Avec émotion, l’auteur de La méthode évoque les philosophes qui ont éclairé et nourrit sa vie et sa pensée : Héraclite, Montaigne, Pascal, Spinoza, Rousseau, Hegel, Marx, Heidegger… Mais aussi Freud, Jésus, le Bouddha, Dostoïevski, Proust, Beethoven…
Bien loin du catalogue ennuyeux répertoriant les raisons historiquement établies pour lesquelles il « faut » lire tel ou tel, Edgar Morin revendique ici la subjectivité. Il s’agit moins de Kant ou de Spinoza que du Kant ou du Spinoza de Edgar Morin. Même si chaque séquence du livre peut être lue comme point d’entrée vers la pensée de chacun des « philosophes », le but est en effet bien autre. C’est à une pensée en formation qu’on s’intéresse ici. Une pensée curieuse, avide, mais active aussi, qui trie, soustrait, opère des choix, crée des liens.
Edgar Morin nous rappele, par son exemple, que la philosophie est forcément dynamique. Loin du dogmatisme scolaire qui pose le philosophe sur son socle et l’affuble d’une exégèse synthétique et normée, il nous ramène aux textes, c’est à dire au rôle du lecteur qui est d’appropriation.
Et, en toute simplicité, il se montre encore un remarquable pédagogue de la complexité.
Edgar Morin, Mes philosophes, 2011, Germina.