on va tous mourir – ptyx https://www.librairie-ptyx.be "Hommes, regardez-vous dans le papier" H.MICHAUX Thu, 25 Apr 2019 08:01:20 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.1.1 L’aboutissement du capitalisme III : la couper à Amazon https://www.librairie-ptyx.be/laboutissement-du-capitalisme-iii-la-couper-a-amazon/ https://www.librairie-ptyx.be/laboutissement-du-capitalisme-iii-la-couper-a-amazon/#respond Tue, 29 Jan 2019 14:49:06 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=8099

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Peu le savent en dehors du paysage éditorial mais, quand on est éditeur, éviter le grand méchant Amazon* n’est pas aussi évident qu’on croit. En effet, si vous ne disposez pas d’un diffuseur/distributeur qui s’occupe pour vous de placer vos livres dans les librairies, en vous refusant à Amazon vous vous coupez d’un potentiel de vente devenu d’autant plus important que vous aurez moins facilement accès au circuit traditionnel des librairies. Et quand vous disposez des services d’un diffuseur/distributeur, les clauses du contrat qui vous lient à lui vous empêchent de facto de refuser à ce que vos livres soient vendus via Amazon. Car refuser de vendre ou de faire vendre vos livres à un libraire et un seul (hé oui, Amazon est bien juridiquement un libraire) est assimilé à un refus de vente. Et le refus de vente c’est interdit. Coincé entre le marteau commercial de l’auto-distribution et l’enclume juridique des dispositions légales de la distribution par un tiers, l’éditeur parait alors bien souvent aussi démuni financièrement qu’éthiquement.

Et pourtant…

Et pourtant, parfois, il est possible de retourner contre lui les exigences de celui qui vous domine de la tête et des épaules.

Il se trouve en effet qu’Amazon exige, entre autres choses, (l’avantage de la position dominante est de ne plus devoir reconnaître dans le client sa fonction de client, de partenaire celle de partenaire, de fournisseur de fournisseur, etc. le dominant peut juste se contenter d’exiger…) que chacun des livres qui lui parvient soit clairement identifiable par un code-barre dûment fonctionnel et directement visible. Pas de code-barre ou code-barre illisible ou code-barre à l’intérieur du livre, et votre livre ne sera pas vendu via Amazon**! Point! Libre alors au distributeur, en cas de commande reçue d’Amazon, d’étiqueter le livre lui-même avant de l’envoyer au « libraire » en ligne. Souvent, cette mesure est appliqué par défaut par le distributeur, sans remise d’ordre au cas par cas par l’éditeur, les coûts incombant cependant à ce dernier. Bref, pour qu’un des livres de son catalogue ne soit pas vendu via Amazon, il suffit à l’éditeur de rater lamentablement son code-barre, de le mettre à l’intérieur du livre ou de, tout simplement, l’omettre, et de donner ordre à son distributeur de ne pas l’étiqueter lui-même. Cqfd***. Ayant appris la chose il y a peu, nous avons décidé (nous c’est-à-dire Vies Parallèles. Attention : pub), à partir de la parution de La Mort par les plantes ****(attention : teasing) de foirer systématiquement le code-barre de chacun de nos livres, de le dissimuler à l’intérieur ou de ne pas en mettre et de faire savoir à notre bien-aimé distributeur (Belles Lettres Diffusion Distribution) de ne pas répondre favorablement à la demande d’étiquetage éventuellement reçue du « libraire en ligne ». Bref, en un mot comme en cent, les livres de Vies Parallèles parus après novembre 2018 ne seront plus disponibles sur Amazon. Voilà!***** & *******

* On ne va pas rappeler ici pourquoi Amazon c’est mal. À moins d’être aveugle, sourd, décérébré et mort depuis 1980, chacun est au courant d’au moins treize raisons qui peuvent venir appuyer ce constat sans appel.

** Ce qui ne veut pas dire qu’il ne se retrouvera pas sur son site, bien entendu. L’objectif étant d’agréger à soi le maximum, tout, absolument tout, doit être mis sur la vitrine Amazon. À défaut alors du livre que vous cherchiez, c’est votre acte de recherche qui sera monétisé.

*** Cela ne résout bien entendu pas tout. Certains « libraires », s’adonnant aux joies du marketplacing sur Amazon pourront, eux, continuer à recevoir nos livres et à les placer sur le grand foutoir informatique. Mais cela complique quand même singulièrement les choses…

**** Franchement, il nous en aurait coûté de publier un livre se proposant de façon très pratique de renverser les mécanismes de pouvoir à l’oeuvre et de « devoir » vendre celui-ci sur le site honni d’un groupe qui travaille à sa perpétuation.

****** Libraire chéri, ceci équivaut à une déclaration d’amour en bonne et due forme.

******* N’étant nullement un « éditeur de gauche », il ne nous viendrait nullement à l’idée que nous puissions par notre démarche faire germer dans l’esprit des « éditeurs de gauche » l’idée de faire pareil. Car le catalogue de « l’éditeur de gauche », pour la seule raison suffisante qu’il est « éditeur de gauche », n’est bien entendu pas, ou plus, sur le site de l’ogre néo-libéral-fasciste. Hein?

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Prix ptyx 2018. https://www.librairie-ptyx.be/prix-ptyx-2018/ https://www.librairie-ptyx.be/prix-ptyx-2018/#respond Tue, 18 Dec 2018 07:58:25 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=7988

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Comment encore attribuer un prix qui se veut anti-prix alors que Guyotat en a eu deux! Comment encore attribuer au prix ptyx la moindre once de sérieux alors qu’il se bornait à dénoncer l’hérésie du prix!  Si des jurés écrivant comme Neymar tient debout peuvent reconnaître du génie à un génie*, c’est bien que le prix remplit bien son office! Puisqu’on a enfin compris que l’œuvre [de Guyotat] contribue de façon importante à illustrer la qualité et la beauté de la langue française, c’est qu’on se trompait et que le prix, s’il dit des choses aussi jolies, ne peut qu’avoir raison! Le prix c’est bien! Le prix ptyx est donc mort!

Nous avions pourtant déjà élaboré une première liste (758 livres), puis une deuxième (758 – Qu’appelle-t-on panser? de Bèbère), et une troisième encore (3), qu’il ne ne nous restait plus alors, conformément à nos statuts, qu’à réduire à un texte, récipiendaire du prix ptyx 2018. Mais c’est raté! Le prix a eu raison du prix. Nous en resterons donc pour cette année à l’avant-dernière étape qui devait consacrer Marie de Quatrebarbes pour Gommage de tête et 58 lettres à Ulrike von Kleist**, Dolorès Prato pour Bas la place y’a personne, ou Adelheid Duvanel pour Anna & moi et Délai de grâce***.

* Et non, contrairement à ce que susurrent perfidement les mauvaises langues, le juré médiocre ne cherche ainsi nullement à vêtir son œuvrette des quelques parcelles de l’importance que son geste confère à une Oeuvre qu’il savait – parce qu’on le lui avait dit – déjà importante sans lui. Comme si gratifier pouvait gratifier avant tout celui qui gratifie ou l’adoubeur s’adouber… Mauvaises langues, va!

**Il se fait que nous avions écrit un truc sur notre blog concernant Gommage de tête de Marie de Quatrebarbes mais qu’une mauvaise manipulation nous le fit effacer (vu le titre, c’était joué d’avance…). Comme c’était très intelligent et que l’intelligence c’est beaucoup d’effort et qu’on avait un tantinet la flemme, on vous renvoie chez la responsable.

***Le local, rien de tel!

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Hit connection 2018! https://www.librairie-ptyx.be/hit-connection-2018/ https://www.librairie-ptyx.be/hit-connection-2018/#respond Tue, 11 Dec 2018 08:07:18 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=7997

Lire la suite]]> Non seulement on cause de livres biens mais on en vend aussi. Et comme on vend plutôt bien d’abord les livres biens, on a tendance à penser que c’est peut-être bien parce qu’on en cause plutôt bien. On ne prétendra nullement qu’on est quelqu’un de bien, bien sûr – même si tout un chacun aura toujours plutôt tendance à s’accorder ce crédit-là. On affirmera par contre haut et fort que ce n’est pas parce que d’autres livres se vendent mieux ailleurs qu’ils sont meilleurs que nos livres biens à nous. Bref, tout va bien…

  1. Délai de grâce de Adelheid Duvanel (on frise les 250…)
  2. Anna & moi de Adelheid Duvanel
  3. Plantes vagabondes d’Emilie Vast
  4. I’m every woman de Liv Stromquist
  5. Essai sur le fou de champignons de Peter Handke
  6. Passer quoi qu’il en coûte de George Didi-Huberman & Niki Giannari
  7. Le Lasso & autres écrits de Jaime de Angulo
  8. Comprendre la photographie de John Berger
  9. 4321 de Paul Auster
  10. Seiobo est descendue sur terre Laszlo Krazsnahorkai
  11. Les Rigoles de Brecht Evens
  12. Bas la place y’a personne de Dolores Prato
  13. L’Enfant perdue de Elena Ferrante
  14. La joie d’apprendre de Élisée Reclus & Pierre Kropotkine
  15. La vie de Didier Fassin
  16. La petite ville de Éric Chauvier
  17. Drach de Szczepan Twardoch ex aequo avec (smiley qui se bidonne grave!) Sorcières de Mona Chollet
  18. Le fleuve sans rives de Juan José Saer
  19. Le Grand Cercle de Conrad Aiken
  20. Stratégie pour deux jambons de Raymond Cousse

 

*L’illustration de cette chronique est au choix oxymorique ou hors-sujet

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« Qu’appelle-t-on panser? » de Bernard Stiegler ou L’aboutissement du capitalisme part III https://www.librairie-ptyx.be/quappelle-t-on-panser-de-bernard-stiegler-ou-laboutissement-du-capitalisme-part-iii/ https://www.librairie-ptyx.be/quappelle-t-on-panser-de-bernard-stiegler-ou-laboutissement-du-capitalisme-part-iii/#comments Fri, 16 Nov 2018 07:36:40 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=7958

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Prenons deux maximes : « Le ridicule ne tue pas » et « Ce qui ne tue pas te rend plus fort ». Accolons-les, nous obtenons : « Bernard Stiegler est vivant et son dernier livre fait encore plus fort ».

L’un des propres du pensum, à quoi qu’il s’attache, est de décourager d’emblée. Celui-ci à peine entrouvert et déjà l’amas informe de calembours, d’italiques, de néologismes, de suintante prétention, décourage qui tente de s’y frayer un chemin. Entendons-nous bien cependant : nous ne sommes par essence nullement découragés par l’apparence ardue d’un texte. On a fréquenté (et on fréquente encore) d’assez près la philosophie et ses pontes réputés casse-pipe (qu’il s’agisse des sacro-saints français ou des honnis analytiques) que pour ne pas baisser les bras devant ce qui s’annonce difficile. On sait trop combien le nouveau requière un effort de lecture neuf que pour y renoncer par principe ou par paresse. On irait même jusqu’à dire que cela fait plutôt partie de notre plaisir. Non. Ce qui décourage ici n’est pas notre crainte de l’effort à fournir pour accéder à la compréhension du texte bébérien mais bien que son apparence de difficulté ne dissimule… rien. Les calembours, les citations à l’emporte-pièce, le name-dropping, les italiques, le recours aux mots rares, tout cela n’est que la mise en scène de sa vacuité. Mise en scène qui fonctionne d’autant mieux qu’est toujours profondément inscrite en nous l’idée que plus c’est dur autour, mieux c’est dedans. À l’image de l’œuf factice destiné à encourager la poule dans son entreprise pondeuse, l’oeuvre bébérienne aura beau être picorée encore et encore, elle ne donnera accès à rien. La difficulté bébérienne n’est pas la coquille qui dissimule le génie, elle forme la substance de l’œuf bébérien. Et plus encore, contrairement à l’œuf factice dont la contemplation provoque l’œuf vrai, l’œuf bébérien, lui, ne produit chez qui le contemple qu’un ennui mâtiné de pouffements.

Il est donc non seulement illusoire mais aussi inutile de se lancer dans une exégèse du texte bébérien pour en goûter la substance. Ce serait, en sus d’une perte de temps fort dommageable, se laisser prendre au piège sournois qu’il nous tend. Un simple examen attentif d’une page ouverte au hasard suffit à dégonfler la baudruche bébérienne :

Un telle règle est l’arègle an-archique de l’absence de règle : la règle du défaut comme défaut de règle qu’il faut. Cela signifie que le pharmakon est toujours ce par rapport à quoi une bifurcation peut et doit s’opérer, telle qu’elle est offerte par le pharmakon, contre la toxicité de ce pharmakon, et comme sa quasi-causalité – par-delà toute Aufhebung, toute synthèse dialectique, « idéaliste » ou « matérialiste » : la quasi-causalité pharmacologique finit toujours par engendrer elle-même de nouveaux pharmaka, qui réactivent la situation tragique en quoi consiste l’exosomatisation telle qu’elle ouvre des promesses qu’elle ne tient jamais autrement qu’en en différant toujours à nouveau l’horizon.

Oufti. Passons à côté des cornichoneries néologisantes, des contrepèteries involontaires (ou pas, avec Bèbère on s’y perd), de la pseudo-science, rappelons-nous que tout cela non seulement n’a pas pour objectif d’être compris mais n’a d’autre finalité que de ne pas l’être (l’incompréhension du lecteur servant ici de gage au génie de l’auteur) et appliquons-nous sur la dernière partie de la pirouette bébérienne : « l’exosomatisation telle qu’elle ouvre des promesses qu’elle ne tient jamais autrement qu’en en différant toujours à nouveau l’horizon. » Vous pouvez retourner et retourner encore l’expression bébérienne, consulter l’un après l’autre tous les dictionnaires et Bescherelle les plus rigoureux, l’expression bébérienne ne signifie rien d’autre que « l’exosomatisation* ment »**. Vous aurez donc ainsi compris qu’une des grandes qualités du pseudo-philosophe est d’allonger la bêtise dans l’espoir de lui faire endosser les oripeaux de la sagesse.

Le reste étant à l’avenant, il ne vous restera plus alors qu’à ranger l’oeuvre bébérienne là où est sa place : dans le poulailler des idées reçues, des clichés, des prétentions pseudo-profondes, où, à côté de ses collègues pop-philosophiques et pseudo-deleuziennes, elle pourra plastronner et cotcotter à l’envi sur sa propre importance. Car tel est son seul but. Sacré Bèbère!

Bébére, Qu’appelle-t-on panser?, 2018, Les Liens qui Libèrent.

* il n’est d’aucun intérêt de traduire ce que « exosomatisation » peut bien vouloir recouper dans l’esprit de Bèbère. Tout au plus et tout aussi bien pouvez-vous le remplacer par « truc » ou « brol ». Ça fait certes moins inspiré…

** ce qui ne veut strictement rien dire, bien entendu, on vous rassure***

*** car l’oeuvre bébérienne a ceci de curieux et de vicieux, comme ses condisciples pseudo-profondes, de toujours laisser quand même germer en vous la possibilité, même infime, que c’est vous qui seriez responsable de l’incompréhension de ce que vous lisez, que vous seriez défaillant, bref, que vous seriez un con. Quod non! D’où l’expression : « prendre les gens pour des cons »…

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L’aboutissement du capitalisme II https://www.librairie-ptyx.be/laboutissement-du-capitalisme-ii/ https://www.librairie-ptyx.be/laboutissement-du-capitalisme-ii/#comments Fri, 09 Nov 2018 07:55:21 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=7935

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L’éditeur de gauche est une drôle de chose. Il y a l’éditeur de gauche qui s’affiche éditeur de gauche, qui, éventuellement, le proclame ou prétend en incarner la vérité ou l’acmé. Et puis il y a l’éditeur de gauche plus discret. L’éditeur de gauche qui l’est mais sans le dire. Voire qui l’est si discrètement qu’il l’ignore lui-même. Dont seul le programme éditorial se veut le garant de ses engagements. Ou dont ceux qui sont à ses commandes partagent ou disent partager des combats identifiés à gauche. Il y a donc bien des façons d’être éditeur de gauche. Néanmoins dans tout cet agglomérat diffus de l’édition de gauche, nous avons pu identifier un certain nombre d’éditeurs de gauche qui, tout à la fois, correspondaient parfaitement à l’image que l’on se fait de l’éditeur de gauche mais trahissaient également allègrement certains principes dits de gauche. Et cela en maintenant parfois mordicus continuer à être un éditeur de gauche. Parmi ceux-ci il y a :

  • l’éditeur de gauche qui appartient au groupe Éditis qui appartient à Vivendi qui appartient pour 20.65% au groupe Bolloré
  • l’éditeur de gauche qui imprime en Chine parce que la Chine a une longue histoire de l’imprimerie
  • l’éditeur de gauche indépendant et subsidié à 100 % qui imprime en Italie parce que l’Italie a une longue histoire de l’imprimerie et pas parce qu’il n’y a pas de salaire minimum dans le secteur de l’imprimerie en Italie et que l’éditeur de gauche indépendant et subsidié à 100 % peut prendre l’avion pour l’Italie à chaque fois qu’il faut caler un livre
  • l’éditeur de gauche qui imprime chez Pulsio
  • l’éditeur de gauche qui imprime « dans l’Union Européenne » parce que « quand même, tu comprends, c’est pas facile… »
  • l’éditeur de gauche très engagé sur le plan environnemental qui emballe chacun de ses livres de gauche dans du plastique
  • l’éditeur de gauche subsidié qui ne paie pas les droits d’auteur parce que « quand même, tu comprends, c’est pas facile… »
  • l’éditeur de gauche subsidié qui reçoit un projet de traduction au long cours d’un traducteur, qui lui dit « ok, je le publie », qui lui propose un contrat, qui ne lui fait pas parvenir ce contrat, qui envoie le contrat au CNL pour toucher des subventions, qui reçoit l’accord du CNL, qui refuse de payer le traducteur
  • l’éditeur de gauche subsidié qui gonfle ses déclarations de frais de façon à obtenir plus de subsides
  • l’éditeur de gauche qui fonctionne systématiquement avec des stagiaires non rémunérés
  • etc
  • l’éditeur de gauche qui a lu ceci, qui a constaté correspondre à l’une des description faite de l’éditeur de gauche et qui pense toujours – voir le clame – défendre des idéaux de gauche

Ce qui confirme donc que, non seulement, la gauche est plurielle mais aussi que l’aboutissement du capitalisme pourrait bien être l’éditeur de gauche…

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« Une autre fin du monde est possible » de Pablo Servigne, Raphaël Stevens & Gauthier Chapelle. https://www.librairie-ptyx.be/une-autre-fin-du-monde-est-possible-de-pablo-servigne-raphael-stevens-gauthier-chapelle/ https://www.librairie-ptyx.be/une-autre-fin-du-monde-est-possible-de-pablo-servigne-raphael-stevens-gauthier-chapelle/#respond Fri, 02 Nov 2018 06:52:09 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=7928

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Le fait de mélanger dans une même marmite science, politique, émotions, fiction et spiritualité… a été un réel soulagement et a contribué à nous décomplexer dans notre manière systémique, horizontale et transdisciplinaire d’aborder les choses, ainsi que dans notre chemin de vie!

Sentir la sagesse des ancêtres humains et non-humains résonner en nous, laisser vibrer notre part sauvage indemne… Aller les chercher pour pouvoir les marier à ce qui nous habite, au seuil de ce siècle tourmenté. Entrer dans le temps profond.

est-il réellement possible d’aborder la fin du monde de manière profane? Nous ne le pensons pas.

ouvrir son cœur

la raison du cœur

ouvrir les yeux sur les côtés obscurs du monde

Nous avons choisi de transmettre l’élan de vie

En quelques endroits qu’on ouvre le nouveau pensum du 2Be3 de l’écologie, on tombera sur des exemples d’une terminologie qui rappellera bien plus la littérature de développement personnel que la rigueur scientifique : ouvrir le cœur, élan de vie, chemin de vie, se reconnecter à soi, temps profond, côté obscur, etc. Autant de termes qui ont la particularité de faire sens pour le plus grand nombre précisément parce qu’ils résistent à toute tentative de définition précise et rigoureuse. Ils parlent à beaucoup non parce qu’ils sont définis précisément et que leur définition est saisie par tous mais, au contraire, parce qu’ils sont suffisamment lâches que pour que chacun les investisse de son propre sens. Ils brossent le lecteur dans le sens de ses attentes. D’où leur succès. Il n’y aurait là rien de bien nouveau si ce livre se définissait et se présentait comme une énième proposition feel good. Mais ici, les auteurs flirtent à ce point sournoisement avec les frontières de la science et du grand n’importe quoi que leur production prend des teintes plus inquiétantes.

Le réchauffement climatique est un fait. Comme le sont déjà nombre de ses conséquences directes ou indirectes ainsi que la responsabilité de l’homme dans celui-ci. Si, en raison des critères de vérité qui balisent ce qu’on nomme la science, il ne fut pas possible pendant longtemps d’établir l’absolue certitude de la responsabilité humaine, cela n’est plus le cas aujourd’hui. Celui qui nie cette responsabilité ne le peut qu’en niant les principes mêmes de la science. Et l’un des grands mérites des scientifiques qui ont travaillé sur les questions climatiques ces dernières années est justement de ne s’être jamais départis de la rigueur nécessaire à établir un constat qui puisse être et fiable et reconnu par tous. Et a fortiori par ceux qui se fondaient sur les mérites de la science et du positivisme pour dénier toute crédibilité au constat climatique. Qu’aujourd’hui des teletubbies du végétal auto-proclamés collapsosophes, sous prétexte que « le réchauffement, la domination, la méchanceté, c’est la faute à la science », s’échinent à saper les fondements mêmes de la raison au profit de ce qu’il nomme le « spirituel », n’est pas sans risque. Après qu’on soit enfin parvenu à établir indiscutablement, grâce à des discours communément partagés que la science parait aujourd’hui être la seule à offrir, les causes d’une situation donnée, mettre aujourd’hui radicalement – et bêtement – en doute les paradigmes de production de ces discours ne pourra, aux yeux des suspicieux enfin convaincus, que discréditer les moyens d’action censés en pallier ou atténuer les désastreuses conséquences. S’il est important d’interroger continuellement ce que l’on fait de la raison, il parait au moins aussi essentiel de continuer à la considérer comme un bien partagé par le plus grand nombre.

Sauf si, évidemment, l’on cherche à se « reconnecter à la part féminine de la Terre-Mère » (et à se faire un paquet de thunes en vendant du bouquin)…

Pablo Servigne, Raphaël Stevens & Gauthier Chapelle, Une autre fin du monde est possible, 2018, Le Seuil.

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L’aboutissement du capitalisme. https://www.librairie-ptyx.be/laboutissement-du-capitalisme/ https://www.librairie-ptyx.be/laboutissement-du-capitalisme/#respond Wed, 24 Oct 2018 09:52:25 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=7914

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Alors qu’il y a peu sortait aux éditions de La Découverte (éditeur indépendant qui appartient au groupe Éditis qui appartient à Vivendi qui appartient pour 20.65% au groupe Bolloré) Sexe, race et colonies, parait ces jours-ci La Manufacture du meurtre d’Alexandra Midal dans la collection Zones (collection indépendante du même éditeur indépendant).

Dans Sexe, race et colonies, un collectif d’auteurs emmenés par Pascal Blanchard dit s’intéresser à la fabrication de la domination des corps. S’appuyant sur une riche iconographie, qui va de la peinture post renaissante d’un nu à la photographie pornographique d’un quidam colon assujettissant un corps colonisé, le livre prétend dévoiler enfin les tabous de la domination corporelle : il y a concomitance entre fantasme sexuel et extension des colonies et du capitalisme, nous sommes aujourd’hui encore sous l’emprise d’un imaginaire dont nous nions être les héritiers, la colonie (et plus largement la construction de l’image de l’autre) ne peut être pensée indépendamment de la pulsion sexuelle et des mécanismes de pouvoir, etc. Le problème n’est pas seulement ici que les auteurs enfoncent des portes ouvertes et se rendent coupables de quelques raccourcis mais qu’ils s’appuient sur de l’iconologie sans s’intéresser réellement à sa production et qu’ils fabriquent à celle-ci un écrin qui n’est pas celui de la critique. Sexe, race et colonies est ce qu’on appelle un « Beau-Livre ». Il en a le format, le prix, la mise en page, l’emballage sous plastique. La mise en avant de l’image (qui ne se trouve jamais questionnée en son sein alors même que son sujet l’impose) est dès lors pour le moins problématique. Elle est ici à la fois le « produit d’appel », la preuve matérielle d’un comportement et l’élément essentiel et illustratif d’une critique. Mais sans que soient déconstruites ses différentes fonctions par une réelle analyse de l’image, elle n’est plus lue, comme dans tout autre Beau-Livre, que comme la raison seule du livre lui-même. On n’est pas dans un livre critique. On est bien dans un Beau-Livre. On tourne alors les pages et on « contemple », mi-médusé, mi-dégoûté. Et on se prend à imaginer ce que donnerait un livre magnétique sur la Shoah ou un pop-up sur la vie de Michel Fourniret…

Avec La Manufacture du meurtre, Alexandra Midal entend nous montrer en quoi H.H.Holmes (1860-1896), considéré comme le premier meurtrier en série de l’histoire, peut être l’occasion d’une lecture du capitalisme. Entre raccourcis historiques et forçages idéologiques (du style j’ai bu un jus bio le matin des élections communales, les verts ont remporté ces élections → les verts on remporté les élections parce que j’ai bu un jus bio), ce livre n’aurait pu être que l’énième tentative avortée de faire passer l’obsession idéologique d’un chercheur pour une réalité objective si cette « analyse » n’était suivie de la « première traduction en français des Confessions du tueur ». La première partie, aussi indigente que brouillonne, est bien, au sens étymologique et sémantique, le prétexte de la seconde. Le lecteur appâté pourra alors se délecter d’un récit par le menu de meurtres sordides en habillant son voyeurisme des oripeaux de la critique politique. L’éditeur, quant à lui, pourra s’en frotter les mains.

Alors certes, on pourrait se limiter à dire que tout cela est fort maladroit. Et qu’il n’y faut pas voir, a contrario, une manière (adroite à défaut d’être subtile – car, tiens tiens, il peut parfois être adroit de se faire passer pour maladroit) de se faire des sous. Ce qui, pour un éditeur se clamant de gauche, serait un tantinet borderline. Si l’on franchit le pas cependant, on pourrait déclarer, à la suite de la « réflexion » d’Alexandra Midal, que si

 [les] actes [de Holmes] dévoilent le visage extrême du capitalisme, dont la production est un parangon, le design industriel une des expressions, et le tueur en série un des états de sa production

, l’éditeur indépendant de gauche en est lui l’aboutissement…

Alexandra Midal, La Manufacture du meurtre, 2018, Zones.

Collectif, Sexe, Race et colonies, 2018, La Découverte.

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Non mais ça va pas non! https://www.librairie-ptyx.be/non-mais-ca-va-pas-non/ https://www.librairie-ptyx.be/non-mais-ca-va-pas-non/#respond Wed, 05 Sep 2018 17:12:38 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=7791

Lire la suite]]> Il y a peu, le gouvernement belge décida qu’il était de nouveau « légal » (cela fut déjà le cas par le passé jusqu’à ce que des instances internationales y mettent légalement le holà) d’enfermer des enfants. Comme il n’était pas dans leurs intentions de procéder inhumainement, la coalition au pouvoir se décida à construire, en bordure d’aéroport (autant rapprocher directement le bambin du moyen de transport utilisé pour son « rapatriement »: un soupçon d’engagement écologique sans doute), des locaux flambants neufs équipés de tout le confort. Profitant des congés, une première famille (une mère et ses quatre enfants) y fut logée dès ce mois d’août. Une deuxième (une mère et ses cinq enfants) y est détenue depuis le jour de la rentrée scolaire. On a beaucoup entendu s’écharper sur cette ignominie : les conditions de détention à proximité d’un aéroport qui imposent aux enfants de « profiter » de la plaine de jeux munis de casques anti-bruit*, les différents appels de la société civile (milieu associatif, milieu culturel, judiciaire) dénonçant l’abjection et la honte de cette mesure, rappels de la législation internationale bafouée, évocation du cas particulier de cette première famille rom condamnée à « rejoindre » un pays « d’origine », la Serbie, dont les enfants ne connaissent rien, ni la langue, ni les us et coutumes – pas particulièrement favorables aux membres de leur ethnie -, rappels de l’absurdité économique et politique de cette mesure… Même si pour l’instant rien n’y fait, beaucoup a été dit et tenté pour faire rendre gorge à cette mesure aussi stupide que cruelle.

Dans l’éventail déjà large des critiques adressées à celle-ci, nous parait cependant manquer l’une de celles qui s’opposent pourtant le plus frontalement à l’argument essentiel avancé par les thuriféraires de cette mesure : son pragmatisme! Le laïus est toujours le même : « Cela ne nous plait nullement d’enfermer des enfants, mais c’est la situation qui nous y contraint! Que voulez-vous que nous fassions! Si des parents s’obstinent à ne pas respecter, et ce à de multiples reprises, un ordre de quitter le territoire et à se soustraire par tout moyen à la loi, la privation de liberté temporaire est malheureusement la seule solution envisageable. Il s’agit d’une mesure douloureuse, exceptionnelle, mais dont l’exercice nous est imposé pour des raisons pratiques évidentes. » S’ensuivent alors toujours les assurances, réitérées ad nauseam, quant à l’humanité des dispositions encadrant la mesure elle-même. À ce pragmatisme ne parait jamais être opposable un quelconque argument factuel crédible. On entend, comme rappelé ci-dessus, nombre de critiques émises qui sont censées repenser, radicalement ou non, les paradigmes qui sont au fondement de cette décision (quel droit d’asile? pour qui? comment accueillir?etc.), mais aucune qui s’attache à détricoter l’essence même de la défense de cette dernière. Et cela non pas parce qu’il n’existerait pas de concepts utiles à défaire ce recours au pratique, ou de penseurs capables d’éventuellement construire  ce concept qui manquerait. Mais tout simplement parce que, effectivement, cette mesure est bien extrêmement pratique! En termes pratiques,  toute chose égale par ailleurs, il est bien raisonnable et nécessaire d’enfermer ces enfants. Et ce que cela démontre (à la fois le recours lui-même au « pragmatique » et l’absence de réaction qu’il provoque) c’est notre incapacité à désormais concevoir un monde qui ne soit pas entièrement et « utilement » régi par le « raisonnable », le « pratique », le « pragmatique », ou quel que soit le nom dont on affuble la chose.

Ces raisons pratiques deviennent alors la raison suffisante qui légitime la suspension de droits fondamentaux. Alors même que ceux-ci sont précisément censés, par leur unanime reconnaissance en tant que fondement, ne pouvoir être suspendus par rien. Ce que dénote cela – et me fout, personnellement, une trouille de tous les diables – c’est que le « pratique » est devenu à ce point hégémonique qu’il permet de justifier le pire et d’assourdir les voix de ceux qui s’y opposent**. ***

*à ne lire que cela on constate déjà ce que cette adhésion sans frein à un « raisonnable » sacro-saint entraîne ipso facto des choses qui nous paraissent fort peu « raisonnables ». À moins que tout sacrifier à la raison légitime de sacrifier la raison elle-même… Le serpent, décidément, se délecte de sa queue.

** le « point » qui clôt la formule « On n’enferme pas un enfant, point » reprise par tous les opposants à cette barbarie, nous rappelle l’évidence – ce qui est fondamental ne peut, par définition, être aménagé -, mais aussi combien celle-ci est menacée. Comme s’il était plus que jamais à craindre que ce « point » martelé soit l’occasion pour d’autres d’y opposer à leur tour un « oui, mais ce point, il est un peu court, brutal, il dénote un manque d’argument, de raison, finalement ce « point » il est intolérant, il montre combien vous refusez le débat »

*** Alors oui, on sait que ça ne fait pas nécessairement bouger les choses et que tout cela est fort décourageant, et qu’à force, on en laisserait bien tomber les bras, mais on vous convie quand même à rejoindre sur ce sujet important l’une ou l’autre des nombreuses initiatives qui se sont formées autour de cette question. En voici déjà une

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J’aime bien Gaudé mais j’aime pas Gaudé. https://www.librairie-ptyx.be/jaime-bien-gaude-mais-jaime-pas-gaude/ https://www.librairie-ptyx.be/jaime-bien-gaude-mais-jaime-pas-gaude/#respond Wed, 25 Jul 2018 08:58:02 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=7736

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On aime plutôt bien Laurent Gaudé. On est assez convaincu que Laurent Gaudé est un type bien. Il n’a pas l’air de se la péter. On le sait attaché à défendre des causes que nous trouvons nous-mêmes importantes. On sait qu’il a travaillé avec des gens dont on sait qu’ils sont des types biens aussi. Donc, oui, on aime bien Laurent Gaudé. Et d’ailleurs, chaque fois qu’on nous demande, d’un air abasourdi : « Vous n’aimez pas Laurent Gaudé? », on rappelle directement  que si, décidément, on aime bien Laurent Gaudé, et que le fait qu’on ait pas ses livres n’a rien à voir avec le fait qu’on n’aimerait pas Laurent Gaudé, mais qu’on n’aime pas les livres de Laurent Gaudé. En fait même, on aimerait bien aimer les livres de Laurent Gaudé. Oui, mais voilà, si on aime bien Laurent Gaudé, c’est parce qu’il est – apparemment du moins – un type bien. Ses livres, eux… Diantre, ses livres sont tout sauf biens. Et comme c’est le bon qui rend aimable…

Vraiment on aimerait beaucoup aimer les livres de Laurent Gaudé. Finalement on fait bien l’inverse. Ainsi, on n’aime pas trop Céline mais on aime vraiment ses livres. Pound idem. Ou Rebatet. Par exemple. Donc, comme on préfère vraiment aimer les livres écrits par des types biens – ou supposés tels – que ceux écrits par des types pas biens, hé bien, à chaque fois que parait un nouveau livre de Laurent Gaudé, on s’y plonge dans l’espoir d’y trouver de quoi bâtir ne fût-ce qu’un peu de respect pour la chose. Las, ça part systématiquement en sucette. Ainsi de son dernier, à paraître en octobre de cette année*, Salina.

Imaginez ainsi que vous désiriez indiquer à un lecteur la solennité d’une situation. Là où peut-être vous mettriez discrètement l’accent sur la longue durée pendant laquelle l’action censément solennelle se déroule – quoi de plus solennel qu’une lente procession -, Laurent Gaudé, lui, n’hésite pas à bâtir le solennel sur une surenchère de lenteur. Si c’est solennel, il faut que cela se sache. Et comme solennel = lent, donc très lent = très solennel. Donc il faut beaucoup de lenteur. Et si, distrait comme il est, le lecteur loupe une occasion de remarquer la lenteur à laquelle se déroule la scène, il lui en reste des autres. Pour être précis : 13 autres! Oui da, sur les deux  pages qui détaillent la scène inaugurale du pensum, l’auteur a réussi la gageure de larder la chose de 14 rappels de sa lenteur (dont trois fois l’adverbe « lentement », une fois « le silence dure », une fois « personne ne bouge », etc…)! Ce n’est plus du John Woo, c’est un documentaire entomologiste sur mode ralenti regardé sous doliprane. Et du coup, le solennel se mue en ridicule!

C’est cela le souci avec la littérature gaudienne : la plume (ou le clavier) de son auteur (contrairement à son personnage inaugural qui, lui, ne cesse de s’arrêter) ne s’arrête jamais assez tôt. La nuit n’est pas la nuit toute bête, elle est la nuit « inquiète ». L’aube, elle, est « hésitante » . La vie est « entière » (les instants, quant à eux, sont des « vies entières »).  Le ciel a des « intentions ». Le vent a des « colères ».  Le guerrier a les « muscles bandés » ou le « corps sanglé ». Un acte censé paraître fort ou marquant le sera rarement assez au goût de son auteur s’il n’est pas décliné en plusieurs variantes : « les bêtes vont planter leurs crocs dans sa chair, la fourrager, l’ouvrir avec appétit », « sa nudité le gêne : les seins flasques comme des poches vidées, les poils du pubis clairsemés, les chairs des cuisses un peu molles et les cheveux lâchés », « tout est lent, l’agrippe, le ralentit ». Et puisque mettre des adjectifs et des adverbes partout ne suffit pas, il convient, pour renforcer encore un peu plus la « poésie du texte » d’en appeler à cette bonne vieille métaphore – ou à des figures de style qu’on n’est pas certain de pouvoir nommer – : « le désert de poussière fait plier les oiseaux » ; « un rapace saluerait le monde comme un souverain son peuple »**… Bref, à l’image du pâtissier convaincu que c’est la quantité de sucre qui est gage de la qualité de son merveilleux, la plume (ou le clavier) gaudienne confond avec superbe et aplomb littérature et surenchère. Dans l’espoir de « faire littéraire », elle fait verser sa phrase dans le ridicule. Désirant à tout prix « être original », elle égrène les clichés. Non, décidément, les livres de Laurent Gaudé, on n’aime pas…

Mais Laurent Gaudé, on l’aime bien.

*Qu’on a déjà pu tester parce que les éditions Actes Sud, opiniâtres, continuent, malgré notre refus, à nous envoyer à peu près toute leur pléthorique production.

**Tous les exemples ci-dessus ont été tiré des 30 premières très courtes pages de la chose qu’on ne saurait trop vous conseiller d’éviter.

***L’image ci-dessus (non contractuelle) est bien celle de l’écrivain qui va un pas trop loin dans la recherche de ce que l’on peut nommer « l’effet ».

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islamophobicwashing https://www.librairie-ptyx.be/islamophobicwashing/ https://www.librairie-ptyx.be/islamophobicwashing/#respond Fri, 06 Jul 2018 09:36:53 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=7718

Lire la suite]]> Ce lundi soir 03 juillet, à Anderlues, riante commune non loin de Charleroi en Belgique, une jeune femme voilée se faisait violemment agresser par deux hommes pour la seule et unique raison qu’elle portait un voile. L’acte est clairement islamophobe. Tout indique qu’il est dirigé contre ce que l’on nomme « l’allochtone », ce qu’il représente et la façon dont se le représente l’inconscient collectif. Tout cela, c’est du fait. De l’incontestable.

Hier, à la chambre des représentants, questionnée sur le sujet, Madame Zuhal Demir, secrétaire d’état à l’égalité des chances, « jeune femme issue de l’immigration étiquetée NVA »* a précisé qu’un plan allait « enfin » – sous-entendu « grâce à elle et son parti » – pouvoir voir le jour. Alors qu’elle s’est refusée en séance plénière à qualifier l’agression, elle a cependant tenu à préciser que :

Ce plan visera non seulement le racisme entendu dans sa forme classique mais également le racisme dont les «  autochtones  » peuvent être victimes de la part d’«  allochtones  », la trop faible participation au marché de l’emploi des femmes d’origine étrangère ou encore le harcèlement dont certaines sont les victimes en raison de leur habillement «  trop occidental  ».

Difficile de se montrer rétif à un tel programme. Protéger qui que ce soit contre ce que peut susciter l’expression de sa différence est plus que louable. Quant à profiter d’une énième agression qui touche une représentante d’une communauté déjà pas mal stipendiée pour déclarer envisager des mesures aptes à endiguer l’acte inverse… C’est, comment dire, un peu borderline, non? Du genre : « ouais bon, y en a une qui se fait lacérer au couteau parce qu’elle porte un voile et donc qu’elle est « arabe », c’est pas top top, mais bon, quand même hein, tout le monde sait bien que c’est les « arabes » qui sont coutumiers du fait », ou alors : « on sait tous combien il est difficile, voire dangereux, dans « certains quartiers »** de se promener en short ou en jupe, faut pas s’étonner que certains se rebellent », ou alors pourquoi pas : « si l’arabe voilée est voilée c’est parce que sa communauté l’oblige à porter un voile et aussi elle l’empêche de travailler et si elle travaillait elle se serait jamais retrouvée à se balader à Anderlues avec un voile à cette heure-là »…

Alors, oui, évidemment, tout ça c’est pas dit. Comme aussi, ne sont jamais nié les faits. On ne dit pas que cela n’a pas eu lieu. Comme on ne revient pas sur les circonstances. On se contente de n’en rien dire vraiment. On ne nomme pas. Plus fort encore : on ne nomme pas l’acte qui a eu lieu – l’acte islamophobe, l’acte de « l’autochtone » contre « l’allochtone » -, on en fait l’occasion de nommer ce qui, à ce moment-là, n’a pas eu lieu – l’acte « anti-blanc », l’acte de « l’allochtone » contre « l’autochtone ». Et ainsi, on fait mouche deux fois : on invisibilise l’acte réel, qui a bien eu lieu, et on actualise celui qui est fantasmé. L’arabe agressé devient l’occasion de renforcer la chimère de l’arabe agresseur. En toute décontraction, le voile déchiré devient ainsi l’occasion de défendre le port de la chemise brune. C’est dégueu. Mais c’est super efficace…

*l’islamophobicwashing n’est jamais aussi efficace que quand il est pratiqué par une « jeune femme issue de l’immigration étiquetée NVA ». La NVA, parti qui oeuvre activement au retour de la chemise brune, l’a très bien compris.

**le « certain quartier » est majoritairement « arabe », « turc », « maghrébin »…

***Oui oui, on sait. Ce blog est censé être en vacances. Mais bon…

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