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La moitié du fourbi.

moitié du fourbiLe monde de la revue est un monde un peu bizarre.  Alors que peu de lecteurs disent en lire, que les libraires se plaignent de ne pas en vendre, que les chiffres démontrent clairement que c’est une des plus sures façons de se suicider financièrement, hé bien, il s’en crée sans cesse de nouvelles!  Naïveté?  Désespoir? Inconscience? Un peu de tout cela sans doute.  Alors vous pensez, quand on nous en annonce une nouvelle, on grince un tantinet des dents, on soupire un peu, on lève les yeux au ciel.  Avant de s’obliger soi-même à un peu de candeur.  Et de dire oui, benoitement.  Et de passer commande.  Souvent, il faut bien l’avouer, on est déçu.  Et puis, rarement, mais légitimant notre candeur, on en ouvre une qui ne semble pas trouver sa seule cause dans l’envie onaniste des contributeurs de voir leurs noms imprimés.

Un fourbi est un ensemble d’objets hétéroclites, cela connoté négativement.  Un peu un foutoir, en somme.  Un brol, un bric-à-brac, un ensemble de rebus.  Mais un fourbi c’est aussi l’ensemble de l’équipement d’un militaire.  La moitié d’un fourbi serait donc la moitié d’un ensemble de trucs mis au rebus, une baïonnette sans le fusil, une sorte de moitié-de-pas-grand-chose, un un-peu-plus-qu’un-moins-que-rien…  En bref un truc bizarre divisé en deux utilisable militairement…

S’articulant dans ce premier numéro autour de ce que suppose, sous toutes ses coutures, le fait d’écrire petit, cette moitié tente (et y réussit, une fois n’est pas coutume) d’explorer d’un thème les chemins de traverses, les friches, voire les impasses. Bref ces voies que l’on délaisse d’habitude, un peu par confiance en les avenues déjà tracées, un peu par paresse.  On s’intéresse donc à l’écriture de Walser, à celle de Michaux, mais aussi à l’amas des mails collectés et passé au tamis par la CIA lors des quelques heures qui ont précédés et suivis les attentats de New York en 2001, on s’interroge sur la petitesse de l’écriture de Werner Herzog relatant ses aventures dans la jungle, on explore ce qu’une autre écriture, celle de l’informatique, peut apporter comme concision dans « Albertine disparue », on s’intéresse aux carnets, recouverts d’une écriture minuscule, laissés par Monsieur M, un illustre inconnu, on interroge brièvement les abréviations de pierres tombales…

La moitié du fourbi n’assène aucune certitude.  Elle ouvre des chemins, crée des appels d’air.  Elle arme.  Elle astique.  Et c’est bien.

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