Poésie belge / Épisode 4

Nous l’avouons, nous avons parfois, ici ou sur les réseaux sociaux, été durs avec la poésie belge contemporaine et la promotion qui en est faite publiquement. Sans doute aveuglés par un désir d’exigence qui a viré au dogmatisme, nous n’avons pas pris la mesure de son extraordinaire diversité et nous sommes laissés aller trop souvent au sarcasme. Alertés par quelques lecteurs attentifs (que nous remercions ici), nous sommes allés y voir de plus près et avons découvert, à travers le lien qu’elle entretient avec l’image, une poésie « bien de chez nous » dont la vitalité débordante renouvelle autant notre rapport au langage que la mise en scène de celui-ci. Osons le dire, ce sont de nouveaux pans de l’Être qui nous sont apparus! Nous vous proposerons de temps en temps, en cliquant sur une image, de découvrir des aspects inattendus de l’avant-garde belge. Fort de l’audience (que nous remercions ici) de ce blog outre-Quiévrain, nous espérons ainsi œuvrer au rayonnement de cette poésie nationale qui nous tient tant à cœur…

Épisode 4 : Certains « puristes » diront qu’il ne s’agit pas ici de poésie, mais d’ésotérisme, de sorcellerie ou de science. Nous leur rappelons que nous sommes au vingt-et-unième siècle et que ces catégories ne sont absolument plus opérantes. On peut ainsi tout à fait dire pis que pendre de la science – bien fait pour elle! – , épouser les thèses autrefois les plus sulfureuses de la sorcellerie et se lover douillettement dans la reconnaissance issue d’un autre temps que confère un poste académique. La raison, ce vieux truc tout poussiéreux, a fait son temps. D’aucuns diront, narquois, que cette fuite en dehors des clous pointus du raisonné ou du raisonnable ouvre une voie royale au « n’importe-quoi ». Hé bien nous pensons – damned, « penser » : encore un mot issu de ce vieil état des choses – , nous croyons – voilà qui est mieux – que ce qu’ils nomment « n’importe quoi » est, précisément, le lieu même de la poésie. Et que ce lieu n’est jamais aussi bien habité que par celleuxeuses qui ont adroitement/sincèrement/opportunément pu se départir de toutes ces illusoires frontières catégoriales. D’autres encore argueront du statut de best-seller de l’œuvre despretienne pour lui confisquer son statut d’avant-garde poétique. Mais que dire alors de l’œuvre d’Alexandre Jardin, de celles de Cécile Coulon ou de Victor Hugo? Qui oserait leur contester, sous le fallacieux prétexte de leur considérable succès, le statut de rénovateur de l’expression poétique française? Le succès est aujourd’hui le gage même de l’avant-garde! Fi de l’élite! Le majoritaire est la sanction et le fanal du renouveau! Et puis, ne peut-il s’agir de poésie – et de la plus haute! – quand il est question d’ « écriture vibratoire », « dimensionnelle », « architecturale » ou « fécale », de « wombats qui font caca carré pour faire des cairns » – remarquez l’allitération – , « d’apprendre à lire l’écriture des poulpes », « de fragilité morale des plantes », « de savoir ce qu’est la poésie quand les fourmis et les coquelicots font de la poésie (56 min 20 sec ) »! Et cela ne se déroule-il pas dans ce temple de la poésie qu’est la Maison de la poésie, la bien-nommée! Et enfin – car le poète est componction – , les deux intervenants ne parviennent-ils pas à garder tout du long un sérieux imperturbable!

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