Vieux brol 24 : « Splendeurs et misères des courtisanes » de Honoré de Balzac.

 

Ne subsiste bien souvent de certains livres, dans nos esprits assommés par la « nouveauté  » , qu’une vague idée, que le souvenir lointain (et bien souvent déformé) de commentaires.  N’en surnage que l’impression d’un déjà connu, d’un déjà lu, qui les fait irrémédiablement verser dans les limbes de ce qui n’est définitivement plus à lire.  D’où l’idée de cette série de chroniques de retours aux textes lus.  Sans commentaires.

Les femmes qui ont mené la vie alors si violemment répudiée par Esther arrivent à une indifférence absolue sur les formes extérieures de l’homme. Elles ressemblent au critique littéraire d’aujourd’hui, qui, sous quelques rapports, peut leur être comparé, et qui arrive à une profonde insouciance des formules d’art  : il a tant lu d’ouvrages, il en voit tant passer, il s’est tant accoutumé aux pages écrites, il a subi tant de dénouements, il a vu tant de drames, il tant fait d’articles sans dire ce qu’il pensait, en trahissant si souvent la cause de l’art en faveur de ses amitiés et de ses inimitiés, qu’il arrive au dégoût de toute et continue néanmoins à juger.

À eux deux, Lucien et Herrera formaient un politique.

La Justice est un être de raison représenté par une collection d’individus sans cesse renouvelés, dont les bonnes intentions et les souvenirs sont, comme eux, excessivement ambulatoires. Les parquets, les tribunaux ne peuvent rien prévenir en fait de crimes, ils sont inventés pour les accepter tout faits. 

Plus sa vie est infâme, plus l’homme y tient; elle est alors une protestation, une vengeance de tous les instants.

Pourquoi n’aime-t-on pas ceux qui nous aiment, car enfin ils font tout pour nous plaire.

Le monde, qui plie devant l’argent ou la gloire, ne veut pas plier devant le bonheur, ni devant la vertu.

La poésie a été sublime, la prose n’a d’autre ressource que le réel, mais le réel est assez terrible comme il est pour pouvoir lutter avec le lyrisme.

On voit qu’à tous les étages de la société, les usages se ressemblent, et ne différent que par les manières, les façons, les nuances. Le grand monde a son argot. Mais cet argot s’appelle le style.

Honoré de Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes, 1847, La Pléiade.

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