Tiens, voilà du boudin – ptyx https://www.librairie-ptyx.be "Hommes, regardez-vous dans le papier" H.MICHAUX Thu, 25 Apr 2019 08:01:20 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.1.1 Hit connection 2018! https://www.librairie-ptyx.be/hit-connection-2018/ https://www.librairie-ptyx.be/hit-connection-2018/#respond Tue, 11 Dec 2018 08:07:18 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=7997

Lire la suite]]> Non seulement on cause de livres biens mais on en vend aussi. Et comme on vend plutôt bien d’abord les livres biens, on a tendance à penser que c’est peut-être bien parce qu’on en cause plutôt bien. On ne prétendra nullement qu’on est quelqu’un de bien, bien sûr – même si tout un chacun aura toujours plutôt tendance à s’accorder ce crédit-là. On affirmera par contre haut et fort que ce n’est pas parce que d’autres livres se vendent mieux ailleurs qu’ils sont meilleurs que nos livres biens à nous. Bref, tout va bien…

  1. Délai de grâce de Adelheid Duvanel (on frise les 250…)
  2. Anna & moi de Adelheid Duvanel
  3. Plantes vagabondes d’Emilie Vast
  4. I’m every woman de Liv Stromquist
  5. Essai sur le fou de champignons de Peter Handke
  6. Passer quoi qu’il en coûte de George Didi-Huberman & Niki Giannari
  7. Le Lasso & autres écrits de Jaime de Angulo
  8. Comprendre la photographie de John Berger
  9. 4321 de Paul Auster
  10. Seiobo est descendue sur terre Laszlo Krazsnahorkai
  11. Les Rigoles de Brecht Evens
  12. Bas la place y’a personne de Dolores Prato
  13. L’Enfant perdue de Elena Ferrante
  14. La joie d’apprendre de Élisée Reclus & Pierre Kropotkine
  15. La vie de Didier Fassin
  16. La petite ville de Éric Chauvier
  17. Drach de Szczepan Twardoch ex aequo avec (smiley qui se bidonne grave!) Sorcières de Mona Chollet
  18. Le fleuve sans rives de Juan José Saer
  19. Le Grand Cercle de Conrad Aiken
  20. Stratégie pour deux jambons de Raymond Cousse

 

*L’illustration de cette chronique est au choix oxymorique ou hors-sujet

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Happy 2018! https://www.librairie-ptyx.be/happy-2018/ https://www.librairie-ptyx.be/happy-2018/#respond Sat, 16 Dec 2017 12:51:00 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=7335

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C’est peu dire que 2017 fut un grand cru! La qualité du débat public, la quantité d’amour déversée, le niveau d’empathie, la reconnaissance de l’intelligence comme valeur cardinale, le degré général de subtilité : le monde, c’est un fait, est devenu plus beau, plus vivable en 2017. Et, sachez-le, cette tendance devrait se confirmer l’année prochaine! Oui, 2017, c’était vraiment bien! Mais 2018 sera carrément top moumoutte!  En exclusivité nous avons désiré vous dévoiler quelques-uns des événements qui viendront faire de votre année 2018 une totale réussite :

Le secteur culturel continuera à contribuer à la mise en oeuvre courageuse d’un monde décroissant ; un homme exagérément bronzé, un seul, se noiera en méditerranée des suites d’une collision entre un jet-ski fuchsia et un yacht plaqué or ; Apple obtiendra le label Max Havelaar ; le clavier A,Z,E,R,T,Y deviendra le clavier A,Z,E,E.,R,T,Y ; comme le coût de la vie augmentera beaucoup, beaucoup de gens décideront d’économiser sur cet aspect-là ; l’hétérosexuel blanc avouera enfin que « tout ça c’est sa faute »; Bruno Latour sortira son premier livre de cuisine ; Bernard Stiegler avouera que « tout ça c’était une bonne grosse blague »; « islamo-gauchisme », « complot juif » et « intelligence artificielle » seront officiellement considérés comme des pléonasmes ; Put me a three, le snuffmovie mettant en scène Pierre Rabhi gangbangé par 3 colibris et sept licornes sortira enfin en français ; madame Legrand, Carolomacérienne nonagénaire et fière membre du FN depuis 72 ans apprendra (grâce à sa petit-fille informaticienne, Adolfine) que Jean-Marie, le Strasbourgeois blond sémillant rencontré via Meetic et dont elle était tombée éperdument amoureuse, s’appelle en fait Abdelkader, et qu’il ne vient pas, mais alors là pas du tout, de Strasbourg, c’est bête tout de même, mais c’est comme ça…

Mais aussi, et surtout, en 2018, il y aura Parce que l’Oiseau de Fabienne Raphoz, Revers de Dominique Quelen, L’Enfant perdue de Elena Ferrante, Les Œuvres Complètes de Ossip Mandelstam, Chronique des sentiments, tome 2 de Alexander Kluge, Splendide Hotel de Gilbert Sorrentino, et surtout surtout (attention, ce qui suit est à vocation publicitaire) :

 

 

Europa Minor de Miklos Szentkuthy. Quatrième tome de l’immense Oeuvre de l’Ogre hongrois, il est aussi, de l’avis de tous ceux qui l’ont lu, celui par lequel sa découverte est la moins abrupte. Il vous y plongera dans l’univers d’un évêque Robin des Bois et dans celui d’un empereur moghol, instigateur de la première tentative de syncrétisme monothéiste. Et vous rappellera que l’avenir de l’Europe est – depuis toujours – en Orient…

 

 

 

 

 

 

Délai de Grâce de Adeleheid Duvanel. Auteure de Suisse alémanique tombée dans l’oubli puis redécouverte depuis peu dans sa langue d’origine, elle était encore inédite en langue française. Nous sommes particulièrement heureux de vous la donner à découvrir. Elle conjugue la radicale inventivité de l’enfance ou de la déviance avec la rigueur formelle la plus pointilleuse. Elle ne ressemble à rien de connu. Elle est bouleversante. Elle est essentielle.

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Le panda rouge, le stock et le jardin. https://www.librairie-ptyx.be/le-panda-rouge-le-stock-et-le-jardin/ https://www.librairie-ptyx.be/le-panda-rouge-le-stock-et-le-jardin/#comments Thu, 13 Jul 2017 12:52:28 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=7002

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Prenez l’être le plus « mignon » auquel vous puissiez penser. Un chaton, un hamster, un dauphin, un panda rouge, un nouveau-né (défripé). Par exemple. Faites lui subir les pires avanies. Épuisez sur lui vos idées les plus perverses. Torturez-le, déchiquetez le. A feu doux, maintenez en lui un fifrelin de vie qui puisse juste témoigner de sa souffrance. On défie alors quiconque apercevra dans ces moments l’être miaulant ses douleurs, bavant ses miasmes et empuantissant l’atmosphères de ses sucs, de se défaire d’un mouvement de répulsion. Hé bien, en 2017, la littérature, c’est un peu ça…

En crise depuis de nombreux mois maintenant, le secteur du livre, inquiété dans son ensemble par cette colossale baisse de chiffre d’affaires (à deux chiffres tout de même), semble, pour partie, s’être libéré de toutes contraintes pour « prendre le problème à bras-le-corps ». Et, dans l’optique des joyeusetés de septembre, cela nous vaut de constater, s’il en était encore besoin, que l’être humain acculé, ne pouvant donc reculer, ne recule décidément devant rien. Modeste tour d’horizon…

–  L’éditeur (et l’auteur) en danger croit mordicus que l’excès est propice à survivre. Comme le supplicié s’accroche à ses grincements de dents, l’auteur (et l’éditeur) en sursis s’accroche à ses métaphores  :

J’ai encore sur mes lèvres carbonisées le goût des siennes – c’étaient des lèvres douces et tendres comme la chair des papayes, elles avaient la couleur rose du jus de grenade et le goût de noisette des graines de sésame qui parsèment les petits pains du matin et qu’elle aimait lécher le soir sur les doigts de ma main

la mer était très salée, mais déjà douce et tiède, sirupeuse : on aurait dit un mélange de miel et de lait dans lequel une salière géante se serait déversée

A vingt et un ans, à peine dépucelés de l’entrejambe, on était encore puceau de l’horreur.

Un siècle inconnu piaffait d’entrer dans l’histoire et de se faire un nom.

Pourquoi ne suis-je pas en toi, là, tout de suite, maintenant, tout au fond, bien au fond, mon épée de Zorro dans ton fourreau?

Ces quelques subtiles métaphores arrachées à la littérature septembrienne démontrent (attention, nous aussi on peut s’y coller lourdement) que la planche de salut est souvent glissante et que, seul, le nom de la tête de nègre ou du pet de nonne n’en donne pas le goût. Autrement dit l’excès d’une forme, plutôt que dissimuler un fond, en révèle souvent magnifiquement l’indigence.

–  L’éditeur acculé sait aussi faire feu de tout bois. Ne pouvant plus se contenter de la qualité seule des pages noircies par ses « poulains » pour les fourguer au public de la rentrée, il cherche à « teaser ». Et pour ce faire, quoi de mieux qu’une bonne « bande-annonce » :

Bande-annonce stock.

Non content d’y apprendre que Eric Orsenna est aussi un acteur manqué, qu’un auteur a des horaires pour écrire, que la dernière phrase d’un livre c’est « comme une petite mort », qu’écrire « c’est réinjecter de la vie dans la vie », que Simon Liberati écrit par ce « qu’il sait le faire » et « qu’au bout de sept romans, on peut dire qu’on est écrivain », non content d’apprendre toutes ces choses essentielles, donc, on y assiste surtout à une séance de poses d’une richesse rare. On se dit, après, que si c’est ça qu’on nous propose à – 14 %, à – 30 %, une bande-annonce Stock, c’est Youporn.

–  Enfin (un « enfin » tout rhétorique, car la liste est longue), l’auteur à l’agonie, se dépêtrant dans les ennuis financiers, ne pouvant compter comme avant sur de confortables royalties, se doit de « diversifier ses revenus ». Heureusement pour lui, si la vente est en berne, l’aura de « l’Auteur » et l’espoir « d’en être » demeurent. Ce qui permet à l’auteur aux abois de faire miroiter à l’aspirant-écrivain (qui, rappelons-le, ne pourra se dire « écrivain » qu’au septième pensum) la gloire d’être édité. Ce dont l’ultime réalisation se donne à voir dans cette merveille absolue. Car la pire erreur pour un écrivain, c’est « d’écrire à côté de soi ».

L’empathie pour qui meurt a ses limites. Dont l’une, essentielle à notre humble avis, est de le faire sans s’épancher. Le spectacle de l’agonie convulsive de cette littérature qui nous tient quand même un peu à cœur, nous donnerait presque envie de l’achever d’un rageur coup de talon…

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Papeterie. https://www.librairie-ptyx.be/papeterie/ https://www.librairie-ptyx.be/papeterie/#respond Thu, 17 Sep 2015 07:41:02 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=5393

Lire la suite]]> All my friends are deadGallimard nous avait gratifié – avec d’autres, soyons de bon compte – d’innovations remarquées lors de la rentrée littéraire 2014. Dans sa volonté de transparence, l’éditeur beige clair avait tenté de faire figurer sur les bandeaux de sa rentrée toute la force de ce qu’ils étaient censés entourer. Entre ode capillaire et théâtralité du geste, le bandeau « Gallimard » était parvenu à atteindre à l’essence du contenu qu’il désirait ainsi vanter. On peut s’en rappeler ici.

Cette année nous offrira  encore de la part du même éditeur, enfin papetier, ou non, éditeur, bon allez éditopapetier, une subtile et précieuse trouvaille :

Gallimard papeteriepapeterie

Dès octobre (trépignez, trépignez!), vous pourrez donc vous délester, et ce dans toutes les bonnes boucheries, de 8.90 € pour un carnet de poche estampillé Aragon, de 12.90 € pour un carnet barré en rouge d’un titre de Marcel Proust, de 30.00 € pour un grand cahier marqué André Breton (présenté dans un écrin) ou encore de 19.90 € pour un bloc de 170 feuilles (oui oui 11.71 cents la feuille), laconiquement barré du titre « bloc »… Vous vouliez du rêve? Gallimard vous exauce! Evidemment – car il convient de ménager les susceptibles -, les titres seuls seront mentionnés sur ces carnets! Pas d’amalgame! « Cette approche éditoriale de l’édition […], s’appuyant sur un savoir-faire centenaire en matière de fabrication et de choix des papiers » (sic) se veut un « clin d’œil au lecteur » (resic), « un hommage à l’écriture, à son histoire et à ses auteurs » (reresic) et non, bien entendu – mauvaises langues va – une « biesse entreprise commerciale s’appuyant sur le prestige d’une histoire culturelle pour faire du pognon sans s’fouler » (pas sic).

Les mauvaises langues, entre deux pourlèchements d’aphtes purulents, s’étendront peut-être ironiquement sur cette phrase inscrite en exergue du luxueux document de présentation offert au libraire :

La couverture de la Blanche est l’incarnation typographique d’une aventure intellectuelle collective qui est celle de la NRF.

Diantre! se diront ces mauvaises langues, que cela est vrai! Comme tout est là brillamment résumé! Comment, en effet, toucher au plus profond du projet du papetéditeur? Quelle plus belle définition de son devenir que cet intérêt exclusif pour sa couverture? Et quel projet eût peu mieux que celui-ci définir l’essence de sa mission future? Car c’est cela, se diront les mêmes infatigables langues, tournant sans fin leur acerbe salive dans leurs miséreuses bouches viciées, c’est cela qui est réalisé enfin ici. Ne suffit plus même que la couverture (agrémentée ou non d’un bandeau)! C’est cela l’aboutissement de la littérature Foenkinossienne! Ne plus même légitimer le crème de la couverture en encrant les pages qu’on y insère. A quoi bon encore s’y efforcer? A quoi bon même faire semblant? Nous vendons du rien! Assumons-le! Et revendiquons même l’utilisation de notre glorieux passé pour le vendre!

Certaines de ses langues venimeuses, pâteuses d’avoir déversé à gros bouillons leur fiel, suggéreront peut-être même au merchandiseur crémeux les idées suivantes :

– des vignettes Panini avec les auteurs maisons

– un cahier de condoléance « Tandis que j’agonise »

– l’album du film « Le petit prince », le film tiré du livre tiré du film tiré du livre de la série tirée du scénario du film tiré de la bande dessinée « Le petit prince, le retour IV », le livre de… Ah non c’est déjà fait, pardon!

– un pin’s « Supporter du Beitar Jérusalem » à l’effigie de Céline

– un plug anal « Moly Bloom »

Ah ces mauvaises langues!

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Ouin ouin… https://www.librairie-ptyx.be/ouin-ouin/ https://www.librairie-ptyx.be/ouin-ouin/#respond Sat, 25 Jul 2015 13:49:46 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=5416

Lire la suite]]> LA JOLIE VACHEEn cette période un tantinet financièrement morne qu’est traditionnellement le mois de juillet, nous fûmes contacté – en tant que co-fondateur de Vies Parallèles – par le journal Le Soir dans le cadre d’une « enquête sur l’état de l’édition belge qui ne va pas bien et s’en plaint ». Diantre! nous dîmes-nous. Pfff! mwouarf! continuâmes-nous mi-ennuyés mi-goguenards. Mais le temps était à l’embellie, l’étape du Tour promettait d’être passionnante (quod non), nous lisions Wallace, nous étions donc de bonne humeur et répondîmes de bonne grâce…

Et nous découvrons aujourd’hui le papier sorti hier (on est lent, et aussi pas lecteur du Swâr – ce qui n’arrange rien). Dont nous vous permettons de lire la teneur gratuitement ci-dessous :

 

L’édition belge cherche sa place

Le livre: spécial Belgique

FLAVIE GAUTHIER
 Les ouvrages manquent de visibilité face aux Français

Comment se porte l’édition belge ? Pas très bien, en tout cas pour ce qui concerne la littérature d’après les récents chiffres communiqués par l’Association des éditeurs belges (Adeb). « La part de marché des ouvrages édités par des maisons d’édition belges reste stable en 2014 (28 %), constatait leur rapport rendu public en juin dernier. Mais leur poids est très inégal en fonction des secteurs. Dans trois cas sur quatre, les ventes d’ouvrages “belges” portent en effet sur des ouvrages universitaires, des livres scolaires, des bandes dessinées ou des livres juridiques.A l’inverse, les ventes d’ouvrages édités par des maisons étrangères (essentiellement françaises) sont, elles, très largement majoritaires dans le domaine de la littérature générale, dans le secteur du livre de jeunesse et dans celui des beaux livres et des livres pratiques. »

Si globalement, c’est toute la littérature générale qui perd de l’importance, les livres édités en Belgique ont du mal à trouver leur place face aux ouvrages des éditeurs français. « C’est sans doute lié à la difficulté de placer en librairie nos livres lorsqu’on est un petit éditeur, constate David Giannoni des éditions Maelström. Très peu de libraires arrivent encore à faire l’effort. La rotation est devenue de plus en plus rapide et donc les best-sellers sont privilégiés en rayons. Notre grand problème, c’est notre manque de visibilité auprès du grand public. Si vous faites un sondage dans la rue, vous demandez aux gens de citer des éditeurs belges, ils vont dire Casterman (mais ce n’est plus belge), peut-être Luce Wilquin et Racine. Les éditeurs français ont l’habitude qu’on parle d’eux. On a un rôle à jouer dans notre promotion. »

Financièrement les maisons d’édition belges n’ont pas non plus les mêmes moyens que leurs voisins. Rares sont celles qui peuvent se payer du personnel. Maelström fonctionne grâce aux bénévoles et aux subsides. Les éditions Weyrich sortent leur épingle du jeu avec sept employés. « Nous avons un chiffre d’affaires global en hausse. En littérature, nous constatons une progression constante de 3 % pour l’année 2014-2015 », souligne le fondateur Olivier Weyrich.

Un succès local pour cette maison qui édite des romans avec un ancrage wallon, mais aussi des livres historiques, sur le jardinage, le patrimoine, etc. L’éditeur explique que leur stratégie de distribution y est sans doute pour quelque chose. « Nous sommes très pro-actifs sur ce point. On distribue sur les points de vente où on est sûr de trouver nos lecteurs. Nous n’avons pas d’intermédiaire, on s’occupe nous-même de la distribution sur le marché belge et dans les librairies à la frontière française. »

Autre reproche souvent fait aux éditeurs belges : leur présence très limitée dans les autres pays francophones. La petite nouvelle bruxelloise Vies parallèles a fait le pari de publier chaque année trois titres distribués en Belgique, France, Suisse et Canada. « On s’est assurés d’avoir une distribution dans ces pays avant de se lancer », explique Emmanuel Requelle, le fondateur et également libraire chez Ptyx à Ixelles. L’ASBL mises sur la qualité plutôt que la quantité : «Nous nous intéressons fondamentalement à des textes essentiels, peu importe qu’ils soient belges ou non. » Par exemple, ils ont été les premiers à publier en français l’essai américain de John D’Agata et Jim FingalQue faire de ce corps qui tombe. La sortie du livre a suscité l’intérêt des médias français et belges. La stratégie payante ?

 

Contrairement à ce qui pourrait devenir une sournoise habitude, nous ne reprendrons que mollement ce qui fut fait de nos propos. L’article « Le livre : spécial Belgique » – à l’opposé de ce qu’eût pu donné à penser son titre – est court et ne permettait évidemment pas de reprendre l’entièreté de nos propos. On dira juste que nous fûmes un chouia plus incisif. Pour faire court, nous précisons juste que les termes « Subside indus », « Luce Wilquin », « Maelström », « Daube », « Nul », figurèrent plusieurs fois dans la même phrase (qui n’était pas si longue). Mais bref, contentons-nous de revenir sur les propos des autres…

 

– « C’est sans doute lié à la difficulté de placer en librairie nos livres lorsqu’on est un petit éditeur, constate David Giannoni des éditions Maelström. Très peu de libraires arrivent encore à faire l’effort. La rotation est devenue de plus en plus rapide et donc les best-sellers sont privilégiés en rayons.

 

Hum! Comment dire? Si on comprend bien l’argumentation (souvent reprise par d’autres éditeurs d’ailleurs), on peut tracer le schéma causal suivant : t’es petit éditeur + le libraire est un feignant + le Best Seller est un livre rotateur et très vendu = c’est tout caca pour l’éditeur. Voilà! C’est simple non?

Mais en fait, ça l’est beaucoup moins qu’il n’y paraît. Car on connait plein de « petits éditeurs » (et de bien plus petits que Luce Wilquin – 21 gaspillages de papier en 2014 – ou Maelström – 31 titres parus en 2014) pour qui l’avenir n’est pas aussi sombre que cela. Zones Sensibles, Héros-Limite, Le Tripode, Vagabonde (pour ne prendre que quelques exemples) publient bien moins, sont beaucoup moins (euphémisme) subventionnés et se plaignent bien moins. A tel point que nous en imposerions presque notre schéma propre : éditeur belge + beaucoup de subsides = ouin-ouin. Le « romantisme du ptit qu’on spotche » a la vie dure. Et s’il ne suffit pas à justifier le geignement, il est toujours bon d’y ajouter celui du « c’est la faute des autres ». Car, comme de bien entendu, si le « petit éditeur » n’est pas en librairie, c’est parce que le libraire, ce gros beauf feignasse à l’esprit embrumé par son seul leitmotiv – j’ai nommé le pognon -, ce jean-foutre prétendument lecteur, ce glandeur, ce vulgaire manutentionnaire de pages, ce furoncle sur la face de la littérature, ce ténia de l’édition ne veut pas faire d’effort. On lui rétorquera – en tant que libraire – que chez nous, comme chez beaucoup de nos confrères, on ne trouve pas beaucoup – voire pas du tout – de best-sellers. Si le « petit éditeur » plaintif n’y retrouve pas plus de titres de chez Maelström, ni de chez Luce Wilquin, peut-être – mais oh que ce peut-être soulève de questionnement, de remise en question et d’effort! – y faut-il voir des explications autre part que chez ce truc bien pratique nommé « l’autre »? Peut-être le « petit éditeur » n’est-il pas étranger au désamour qui le frappe? Peut-être est-il mal diffusé? Peut-être sa production abondamment subventionnée n’a t-elle que peu d’intérêt? Peut-être – on espère sentir ici le doute s’insinuer subrepticement dans l’esprit du « petit éditeur » – le « petit éditeur » n’est-il pas aimé car ce qu’il commet n’a aucune raison valable de l’être? Peut-être ce glandeur de libraire ne « place »-t-il pas les livres du « petit éditeur » dans ces rayons car il est vendeur de livres et non de daube? Peut-être, peut-être, peut-être… Ah ces ennuyeux « peut-être »! Alors qu’il est si simple de se lover dans ses rassurantes certitudes!

 

Si vous faites un sondage dans la rue, vous demandez aux gens de citer des éditeurs belges, ils vont dire Casterman (mais ce n’est plus belge), peut-être Luce Wilquin et Racine.

 

 

Nonobstant le « peut-être », nous trouvons cela plutôt rassurant…

 

« Nous sommes très pro-actifs sur ce point. On distribue sur les points de vente où on est sûr de trouver nos lecteurs. Nous n’avons pas d’intermédiaire, on s’occupe nous-même de la distribution sur le marché belge et dans les librairies à la frontière française. »

 

Rehum! Re-Comment dire? La contradiction inhérente à l’argumentation semble suffire à la démonstration de son inanité. Mais soyons didactique!

Utilisons ici non plus un schéma, mais une égalité simple : le « petit éditeur » pro-actif = le « petit éditeur » qui distribue là où il est sûr d’écouler sa marchandise dans des limites ne dépassant pas Wervicq-Sud… Un dynamisme pareil, avouons-le, ça fait rêver! Avec une telle audace replète, la Hollande serait un marigot infesté de moustiques de la taille du Vatican – la Hollande, pas les moustiques -, Bill Gates serait aujourd’hui champion régional de tic-tac-toe, et – oui, parfois, être mollasson ça a du bon – Adolf Hitler peindrait encore paisiblement des croûtes à Montmartre…

Allez, on arrête là. On a Alpe d’Huez!

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Du boudin ou des knacki herta… https://www.librairie-ptyx.be/du-boudin-ou-des-knacki-herta/ https://www.librairie-ptyx.be/du-boudin-ou-des-knacki-herta/#respond Fri, 27 Feb 2015 16:00:41 +0000 http://www.librairie-ptyx.be/?p=5023

Lire la suite]]> renard

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le mot « livre » ne désigne pas uniquement ce bloc de pages qu’on tourne.  Ce qu’on y entend est aussi le résultat, qu’on en ait conscience ou non, de tout ce qui s’est agrégé en lui.  Ainsi entend-t’on, le mot « livre » une fois prononcé, science, savoir, pensée, conscience de soi et du monde, connaissance, découverte de l’autre… Et c’est bien sur cela, cette charge sémantique, que mise un brol tel que la foire du livre pour appâter le chaland.  Là où le forain livresque dit (car même sur l’appât, il tient un discours, – diantre il faut justifier les subsides) vouloir attirer à la culture par le médiatique (style « attirons vers Guyotat avec les Bogdanov Brothers, ou vers Philippe Beck avec Amélie-la-gentille-représentante-des-chapeaux-Pompilo »), il ne lui propose en fait que du média.  Alors que le média devait appâter pour faire découvrir du culturel, c’est in fine le culturel qui devient le cache-sexe du médiatique.  Le livre (chargé des alluvions qu’y a déposé l’histoire) donnant sa légitimité au mercantile.

On en dit encore un peu plus de mal ici* :

 

*le ici c’est « Temps de Pause » sur Musique 3, avec les excellents Anne Mattheeus et Fabrice Kada.

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