sentent bien entendu libres d’émettre un avis qui serait négatif. Dans le cas soulevé dans votre lettre ouverte, la maison d’édition a de fait édité un livre dont un des membres de la commission est l’auteur. Cet auteur jouit d’une reconnaissance importante dans la bande dessinée de création. Pour assurer la transparence des instances d’avis, un rapport annuel et un bilan public ont lieu chaque année.

Bien consciente du rôle des instances d’avis et des questions que peuvent susciter leur composition et leur avis, j’ai annoncé, dès ma prise de fonction, une réforme des instances d’avis, plusieurs d’entre elles ont déjà été saisies et invitées à me proposer des éléments de réforme. Cette thématique fera également objet de la coupole « Nouvelle gouvernance » de l’opération « Bouger les Lignes » qui sera lancée en janvier prochain.

La totalité des conventions en matière d’édition littéraire arriveront à terme en 2016. Il a dès lors été décidé, il y a quelques mois, qu’un groupe de travail, composé de membres de l’Administration générale de la Culture de la Fédération Wallonie-Bruxelles et d’éditeurs se mettraient en place début 2016 pour réfléchir aux mécanismes et critères d’aide à l’édition en Fédération.

En restant à votre disposition, je vous prie de croire, cher Monsieur Requette, à l’expression de ma parfaite considération.

Joëlle Milquet.

 

 

 

Et donc notre réponse :

 

Madame la Ministre,

 

J’accuse bonne réception de votre réponse à ma lettre ouverte et vous en remercie. Je me permets ci-après d’y répondre à mon tour. Non que je veuille à tout prix maintenir une correspondance suivie indéfiniment mais certains points que vous y soulevez me semblent requérir une (ultime?) précision.

Je passe tout d’abord sur ses aspects purement rhétoriques.  Entre déclarations d’intentions de bon aloi et peinture d’un état de fait incontestable, je ne crois pas qu’il soit utile de plus s’étendre sur des évidences dont le propre est d’être unanimement partagées. Venons-en à ce qui semble nous séparer…

 

  1. Vous vous référez à quelques reprises à la tenue de discussions, de groupes de travail, de coupoles de réflexion, de concertation, etc… que vous avez initié relativement à l’avenir des politiques culturelles en Fédération Wallonie-Bruxelles. Allusivement ou non, vous nous invitez à « prendre part à cette opération d’écoute et de construction ». Il nous est difficile de n’y pas lire un reproche – quand bien même il serait voilé – quant au caractère public de notre démarche. Cette lecture étant d’autant plus justifiée qu’elle s’appuie sur des remarques récurrentes faites à notre encontre issues d’une partie (celle se sentant sans doute mise en cause) du milieu éditorial de la FWB. Pour les suivre, tout est simple : c’est dans le cadre de réflexions internes au secteur que celui-ci pourra au mieux « faire face aux défis de demain ». Nous ne partageons nullement ce point de vue. Non que nous contestions bien entendu l’utilité de ces rencontres spécialisées. Bien au contraire, elles sont essentielles. Mais nous pensons aussi que ces débats entre « opérateurs » d’un secteur s’amputent de facto de toute légitimité si ces « opérateurs » ne veillaient plus à se référer systématiquement au regard du public. Public auquel – dans le cadre d’une politique…publique – ces mêmes « opérateurs » sont, qu’ils le veuillent ou non inféodés. A force de se cantonner à cet entre-soi de spécialistes discutant des modes de répartition de l’argent public, on en vient – et la situation actuelle nous parait en apporter des preuves indéniables – à oublier qu’il s’agit, justement, d’argent public.
  2. Nous ne sommes effectivement pas favorables à une aide structurelle dans le milieu éditorial, préférant à ce mode d’aide que nous jugeons « à l’aveugle », une organisation fondée sur des projets. Vous dites que certains éditeurs en subiraient de grandes difficultés… Je vous retourne que si la qualité des projets que ces éditeurs portent ne devaient plus leur être reconnue, et donc ne plus leur valoir de subsides, eh bien, c’est que le but culturel que l’attribution de ces aides poursuivait auparavant n’avait pas été atteint. Je note par ailleurs plusieurs contradictions d’envergure dans vos propos. Vous arguez de la subjectivité à l’oeuvre dans la reconnaissance ou non du caractère qualitatif d’un projet en littérature pour ne pas avoir à délibérer sur des projets, mais adoptez par contre cette même procédure pour la bande dessinée?!? Ensuite, ne sont-ce pas les mêmes critères subjectifs auxquels vous requérez pour attribuer des aides, non à un projet, mais à un éditeur?!?
  3. Vous faites état que « le montant [des] subventions ne peut dépasser 50 % des recettes propres générées par l’activité éditoriale de l’éditeur ». Nonobstant le flou relatif au terme « recettes propres » – s’agit’il des recettes brutes, nettes? Quid des frais de diffusion/distribution? -, cette limite est elle-même fondée sur un rapport tout à fait aberrant : au plus de recettes, au plus d’aides! Ainsi privilégie-t-elle de facto les éditeurs à « grosse production » et les encourage-t-elle à « miser » sur des titres à fort potentiel commercial. Toutes choses fort éloignées de l’objectif qualitatif qu’un subside culturel se doit de promouvoir.
  4. Revenant sur notre exemple, vous déclarez avoir interrompu le versement d’aides à un éditeur, sa faillite ayant été constatée. Encore heureux… Vous vous méprenez sur le sens que nous donnions pourtant clairement à cet exemple. Il n’était là que pour démontrer, par l’absurde, le manque de rigueur avec lequel l’administration contrôlait l’utilisation des sommes qu’elle alloue. Tant sur les comptes (non dûment vérifiés car, pour partie, non légalement déposés) que sur les conditions contractuelles liant les éditeurs et l’administration, il est un euphémisme que de dire que les vérifications ne sont pas « optimales »…
  5. Concernant notre constatation de conflit d’intérêts au sein de la commission BD, votre réponse nous semble être une illustration remarquable de la sophistique. Premièrement, si l’un des exemples que nous extirpions du fonctionnement de cette commission était particulièrement parlant, ce qu’il illustrait ne se limitait nullement à lui. Il a d’autant mieux valeur d’exemple qu’il révèle la récurrence d’un comportement – au sein de cette commission comme en d’autres lieux de l’aide à l’édition. Tenter de circonscrire notre constatation d’une situation de conflit d’intérêt structurelle à un fait ponctuel est au mieux réducteur. Deuxièmement, vous abusez de « bien entendu », de « il va de soi » et d’autres adverbes en appelant à l’évidence, d’autant plus abondamment que les faits que ces adverbes sont censés soutenir ne ressortent nullement de l’évidence. « Bien entendu », le membre à qui sera octroyé une aide ne participe pas à la discussion? Rien ne le documente, ni ne le réglemente! « Bien entendu », les membres « se sentent libres » (sic) d’émettre un avis qui serait négatif? Un minimum de psychologie pousse à penser une évidence contraire : quiconque ayant à juger, au sein d’une commission, de la pertinence d’octroi d’une aide à un collègue de cette même commission, aura beau se « sentir » aussi libre qu’il le veut de l’octroyer ou non, il ne le « sera » jamais! Et c’est précisément pour ces évidentes raisons qu’existent des dispositions réglementant le conflit d’intérêts… Enfin, vous en référez à la transparence. Effectivement, les bilans renseignent bien factuellement (soit directement soit par d’aisés recoupements) l’ensemble des comportements que nous avons pu constater. Et c’est heureux ainsi. Mais la transparence (un minimum selon nous, lorsqu’il s’agit d’argent public) n’exonère nullement de la responsabilité des faits qu’elle permet de constater. Sous prétexte que rien ne serait dissimulé, tout ce qui est « transparent » deviendrait « pur ». A l’ère du « tout-disponible » et sous l’apanage d’un facile « Je rends tout visible, donc il n’y a rien à voir » la transparence peut devenir un redoutable cache-sexe éthique. La transparence n’est ni une fin, ni un gage. Elle est le début indispensable d’un contrôle par chacun de ce qui est fait du commun. Et ce qu’elle fait mine de désamorcer en ne le dissimulant pas n’en devient pas magiquement moins scandaleux que s’il avait été habilement caché.

 

Nous prenons bonne note des intentions de changement que vous nous assurez vouloir insuffler. Les constats que nous avons pu faire en démontrent l’urgente nécessité. Nous veillerons de notre côté à ce que ces intentions ne restent pas lettre morte.

 

Nous vous souhaitons bonne réception de la présente et vous prions d’agréer, Madame la Ministre, nos sentiments les plus distingués.

 

Pour Vies Parallèles,

Emmanuel Requette.

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Lettre ouverte* à Madame Milquet, Vice-Présidente de la Fédération Wallonie-Bruxelles,Ministre de l’Education, de la Culture et de l’Enfance https://www.librairie-ptyx.be/lettre-ouverte-a-madame-milquet-vice-presidente-de-la-federation-wallonie-bruxellesministre-de-leducation-de-la-culture-et-de-lenfance/ https://www.librairie-ptyx.be/lettre-ouverte-a-madame-milquet-vice-presidente-de-la-federation-wallonie-bruxellesministre-de-leducation-de-la-culture-et-de-lenfance/#comments Tue, 01 Dec 2015 12:35:07 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=5631

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Madame La Ministre,

 

Représentant une jeune maison d’édition Bruxelloise portant des projets catalogués parfois «difficiles» ou «pointus» et souvent onéreux, nous avons entrepris des démarches en vue de faire aider certains de ces projets par vos services. C’est dans le cadre de ces recherches que nous avons pu prendre connaissance de certains faits particulièrement interpellants. Devant la gravité de certains et l’incurie du fonctionnement global, nous avons alors décidé, plutôt que de nous inscrire benoîtement dans un cadre qui nous semble sous bien des aspects aberrant, d’en dénoncer les errements. Et ce par le biais de cette lettre ouverte.

Soyez certaine qu’il eût sans doute été pour nous plus simple, moins confrontant, de «passer notre chemin». Mais c’eût été cautionner de fait un système qui, non content de ne pas remplir l’objectif culturel qu’il se donne, en mine les principes mêmes. Nous croyons en un service public fort. Nous croyons en une dynamique culturelle d’état. Mais quand celle-ci en vient à dysfonctionner à ce point, elle ne peut faire que le jeu de tous ceux qui désirent la voir réduite à peau de chagrin…

Vous trouverez ci-dessous un certain nombre de faits que nous avons pu relever. Si certains montants incriminés peuvent au premier abord paraître « dérisoires », il convient de les mettre en perspective par rapport au total des montants alloués spécifiquement au secteur de l’édition (pas loin de 1,5 million d’euros) et au voile d’exemplarité dont ce même secteur se drape bien souvent. Ne désirant nullement que ce qui suit soit lu comme des attaques ad hominem, nous avons rejeté en notes – sans prétendre à l’exhaustivité – les documents auxquels nos constatations se référaient. Libre à chacun d’y lire des noms. Quant à nous, nommer les comportements nous semblait plus important que d’en désigner des responsables.

 

1.Le rapport d’activité de la commission Bande dessinées 2014 [1] stipule que la commission a accordé une aide de 8.000 € pour un «soutien à l’édition» d’un des livres de la vice-présidente de la même commission. Le même rapport mentionne qu’un montant de 2.000 € a été alloué pour «aide à la traduction» [2] d’un autre livre de la même vice-présidente de la commission. Alors que cette vice-présidente est présentée nommément dans ce rapport comme faisant partie d’une maison d’édition (maison au sein de laquelle sont édités certains de ses livres), une aide de «soutien à l’édition» de 3.500 € a été attribuée à cette même maison. Par ailleurs, les deux bourses de création d’un montant de 9.000 € chacune distribuées cette même année l’ont été à trois auteurs-éditeurs-fondateurs (chacun à des titres divers) de cette maison d’édition [3]. Deux de ceux-ci ayant été par ailleurs membres (suppléants ou non) de la même commission par le passé. Cette situation se répète – sous d’autres formes similaires – lors des années précédentes [4]. S’il est difficile d’y retrouver une situation aussi caricaturale, ces cas patents de conflit d’intérêt peuvent être observés dans d’autres commissions. Citons juste – presque pour rire – l’exemple du Fond National de la littérature dont 60 % des membres de la commission se sont vus octroyé une aide par la même commission [5] [6]…

Auteur membre de commission recevant des aides, éditeur en percevant d’autres alors qu’il est membre à part entière ou suppléant, etc… les situations ne manquent pas où, in fine, l’argent public est distribué par qui le reçoit…

Il est une évidence que la limite entre juge et partie doit être rendue aussi marquée que possible. Et que cela est une des bases les plus essentielles d’une gestion publique saine. Ces principes cardinaux ont pourtant été grandement oubliés. En rappeler les grands principes ferait presque figure de posture révolutionnaire :

  • Aucune aide ne doit être allouée directement ou indirectement à un membre de commission (suppléant ou non) pendant l’exercice de son mandat.
  • Aucune aide ne doit être allouée à des projets auxquels seraient liés, de près ou de loin, des membres de la commission (un auteur à «son» éditeur, un éditeur à «son» auteur, un éditeur à lui-même via – ou non – l’un de ses représentants)
  • Chaque commission doit veiller à se doter d’un règlement d’ordre intérieur prévoyant précisément les cas de conflit d’intérêt et les mesures à appliquer en vue de leur règlement.
  • Dans le cas où un conflit survient, mention doit en être faite clairement dans les rapports officiels, ainsi que les mesures adoptées

De nombreuses objections pourraient être adressées à ces simples mesures de bonne pratique : «La Belgique est un petit pays», «Nous ne disposons pas d’un réservoir si étendu de spécialistes capables de rendre des avis pertinents», «Il est impossible d’éviter toute «consanguinité»», etc… Autant d’objections fonctionnant comme des oukases et qui n’ont d’autre but que de se conforter dans un mode de fonctionnement dont profitent actuellement ceux, précisément, qui les formuleraient.

2. En Belgique, une publicité des comptes des entreprises et des associations est obligatoire. Toute aide de la Fédération Wallonie Bruxelles étant subsidiée à la mise à disposition des comptes de l’organisation en ayant bénéficié [7], il va dès lors de soi – et les personnes que nous avons pu entendre, par exemple au Greffe, nous l’ont clairement stipulé – qu’aucune aide ne pourrait échoir à une maison d’édition ne publiant pas ses comptes. Or, certaines maisons d’éditions n’ont – parfois dix années durant [8] – pas pris la peine de déposer ceux-ci, soit auprès du Greffe du Tribunal de Commerce (pour les associations), soit à la Banque Nationale (pour les entreprises)… tout en continuant à bénéficier de subsides. Cela ne nous semble pas être une simple mesure formaliste. En effet, comment prétendre vérifier l’utilisation d’un subside, alors même que les comptes devant en faire état n’existent pas pleinement ? Détail croustillant qui démontre, par l’absurde, l’absence d’un contrôle efficace : un éditeur ne publiant plus ses comptes depuis deux ans a continué à bénéficier de l’attribution de subsides… alors même qu’il était en situation de faillite [9].

3. De nombreuses dispositions réglementent le versement d’aides, soit par le biais d’une convention particulière [voir 7 ci-dessus] entre la Fédération Wallonie Bruxelles et l’éditeur, soit par celui d’une charte générale [10] à laquelle doit se soumettre tout demandeur. Nous nous sommes rendu compte qu’alors même que ces dispositions sont émises par le service public, ce dernier ne veille souvent que fort peu à leur respect.

  • La charte générale impose à l’éditeur demandeur de recourir aux services d’un professionnel pour sa diffusion et sa distribution. Or seuls quatre éditeurs bénéficiaires d’aides satisfont au sens strict à cette exigence. Nous croyons que celle-ci est essentielle. Il est du rôle fondateur de l’éditeur de veiller à la diffusion et la distribution de son catalogue. Il n’est qu’intermédiaire et se doit d’assumer les obligations qui fondent son travail. Faire connaitre le travail de l’auteur est sa fonction cardinale. Et si tout éditeur n’a pas vocation à rentrer en diffusion et distribution dans un grand groupe, il se doit de donner des garanties à cet égard au pouvoir subsidiant. A qui il revient à tout le moins de veiller au respect des règles qu’il édicte.
  • Un tirage minimum est parfois d’application. Nous connaissons des cas où ces chiffres ne sont pas respectés de moitié. Sans que les montants alloués, ne soient, eux, revus à la baisse (alors même qu’ils sont fixés sur base du tirage !).
  • Une des règles principales à laquelle doit se soumettre l’éditeur est le paiement scrupuleux des droits d’auteurs. Ce qui ressort de l’évidence. Il appert malheureusement que cela n’est pas toujours le cas (un simple aperçu des comptes – pour autant qu’ils soient disponibles – le démontre). Si les droits d’auteurs ne sont pas payés, les aides, elles, continuent à être versées…

4. Alors qu’il semble de bon ton de répéter à l’envi qu’il n’y a pas assez d’argent investi dans la culture – il n’est pas dans notre propos ici de prendre position à cet égard -, nous avons pu constater que beaucoup d’éditeurs reçoivent des moyens considérables (eu égard à ce type d’économie) de la part de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Nombre d’entre eux en viennent à recevoir (via des conventions et/ou des aides plus spécifiques) de quoi pouvoir assumer, grâce à ces seules aides, leur mission entière. Et cela depuis de nombreuses années. Sans compter que nombre d’éditeurs perçoivent des aides auprès de plusieurs structures de la FWB [11], comme auprès d’autres (WBI, communes, CNL, etc…). Loin de nous l’idée de nous plaindre d’un investissement considérable mais un tel niveau de financement revient parfois de fait à se montrer contre-productif. Nous pensons qu’il est de l’essence de la mission de l’éditeur de prendre un risque. Lui enlever, de fait, sa dimension financière nous parait aller de pair avec une déresponsabilisation à terme castratrice. S’il peut être effectivement intéressant de ne pas faire dépendre la culture d’impératifs uniquement matériels, il ne nous semble pas opportun de l’en distancier d’office et sans discernement. Autant l’auteur, l’artiste, dans son processus créatif, a légitimement besoin de s’inscrire dans une démarche demandant du temps et nécessitant une suspension économique, autant l’éditeur a pour fonction essentielle d’amener l’œuvre dans un tissu commercial. En le finançant entièrement et structurellement, on lui retire si pas sa raison d’être, du moins l’une de ces plus-values fondatrices. A tout le moins – et les remarques précédentes démontrent son insuffisance – tout éditeur financé à ce point par de l’argent public devrait faire l’objet d’un contrôle efficace. Nous ne trouvons par ailleurs pas normal que des financements publics aussi importants – toute proportion gardée – puisse ainsi être dévolu de manière structurelle (depuis très longtemps pour certaines maisons) à des sprl [12]. Dont l’objectif, comme leur raison sociale l’indique, est bien de réaliser du bénéfice.

5. Il n’est un secret pour personne qu’imprimer en Belgique coûte plus cher que dans d’autres pays. Ce dont la majorité des éditeurs belges subventionnés ont pris bonne note en délocalisant massivement les travaux d’impression. Il ne nous semblerait pas illogique que – comme cela est le cas pour d’autres secteurs en FWB – soient imposées des obligations relatives aux dépenses. Sans qu’on doive y voir une volonté de protectionnisme, il ne nous semblerait pas éhonté d’exiger qu’une partie des aides publiques puissent retourner à ce public et que l’on favorise ainsi l’impression en Belgique d’un livre aidé en Belgique. D’autant que les raisons présidant à ces choix ne sont très majoritairement – sous couvert parfois d’excuses faciles – que de l’ordre du coût. Coût dont on sait qu’il n’est que la traduction économique d’un dumping social. Sans ce type de mesure qui plus est, l’attribution aveugle d’un subside public à un secteur en vient à en fragiliser un autre tout aussi précarisé.

6. Toutes les conventions que nous avons pu consulter sont basées sur des objectifs quantitatifs. En clair, un éditeur bénéficiant d’aides de la Fédération Wallonie Bruxelles s’engage à éditer un certain nombre de titres par année [13]. Nonobstant certains aménagements à la marge sur l’objectif (tirage, obligation parfois de promouvoir des auteurs de la région, etc…), cette mesure, récurrente, érigée en principe, nous semble l’aberration même. Comment concevoir qu’un service culturel puisse reposer sur de simples objectifs de quantité ? Comment dire promouvoir la culture en contraignant ses opérateurs à «faire du chiffre» ? Alors que les libraires sont assaillis chaque année d’un nombre toujours plus considérable de titres toujours plus dispensables, cette vision aberrante de la culture aboutit à ajouter à l’inutile. La culture n’a que faire de la quantité. Elle est affaire de qualité.
Nous pensons qu’aucune aide structurelle ne devrait être allouée à un éditeur. Seuls des projets devraient se voir doter de subventions. Et cela sur base d’avis clairs, détaillés et argumentés rendus par des commissions d’experts – et cela nous renvoie au début de ce courrier – réellement indépendants. C’est, à notre avis, la seule possibilité (garantie, il n’y aura jamais) de voir émerger au mieux une culture exigeante et novatrice.

 

Conflits d’intérêts, absence de contrôle sérieux de ce qui est fait de subsides octroyés, critères abscons, mode de fonctionnement général erratique, le constat est préoccupant. Et nous n’avons nullement visé à une quelconque exhaustivité, nous contentant ici de relayer ce qui émergea de notre recherche de renseignements. Nous n’avons pas non plus axé ce qui précède sur de quelconques critères qualitatifs des productions des éditeurs subventionnés. C’eût été usurper le rôle que nous désirions jouer ici. Disons juste que la qualité parfois interpellante de certaines publications financées par la FWB ne nous semble pas être sans lien avec son fonctionnement général.
Le public mérite un investissement culturel conséquent et de qualité. Le secteur culturel, lui-même souvent donneur de leçon – et cette lettre en est peut-être un exemple supplémentaire – se doit de ne pas oublier à quoi, pour qui et grâce à qui il remplit ses missions. Au risque sinon de se séparer toujours un peu plus des raisons qui le fondent.

 

Nous vous prions, d’agréer, Madame, l’expression de nos sentiments les plus distingués.

 

Pour Vies Parallèles,

Emmanuel Requette.

 

[1]http://www.bandedessinee.cfwb.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=a16262d2f6482e5c6fe6df8cf492abcb0516fc3f&file=fileadmin/sites/bd/upload/bd_super_editor/bd_editor/bilan_public_Commission_BD_pour_2014.pdf (page 6)

[2]http://www.bandedessinee.cfwb.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=a16262d2f6482e5c6fe6df8cf492abcb0516fc3f&file=fileadmin/sites/bd/upload/bd_super_editor/bd_editor/bilan_public_Commission_BD_pour_2014.pdf (page 7)

[3]http://www.bandedessinee.cfwb.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=a16262d2f6482e5c6fe6df8cf492abcb0516fc3f&file=fileadmin/sites/bd/upload/bd_super_editor/bd_editor/bilan_public_Commission_BD_pour_2014.pdf (page 6). http://www.fremok.org/site.php?type=P&id=10. http://www.ejustice.just.fgov.be/tsv/tsvf.htm (taper 0454366212)

[4] 9.000 € d’aide à la création pour la vice-présidente en 2011, 6145 € d’aide en 2012 pour un auteur qui fut membre suppléant de la commission (impossible de savoir s’il l’est encore à cette date), de nombreuses autres aides accordées à l’éditeur avec lequel ces auteurs précités ont parties liées, la liste est longue… http://www.bandedessinee.cfwb.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=72bb6c4170acca2546393475591b404116f9d348&file=fileadmin/sites/bd/upload/bd_super_editor/bd_editor/documents/bilans_publics/Bilanpublic_commissionBD2007-2008.pdf, http://www.bandedessinee.cfwb.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=aa3e0cfcc4925ef0ed2197d6bf080cc56fdcba92&file=fileadmin/sites/bd/upload/bd_super_editor/bd_editor/documents/bilans_publics/Bilanpublic_commissionBD2011.pdf, http://www.bandedessinee.cfwb.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=fa9e53d34bc4e3153cd771f5d624a90f5c13b386&file=fileadmin/sites/bd/upload/bd_super_editor/bd_editor/documents/bilans_publics/bilan_public_CBD_2012__4___2_.pdf

[5] http://www.arllfb.be/fnl/commission.html

[6] http://www.arllfb.be/fnl/auteurs.html

[7] http://www.culture.be/index.php?id=3526&no_cache=1. L’article 6 de chaque convention prévoit systématiquement une libération du solde des subventions versées après réception « des comptes, bilan et rapport d’activité de l’exercice précédent ». Comment s’assurer de leur validité s’ils ne sont pas déposés en bonne et due forme ?

[8] Un simple passage auprès du greffe de Tribunal de Commerce de Bruxelles vous renseignera sur certains : le numéro d’entreprise 0454366212 n’a pas remis ses comptes dix années durant, aucun compte déposé dans les formes non plus pour les numéros 0473210738 et 0841060769. Remarquez ici notre souci (hypocrite diront d’aucuns) de ne pas verser dans l’ad hominem…

[9] http://cri.nbb.be/bc9/web/catalog?execution=e1s1 (tapez 0873889034). Ce qui ne le priva nullement de ses subsides en 2012 : http://www.culture.be/uploads/tx_cfwbtransparence/Transparence_2012_-_DO_01.pdf (voir article de base 33 17 21), ni en 2013 : http://www.culture.be/uploads/tx_cfwbtransparence/Transparence_2013_-_DO_22.pdf (voir article de base 33 17 21), ni apparemment en 2014, année de sa faillite : http://www.culture.be/uploads/tx_cfwbtransparence/Transparence_2014_-_DO_22.pdf (voir article de base 33 17 21)

[10]http://www.lettresetlivre.cfwb.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=aec50c869eeb122c20dc44953e374d2a83cc2768&file=fileadmin/sites/sgll/upload/sgll_super_editor/sgll_editor/images/Charte_du_Service_general_des_Lettres_et_du_livre.pdf

[11]http://www.culture.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=136cc85a25b0343edc227b5b0952b4b5b12f7211&file=uploads/tx_cfwbtransparence/freon_2014-2017.pdf. L’éditeur perçoit ici une aide structurelle de la commission « arts plastiques » d’un montant de  27929  €/an pour des missions qui ne débordent pas le cadre de l’édition.http://www.culture.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=b76cd091edf279e9b65295a789b56edbaa29661c&file=uploads/tx_cfwbtransparence/ante_post_2014-2017.pdf. Si la mission est étendue ici pour partie hors d’un champ de compétences éditoriales, une plus grande clarté et des limites claires entre les rôles joués par les différentes commissions ne nous paraitraient pas un luxe.

[12]http://www.culture.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=6b7be1974c0405727f79368a14ac90b8ea618152&file=uploads/tx_cfwbtransparence/Convention_editions_Luce_W_2013-2015.pdf. 57250 €/an et 15 titres, soit 3817 € par titre… Connaissant les tirages demandés (600. Sont-ce bien ceux réalisés ?), l’imprimeur (Bulgare) et le fait que ces titres soient essentiellement francophones, ce sont bien les subsides qui financent entièrement, en sus de ses activités, la structure même de cette maison constituée comme une sprl.

[13] http://www.culture.be/index.php?id=3526&no_cache=1. Tapez dans l’espace disponible le nom de quelque éditeur que ce soit, toujours vous tomberez sur une convention qui n’a d’autre principe que quantitatif.

 

* Certains nous reprocheront peut-être le ton assez posé et fort peu sarcastique de ce qui précède. Tout cela est un peu lourd, certes, et ne ressemble pas tellement à ce que nous nous proposons de faire d’habitude (quant à prétendre que nous y réussissons…). Mais, diantre, ce n’est pas tous les jours que l’on écrit à une ministre!

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