« Les commencements » de Henri Michaux.

dessin d'enfantAu commencement est la REPETITION.

L’enfant qui trace un cercle est au début du livre de Michaux mais surtout d’autre chose, qui épouse bien plus que la seule naissance du dessin chez l’enfant.  Il y a d’abord cette ligne qu’il trace puis qui vient s’enclore sur elle-même pour délimiter, figurer la tête d’un homme.  Cercle qui fait visage, juste troué de deux autres pour un regard.  Cercle, simple fil qui sépare le vide de l’être. Cercle qui vient ensuite se parer de traits qui le prolongent en mains, en jambes, l’homme étant d’abord envisagé sans sa mobilité.  Puis c’est une maison que l’enfant, en ses dessins, évoque, la pense pour y aller, pour y retourner quand il faudra, répète son plaisir d’y revenir. 

Là où la psychologie, la psychanalyse, peinent à expliquer les traits de l’enfant car les circonscrivant en des modèles qu’il s’agit sans cesse d’inventer pour y coller mieux, la poésie de Michaux montre toute son essentielle force, son irremplaçable originalité, car nous ramenant au commencement de la poésie.  Celle dont le mot n’explique pas mais dit.  Dont le dire est le seul objet.  Car avant d’expliquer, il faut exister.  Et exister ne s’opère que par le dire.

Emprise

seuls les cercles font le tour

le tour d’on ne sait quoi

de tout

du connu, de l’inconnu qui passe

qui vient, qui est venu,

et va revenir

Circulantes lignes de la démangeaison d’inclure

(de comprendre? de tenir? de retenir?)

Fouillis finalement

fibrilles fouillis fourmillant

Et c’est cela qui, chaque fois, chez Michaux fonctionne, agit, ce dire, ce verbe-démiurge.

Henri Michaux, Les commencements, 1983, Fata Morgana.

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